Bien choisir son fusil, une nécessité
Il devient de plus en plus difficile de faire son choix face à un râtelier de fusils d’un armurier. L’offre des fabricants est devenue si large, que choisir est un cruel dilemme. Comment procéder, en tenant compte de nos modes de chasse privilégiés ?
Simple envie ou premier permis de chasser en poche, c’est le moment de vous poser la question du fusil à acquérir ? Mais, comment choisir ? Un juxtaposé, un superposé ou un semi-automatique ?
Voici quelques réflexions acquises sur le terrain qu’un acheteur doit avoir à l’esprit avant de se lancer :
VOUS CHASSEREZ SURTOUT À LA BILLEBAUDE
Si vous comptez chasser des heures devant vous, avec ou sans chien, sachez que vous devez impérativement vous équiper d’un fusil léger, de 3 kg au maximum. Au-delà, vous peinerez à le porter, et les journées de chasse vous sembleront longues.
Si vous choisissez un calibre 12, sa bascule devra idéalement être dans un alliage léger (Ergal), mais un calibre 16, 20 ou même 28 à bascule acier est souvent suffisant pour tirer devant soi en restant dans un poids inférieur à 3 kg. A la billebaude, le choix d’un superposé ou juxtaposé n’est qu’une question de goût.
Les beaux fusils juxtaposés reflètent l’image classique de la chasse française. Les armes neuves se raréfient, mais on trouve sur le marché de l’occasion un grand nombre d’excellents fusils élégants qui méritent que l’on s’y intéresse, car il y a eu en France une forte production en grandes séries de fusils semi artisanaux de belle qualité à des prix raisonnables.
Ces solides Anson possèdent de bonnes qualités balistiques, avec des bascules composées d’un petit nombre de pièces simples et massives. Solides, elles sont d’un entretien facile, et résistent efficacement aux pressions répétées. Le juxtaposé possède par conception des canons qui se basculent très facilement. L’éjection des douilles en est facilitée, tout comme le positionnement de l’arme sur l’avant-bras de l’utilisateur. Celui qui pratique la chasse à billebaude apprécie de pouvoir porter longtemps son juxtaposé ainsi ouvert. Il n’a pas l’avant-bras meurtri, comme c’est le cas avec les bascules saillantes des fusils superposés. Il évolue en sécurité entre les ronces, enjambe fossés et clôtures en toute facilité. À la fin de la journée, ces détails comptent.
Un canon classique de 71 cm de longueur est polyvalent. Préférez des canons assez chokés, ou des chokes interchangeables, car les gibiers se défilent vite devant soi, et vous pouvez être amené à les tirer loin.
VOUS ENVISAGEZ DE CHASSER SOUVENT EN BATTUE
Si vous avez l’intention de chasser souvent en battue, mieux vaut un calibre 12 de 3,5 kg avec de longs canons de 76 cm. De préférence superposé, car le juxtaposé est plus difficile à maîtriser en tir de battue. Laissez le à ceux qui y sont habitués. Choisissez plutôt un superposé à bande fine et fuyante. Le choix en armes neuves est important avec de très bons rapports qualité/prix.
On trouve même des armes abordables qui font l’affaire (voir dossier « Cinq superposés calibre 12 incontournables ») et permettent de tirer de l’acier sans aucune contrainte lors des battues aux canards. Pour peu que vous ayez l’arme en main après quelques séances d’entraînement au Parcours de Chasse, vous ferez fureur sur les oiseaux de battue. La longue ligne de visée vous aidera à corriger et aligner canards et faisans. Le poids du fusil amortira les tirs répétés avec des cartouches puissantes. En outre, l’arme se casse, ce qui est important pour la sécurité du groupe qui se déplace en permanence toute une journée.
VOUS CHASSEREZ PROBABLEMENT AU BOIS
Si vous souhaitez chasser au bois dans des milieux très fermés (bois, buissons, ronciers, etc.), la bécasse ou le faisan, vous allez tirer régulièrement à moins de vingt mètres. Il est alors judicieux de s’équiper d’une arme spécifique. Le fusil doit être léger, entre 2 et 3 kg, car ces chasses nécessitent de marcher longtemps. Il doit résister aux agressions (taillis, boue, humidité, fils barbelés), donc ne doit pas être ni trop beau, ni trop cher ! Évitez le semi-automatique, car il ne se casse pas et, de fait, reste à notre avis trop difficile et trop fatigant à manipuler.
Le canon doit être court, de 60 à 71 cm, tout au plus, pour ne pas se prendre dans les ronces et baliveaux en progressant au milieu de la végétation. Il doit être également vif pour suivre et rattraper l’oiseau qui, souvent crochète entre les arbres. Les chokes doivent être ouverts. Un cylindrique + ¼ choke ou bien ¼ + ½ choke est parfait. Éventuellement, le choix d’un canon ou d’un choke rayé est le meilleur procédé pour disperser largement la gerbe. Le tir de l’oiseau est grandement facilité et sa venaison respectée, mais a contrario les canons rayés ont tendance à blesser sitôt que l’on tire à plus de vingt mètres. Il est alors préférable de choisir le canon lisse, mais la manipulation rapide du sélecteur est à réserver à ceux qui ont une bonne maîtrise de leur arme, et par conséquent de leur tir.
LE CAS PARTICULIER DU SEMI-AUTOMATIQUE
Les fusils semi-automatiques ne bénéficient pas toujours d’une excellente image. Pour des raisons évidentes de sécurité, surtout lors des chasses en groupe, il est préférable d’utiliser une arme basculante. La culasse d’un tel fusil a beau être largement ouverte, il est toujours imaginable qu’elle puisse se refermer entraînant avec elle une cartouche oubliée dans le magasin. Et rares sont les anciens chasseurs qui n’ont jamais vu un débutant se promener avec son semi-auto sur l’épaule, le canon passant parfois sous le nez d’un ou plusieurs compagnons de chasse ! Ce ne sont donc pas des armes destinées aux débutants.
Et pourtant, le fusil semi-automatique est pétri de qualités. Si vous chassez seul, il est très agréable porté à l’épaule avec une bretelle en chasse devant soi. Il est avantageux avec ses trois coups, sa fiabilité, son poids raisonnable et son prix d’achat très accessible. Son système de réarmement à emprunt des gaz, ou par recul du canon, permet de limiter énormément le recul. Les personnes âgées, les jeunes et les dames apprécieront ce confort, surtout lors de nombreux tirs à poste fixe, au marais ou en battue, comme sur les stands de ball-trap (là où il est autorisé).
Il existe également des cas qui justifient son utilisation :
- Citons les chasseurs de palombes, guettant les oiseaux de longues journées et qui, au moment du passage fatidique, ont besoin de tirer plusieurs cartouches rapidement, pour tenter de décrocher un doublé d’oiseaux bleus !
- Au marais, un semi-automatique avale tout type de cartouche (substituts au plomb), même les très fortes charges souvent nécessaires pour tirer loin. Peu cher, il peut également être transporté et chahuté dans des barques ou sur les plages avec plus ou moins de précautions.
- Les chasseurs qui veulent utiliser plusieurs types de canons aiment les utiliser. Tirer des lapins au furet suppose l’utilisation d’un canon court de 67 cm cylindrique, ou même rayé, pour écarter la gerbe. Chasser ensuite le lièvre au chien d’arrêt en plaine et par grand vent, demande d’utiliser un canon de 76 cm équipé d’un full choke. Passer de l’un à l’autre est un jeu d’enfant. C’est, de plus, très économique, puisque le canon d’un automatique est très bon marché.
- Enfin, certains chasseurs sont de fervents défenseurs du long canon unique, associé à une longue culasse, qui permet d’allonger considérablement la ligne de visée totale. À juste titre, ils gagnent beaucoup en précision. De plus, le canon unique facilite le contrôle du tir dans le ciel, et confère des qualités balistiques incontestables au groupement de la gerbe de plombs.
Neuf ou d’occasion, et quels que soient vos modes de chasse privilégiés, il existe un fusil fait pour vous !
