Bilan des prélèvements grand gibier 2020/21

Comme chaque année, le réseau ongulés sauvages de l’OFB communique la synthèse des tableaux de chasse des grands gibiers collectés auprès des fédérations départementales. Que faut-il retenir de ce rapport ? Quelle analyse en faisons-nous ?
Si, globalement, les populations de grands animaux se portent bien et progressent en France, il existe cependant d’importantes différences selon les espèces et les régions.
LE SANGLIER : TOUJOURS AUSSI ABONDANT, TROP ?
Dans un contexte de tensions relatif à l’indemnisation des dégâts de grand gibier, majoritairement imputables au sanglier, le maintien des prélèvements au-delà des 800.000 animaux n’est pas nécessairement une bonne nouvelle.

La très légère baisse de prélèvement de sangliers annoncée dans ce rapport (0.8%) est peut-être due à une année cynégétique perturbée par la pandémie de COVID-19. En dépit du maintien des chasses au grand gibier pour des raisons d’intérêt général, on ne peut que supposer que la pression de chasse fut un peu inférieure à la normale, et que des sangliers tirés notamment à la rencontre aient été épargnés. Il n’est pas certain que cette stabilité des prélèvements soit le signe d’une stabilité de la population, et donc de sa maitrise.
HISTORIQUE DES PRÉLÈVEMENTS DE SANGLIERS

LE CHEVREUIL : STABLE EN APPARENCE

La fécondité des chevrettes est à examiner de près.
Si l’espèce se porte bien globalement, et peut être considérée comme stable aux vues des 600.000 prélèvements la saison dernière (en baisse de 0.9%), il existe cependant d’importantes disparités entre départements. Ainsi, si la Vienne connait une augmentation de 25% de son tableau de chasse, les Landes voient leurs prélèvements s’effondrer de 38%. Espèce très dépendante de la capacité d’accueil de son milieu, elle peut parfois être frappée de fortes baisses, lorsque cette capacité d’accueil est dépassée, en clair quand il y a trop d’animaux pour la ressource disponible. Le réflexe qui consiste à lever le pied sur les prélèvements peut parfois être contreproductif, la population s’effondrant par la baisse de la reproduction. Des analyses plus localisées seraient éclairantes.
HISTORIQUE DES PRÉLÈVEMENTS DE CHEVREUILS

LE CERF : EN HAUSSE, MAIS SOUS PRESSION

Les prélèvements de cerfs sont en progression continue depuis plusieurs années, atteignant 70.000 animaux. Les attributions au plan de chasse aussi. Il existe clairement une volonté des forestiers de mettre la pression sur une espèce pouvant commettre d’importants dégâts sylvicoles, d’où les polémiques récurrentes accusant ces derniers de vouloir éradiquer l’espèce. Si certains secteurs ont, en effet, vu les densités chuter fortement, en dépit de ces polémiques, l’espèce poursuit son inexorable progression au niveau national, mais jusqu’où ?
HISTORIQUE DES PRÉLÈVEMENTS DE CERFS

LES GRANDS GIBIERS DE MONTAGNE : CHAMOIS, ISARD ET MOUFLON EN BAISSE

La présence du loup en est une des raisons, et pas la moindre.
Si, en plaine, la grande faune se porte bien, en montagne les choses paraissent plus compliquées. L’isard, dans les Pyrénées, connaît une baisse (-3,3%), de même que le chamois, dans les Alpes, le Massif Central, les Vosges et le Jura, qui connait une chute de près de 20% de ses prélèvements. Quant au mouflon, son tableau baisse cette année de plus de 7%, et de façon constante sur la dernière décennie. Si le réseau ongulés sauvage attribue la baisse concernant le chamois aux conséquences de la tempête Alex, qui auraient restreints les possibilités d’accès, et donc de chasse, à des secteurs riches en chamois, c’est sans doute faire preuve de « pudeurs de gazelles » que de n’évoquer que cette hypothèse. Pour le moins, le loup aurait pu être cité parmi les causes de cette diminution.
DAIM ET CERF SIKA : LES CERVIDÉS VENUS D’AILLEURS
Échappés de parcs, il y a plus ou moins longtemps, les noyaux de populations de ces deux espèces originaires respectivement de Méditerranée orientale et d’Extrême-Orient, sont très fluctuants d’une année sur l’autre, apparaissant dans certains départements pour disparaitre dans d’autres. On relèvera cependant que les prélèvements de daims ont été multipliés par 2,7 ces 20 dernières années. Il s’est tiré 1401 daims en France l’an dernier, et 119 cerfs sika, hors parcs cet enclos.

Avec précisément 1 469 211 grands animaux au tableau de chasse, la chasse du grand gibier se porte bien en France, du moins aujourd’hui. En dépit des problèmes que pose l’abondance des sangliers, ou encore la progression inexorable du loup, sachons profiter de ce qui ressemble à un âge d’or.