Le mouflon à l’arc dans le Caroux-Espinouse
C’est dans l’Hérault sur le massif du Caroux-Espinouse que nous avons passé la semaine avec un groupe de cinq archers venus de Belgique. Ce haut-lieu de la chasse aux mouflons géré par l’Office nationale des forêts offre un territoire de chasse d’environ 3000 ha qui culmine à 1150 m d’altitude.
L’accueil sur place est effectué par l’agent de l’ONF qui donne les consignes et présente in situ le territoire de chasse. Les chasseurs sont autorisés à tirer les mouflons mâles, femelles cornues ou non, les jeunes animaux de l’année ainsi que les chevreuils.
MOUFLONS ET CHEVREUILS AU PLAN DE CHASSE
Avant toute action de chasse, une vérification du matériel s’impose, quelques flèches sont décochées sur une cible par les compounds de 70 livres (arc à poulies) afin qu’au cours de la chasse les risques de blessures soient minimisés. Nos archers sont de fins tireurs, toutes les flèches atteignent le cœur de la cible, Robin des bois n’aurait pas fait mieux. Tout est prêt, la quête peut débuter.
TOUTES LES FLÈCHES DANS LE CŒUR DE LA CIBLE
Nous suivons Jean, archer chevronné, qui connaît déjà les lieux, pour y avoir chassé l’année passée. Son expérience l’a conduit à installer, dès le premier jour, des pièges photo sur plusieurs coulées.
UN ENDROIT IDÉAL POUR UNE EMBUSCADE
Le séjour étant assez court, il est nécessaire de mettre toutes les chances de son côté, et la technologie va lui faire gagner beaucoup de temps, car dès le premier visionnage des images, il a la confirmation que les animaux empruntent en nombre un passage entre deux zones de rochers, l’endroit idéal pour s’installer en embuscade.
UN JEUNE MOUFLON SE CRISPE AVANT DE S’EFFONDRER
Le lendemain, alors qu’il est posté sous la pluie, un petit groupe de mouflons s’approche sans déceler sa présence. Jean en choisit un, il arme son arc et décoche. Un jeune mouflon de 3 ans se crispe et se met à courir sur quelques mètres, avant de s’effondrer. La flèche est parfaite.
UN ARC CASSÉ
Jean savoure ce moment, où il retrouve et laisse parler son instinct de prédateur, via cette arme primitive, véritable prolongement de lui-même. Et même si l’arc compound d’aujourd’hui n’est plus l’arc traditionnel de nos ancêtres, il retrouve cette proximité avec la proie qui donne à la chasse à l’arc cette dimension si particulière.
LA DERNIÈRE CHANCE DE NICOLAS
Au terme de la quatrième journée, le bilan est déjà très flatteur pour nos chasseurs wallons, puisque quatre d’entre eux ont fléché au moins un animal. Nicolas, jusqu’à présent sans réussite, a de plus cassé son arc à l’occasion d’une décoche un peu trop proche d’un rocher. Il se retrouve ainsi bien dépourvu pour terminer le séjour, et comble de malchance, le gaillard mesure plus de deux mètres. Pas simple avec de telles mensurations de trouver un arc adapté.
AVEC LES RANDONNEURS, DU MOUFLON AU MENU
Mais, notre groupe d’amis est solidaire, et Laurent, qui a déjà prélevé deux animaux, propose de prêter son arc à Nicolas qui peut ainsi continuer à chasser, et espérer enfin flécher le mouflon de ses rêves.
Pour la dernière sortie de la semaine, Nicolas décide de reprendre son poste derrière son rocher, là où il a vu chaque jour défiler tant d’animaux, sans jamais pouvoir assurer une décoche précise et fatale. Alors que l’heure fatidique du départ approche à grands pas, un mâle apparaît entre les hêtres. Bien placé, Nicolas arme son arc et lâche sa flèche. Le chasseur est confiant, le projectile a, cette fois, atteint son but.
De nombreuses traces de sang au sol nous indiquent la direction de fuite de l’animal. Le mouflon n’est pas très loin. Nicolas est satisfait, l’animal n’a pas souffert, mort après une course de quelques dizaines de mètres seulement. Maintenant il faut le remonter, ce qui n’est pas une mince affaire vu la pente qui nous fait face. Une fois en haut il retrouve l’équipe, avec qui il peut partager sa chasse, face à un panorama exceptionnel.
Au cours de la semaine tous les archers ont eu de nombreuses occasions de tir et le bilan est très satisfaisant puisque 6 mouflons seront au tableau. Ce territoire du Caroux-Espinouse est un site exceptionnel pour chasser les mouflons, mais ils se méritent, car très discrets et difficiles à approcher. Il faut donc être bien préparé pour se lancer dans cette quête.
La dernière soirée sera placée sous le signe de la convivialité et du partage avec les autres résidents du gîte communal. C’est un jeune mouflon qui nous régalera façon barbecue. Photographes et randonneurs pourront ainsi apprécier cette viande de gibier et découvrir autour de la table cette chasse éthique, responsable et respectueuse. C’est en effet une pratique qui laisse toutes ses chances au gibier, et qui ne repose pas sur le nombre de gibiers tirés, mais sur la qualité de la chasse. Aussi la taille du trophée importe peu, le challenge résidant dans la capacité à se retrouver très proche de sa proie. Partager ces instants avec des non-chasseurs est aussi le moyen d’expliquer et de faire connaître la passion de la chasse.