Palombe, pigeon, deux noms pour une même passion

Palombe, pigeon, deux noms pour une même passion

Si les populations de sangliers ont explosé, et s’il se tue aujourd’hui en France plus de 800.000 suidés, force est de constater que les vieux sangliers qui hantaient les rêves des chasseurs, sont devenus bien rares.

Le nom scientifique, ou latin pour certains, du pigeon ramier n’est autre Columba Palombus. Inutile donc d’aller chercher bien loin l’origine du nom palombe, que lui donnent les habitants du sud-ouest de la France, et bien au-delà désormais. Ainsi, même au nord de la Loire, nombreux sont ceux qui, par amour pour cet oiseau, préfèrent le dénommer palombe.

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Face à raréfaction du petit gibier sédentaire, le pigeon ramier ou palombe est devenu le gibier d’ouverture pour nombre d’entre nous, qui les affûte en bordure des chaumes ou des cultures.

Sous les effets combinés du développement des populations et de la raréfaction d’autres gibiers, les perceptions que l’on avait du colombidé au collier blanc ont aussi été modifiés. Le pigeon ramier qui, il y a une vingtaine d’années, n’était qu’un nicheur occasionnel dans le sud de la France a désormais conquis l’ensemble du territoire et est, de surcroît, très abondant. Espèce très adaptable, le ramier a même colonisé les centres-villes, notamment Paris.

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La palombe niche désormais partout en France.

Si les chasses traditionnelles du Sud-Ouest visent surtout les migrateurs venant, depuis toujours de très loin, d’Europe de l’Est, de Scandinavie et de Russie, le développement démographique de l’espèce a aussi chamboulé ses déplacements en Europe. Ainsi, sur un axe Nord-Est Sud-Ouest allant de l’Oural à la péninsule ibérique, les comportements migratoires sont très différents. On parle de courts et longs migrants.

DES LONGS ET DES COURTS-MIGRANTS

Si la plupart des oiseaux nichant loin au Nord et à l’Est continuent de migrer jusqu’en Espagne et au Portugal, les oiseaux d’Europe occidentale sont, pour certains, presque sédentaires, ne se livrant tout au plus qu’à des rassemblements hivernaux, animés de mouvements erratiques, selon les disponibilités en nourriture.

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Octobre est le mois de la migration avec pour paroxysme la Saint-Luc, le 18 du mois.

Ainsi, avec le développement de la culture du maïs dans le Sud-Ouest, et un climat plus doux favorable aux fruits forestiers, de plus en plus d’oiseaux bleus stationnent dans ces régions en hiver, et ne franchissent plus les cols pyrénéens. Quant à la florissante population des îles britanniques, elle est considérée comme sédentaire. Grâce à cette abondance globale, la chasse de l’espèce est florissante depuis 20 ans en France.

SYNTHÈSE DES TRADITIONS DU SUD-OUEST ET DES TECHNIQUES ANGLAISES

Les chasseurs ont fait une sorte de synthèse entre les chasses traditionnelles du Sud-Ouest s’exerçant souvent sans fusil, mais avec des filets, et privilégiant le fait de faire poser les oiseaux, et les techniques anglaises reposant sur le tir au vol et une logique d’efficacité, voire de destruction.

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Dans les départements du Sud-Ouest, la chasse en palombière est l’objet d’un véritable culte qui s’exporte désormais vers les autres régions.

Le pigeon ramier est, de fait, le premier gibier, de surcroît 100% naturel, au tableau des chasseurs français, avec plus de 5 millions d’oiseaux, comme l’indique la dernière étude sur les prélèvements qui remonte à la saison 2013-2014. Il s’est, en quelque sorte, substitué au petit gibier sédentaire (perdrix et lapins), dont les effectifs ont fortement régressé.

L’ESPÈCE PORTE LA CHASSE FRANÇAISE

La chasse du pigeon, alliance de la tradition et de la modernité, rencontre un grand succès chez les jeunes chasseurs qui n’ont jamais connu l’abondance de petit gibier de leurs aïeux. Elle alimente un marché riche en accessoires de toutes sortes. Le fait que son intérêt soit décuplé quand elle se pratique avec des appelants, rajoute à son attrait. Désormais, du Nord au Sud et d’Est en Ouest, et qu’importe la façon dont on l’appelle, ce gibier porte la chasse française.

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Un jour d’ouverture de la chasse dans la moitié nord, quelques dizaines de formes en plastique disposées sur un chaume de féveroles devraient garantir à ce chasseur une belle journée.