Bien tirer avec deux fusils différents
La grande majorité des chasseurs possède plusieurs armes, par passion, par nécessité, voire par voie successorale… L’opportunité de faire « vivre » alternativement toutes ces armes fait aussi partie des plaisirs de la chasse. Se pose alors le problème du passage de l’une à l’autre tout en conservant la même efficience au tir, pas si évident en fait. Faisons le point.
PROBLÈME DE COUPLES
Nous ne considérons pas le couple mixte fusil/carabine comme un problème, tant les deux armes sont différentes et complémentaires sur le terrain. Non, le vrai problème se pose surtout avec deux fusils lisses, ce qui initie déjà de nombreuses combinaisons entre superposés, juxtaposés et semi-automatiques… Il n’est en effet pas rare d’avoir un superposé et d’hériter en plus du juxtaposé du père ou grand-père, mais aussi de chasser lièvres et perdrix en plaine, sans pour autant dédaigner la bécasse en sous-bois ou la sauvagine au marais.
LE COUPLE IDÉAL
Si vos deux fusils sont des juxtaposés ou des superposés, la prise de visée restera la même, facilitant le passage de l’un à l’autre. Que l’un ait des canons de 76 cm et l’autre de 51, ne changera pas foncièrement la donne, hormis un équilibre un peu plus plongeant pour les canons longs. En revanche, même dans cette configuration proche, les différences de morphologie des crosses seront beaucoup plus handicapantes ! Les variations de pente, avantage, longueur, crosse anglaise ou à poignée pistolet rendront difficile la parité entre les deux armes sur le terrain. L’une sera forcément mieux adaptée à votre morphologie et vous aurez tendance à accuser l’autre de tous les maux, moins rapide à l’épaulé, moins instinctive à la prise de visée, moins fluide au swing et avec laquelle vous ratez tout ! La solution reste une mise en conformité des deux armes chez votre armurier. Une fois les deux crosses identiques et parfaitement en adéquation avec votre corps, non seulement le passage d’un fusil à l’autre passera quasiment inaperçu, mais vous risquez même d’améliorer vos performances au tir avec celui qui vous paraissait « le meilleur » des deux ! Ceci pour dire que même si vous n’avez qu’un seul fusil, préoccupez-vous de sa mise en conformité et vous nous en direz des nouvelles.
LE COUPLE RECONSTITUÉ
Reste les duos plus disparates du type superposé/juxtaposé ou pire juxtaposé/semi-auto ! Notre époque marque une hégémonie des superposés dont beaucoup préfèrent la prise de visée étroite sur la bande, ce qui vaut aussi pour les semi-autos. Mais les anciens, vous savez ceux qui ne juraient que par le Robust de la Manu en calibre 16, ne tarissaient pas d’éloges sur le cran formé par les deux canons juxtaposés pour viser le gibier. Nous n’entrerons pas dans cette polémique stérile, c’est à notre sens une question d’habitude et les deux technologies peuvent faire des merveilles quand on les a bien en mains. Reste que si l’on utilise les deux, la mise en conformité précitée devient encore plus indispensable pour ne pas cumuler des différences qui deviennent alors rédhibitoires sans pour autant qu’une des deux armes soit à remettre en cause.
Le chasseur qui utilise alternativement un juxta bécassier et un semi-auto au marais, aura forcément deux sensations distinctes à l’usage, même si les deux crosses lui sont parfaitement adaptées ! L’équilibre, les conditions de tir, la réaction de l’arme au départ du coup sont forcément différentes, il n’y a pas de miracle ! Qui plus est, cet écart va se creuser si vous tirez du 12 Mag au marais et du 28 au bois ! Mais la pratique régulière du tir et les modes de chasse souvent opposés entre deux armes complémentaires, limitent la période d’adaptation d’un fusil à l’autre. Si les deux armes sont en parfaite conformité avec votre morphologie, l’inévitable différentiel du ressenti entre les deux sera vite gommé par la formidable capacité d’adaptation du corps humain, cette même capacité qui vous permet de passer d’un C15 pour la chasse à une PORSCHE pour la « ville ».