Cerfs, le temps des velours

Cerfs, le temps des velours

En ce début avril, avec la fermeture de la vénerie, la saison de chasse est définitivement close. Au cours des dernières semaines de chasse certains traqueurs ont eu la chance de faire de belles rencontres en forêt, et de rapporter par la même occasion des bois de cerfs. Pour ces derniers, débute le temps des velours.

C’est en février que les cerfs les plus vieux perdent leurs bois (voir dès la mi-janvier) sous l’effet de cellules ostéoclastiques (cellules osseuses responsables de la résorption des tissus osseux), qui vont ronger l’os et générer un sillon juste sous la meule, provoquant la chute du bois, et l’érosion du pivot. Le cerf est alors dit « mulet » ou « décoiffé ».

Cerfs, le temps des velours : photo 2

CICATRISATION ET REPOUSSE

Les pivots sanguinolents vont très vite cicatriser. La repousse peut débuter. Une fine peau légèrement velue apparaît. Ces velours recouvrent alors les premiers bourrelets, puis la coiffe du cerf, tout au long de sa croissance, période de repousse qui va durer de 90 à 140 jours suivant l’âge des animaux (140 jours pour les plus vieux sujets).

Cerfs, le temps des velours : photo 3

La calcification (ossification) s’effectue dès le début de la repousse, solidifiant ainsi le bois au fur et à mesure de son avancement. L’extrémité du velours est molle et reste fragile. C’est au stade des velours que naissent le plus souvent les anomalies des trophées, car le velours reste sensible au moindre choc, tant qu’il n’est pas solidifié.

Cerfs, le temps des velours : photo 4

BESOIN DE TRANQUILITÉ

C’est probablement lors de cette période des refaits que les cerfs sont les plus discrets. Ils regagnent des zones de grande quiétude où la nourriture doit être abondante et permettre la repousse des bois. Comme pour les places de brame, les cerfs ont leurs habitudes, chaque année ils retournent sur les mêmes secteurs pour y refaire leurs bois.

Cerfs, le temps des velours : photo 5

Pour les grands cerfs, les velours peuvent progresser de 10 mm par jour. Pour ce faire, le cerf doit donc trouver suffisamment de minéraux pour nourrir ses nouveaux bois en construction, et ceci en dépensant le moins d’énergie possible. Les déplacements sont donc réduits au stricte minimum. En cas de disette, le cerf peut puiser ces minéraux dans son squelette, s’affaiblissant temporairement au profit de son panache.

Cerfs, le temps des velours : photo 6

JEUNES CERFS EN FLEURS

En début de printemps, il est donc très fréquent de retrouver les cerfs en velours dans des zones des grandes cultures parsemées de petits bosquets où ils trouvent refuge, voire même dans les grandes parcelles de colza où ils peuvent se cacher le jour à l’abri des regards avec une importante ressource alimentaire à disposition, gite et couvert sans avoir à se déplacer. À cette époque, les cerfs peuvent être isolés ou en petits groupes de quatre ou cinq individus.

Cerfs, le temps des velours : photo 7

Une fois la ramure terminée, le velours va commencer à se détacher des bois et tomber en lambeaux, laissant apparaître une nouvelle ramure toute blanche, aux andouillers très pointus et aux perlures très marquées. La coloration se fera assez rapidement par oxydation sous l’effet de l’air, mais aussi par les tanins des différentes essences des arbres auxquels le cerf frotte ses bois. Les andouillers et les perlures s’useront sous l’effet du sable et de la terre.

Cerfs, le temps des velours : photo 8

À TEMPS POUR LA SAISON DES AMOURS

La nature ayant pensé à tout, nos cerfs retrouvent leurs bois en fin d’été, juste à temps pour pouvoir parader devant les biches, et participer aux joutes du brame qui arrive à grands pas.

Cerfs, le temps des velours : photo 9