Qu’est-ce qu’une bonne gerbe de grenaille ?
Avez-vous déjà testé votre fusil sur cible ? S’il est d’usage de vérifier le réglage de sa carabine et ses organes de visée pour contrôler le bon groupement de ses balles, rares sont les chasseurs et les tireurs qui font de même pour vérifier si la gerbe de grenaille tirée par leurs canons est efficace. Elle doit être centrée, et la répartition de la grenaille homogène. Pour avoir testé des centaines de fusils durant des années, nous pouvons vous assurer que le marché des armes réserve souvent de mauvaises surprises.
DES GERBES CENTRÉES…
Celui qui souhaite être en confiance avec son arme et ses munitions doit donc impérativement cibler son fusil avec les cartouches qu’il compte utiliser durant la saison de chasse ou de tir. En effet, il arrive fréquemment qu’un fusil ne centre pas la grenaille au milieu de la cible. Autrement dit, la gerbe est décalée par rapport au point visé.
… ET CONVERGENTES
Autre problème, les deux canons d’une arme peuvent ne pas avoir le même point d’impact ! C’est regrettable, mais les industriels n’ont pas tous la possibilité de tester toutes les armes qui sortent de leurs usines. Ils se contentent de normes liées à la qualité de fabrication.
Crédit photo : Gilles DE VALICOURT
Pour une arme rayée comme une carabine double express, un écart de 10 cm à 100 mètres est admissible, mais pas au-delà. Une arme lisse peut supporter 20 cm d’écart à 35 mètres car la gerbe est relativement large à cette distance, mais pas davantage. Pourtant, sur le terrain, on constate que des écarts beaucoup plus importants sont assez fréquents !
CORRIGER UNE MAUVAISE CONVERGENCE
Il est toujours délicat de corriger ce problème, peu d’armuriers en France sont capables de s’y atteler. Il est possible de jouer sur les chokes ou sur l’assemblage des canons ; mais si cela ne suffit pas, il est nécessaire de dessouder les canons puis les réassembler correctement. Ensuite, il faut reprendre les finitions et le bronzage. C’est un travail minutieux qui nécessite beaucoup de temps et d’expérience. Cela ne peut être réalisé que par un canonnier, et sur des armes d’une certaine valeur.
POINT VISÉ = POINT TOUCHÉ ?
Si votre fusil possède deux canons dont le dressage a été correctement réalisé, le point visé devrait donc correspondre au point touché. Certains fabricants s’y calquent, d’autres préfèrent régler leurs armes avec un point touché à environ 20 cm au-dessus du point visé à 35 mètres. C’est un choix délicat motivé par le fait que beaucoup de tirs de chasse s’effectuent sur des gibiers à l’essor, et qu’une compensation vers le haut peut assurer plus de succès.
Les fusils de ball-trap peuvent même être réglés avec un premier coup qui porte haut, alors que le second coup porte plus bas, ce qui correspond à la montée du plateau qui quitte la fosse, puis redescend rapidement après avoir dépassé le point haut de son ascension. Attention donc à ces armes spécifiques. L’idéal à notre avis est le point visé = le point touché. C’est ensuite au tireur d’adapter ses corrections, et non l’inverse.
Quid d’un canard qui plonge dans un étang à la passée, de même qu’un plateau rentrant rasant et plongeant au Parcours de chasse, alors que le fusil porte haut ?
UNE GERBE RÉGULIÈRE
Ensuite il vous faudra trouver le bon couple choke/cartouche permettant d’obtenir une gerbe régulière et homogène. Là non plus, le pari n’est pas gagné d’avance. Certaines cartouches ne permettent pas d’optimiser le tir. Ici, c’est une bourre à jupe qui s’ouvre mal et déséquilibre l’ensemble de la gerbe ; les points d’impacts sont alors mal répartis et regroupés en paquets, là c’est un couple amorce/poudre trop réactif qui éclatent la grenaille ; et le centre de la gerbe n’est plus garni… Bref, les mauvais exemples sont innombrables.
Heureusement, il existe de très bonnes cartouches avec une répartition des impacts idéale sur la cible. L’objectif à obtenir est un nombre de vides de 7 cm de diamètre le moins nombreux dans la cible. En effet, ces vides sont autant de gibiers ou plateaux manqués qui passent au travers de la gerbe.
Enfin, pour les perfectionnistes, les impacts du pourtour de la gerbe doivent être aussi puissants et pénétrants que ceux du centre. Mais là, c’est encore une autre affaire !
Richard DRIGNON, l’agent français chargé du développement de la marque de fusil ZOLI, pourrait vous expliquer que certains tireurs olympiques italiens ont été stupéfaits de constater le manque d’homogénéité de la puissance de leur gerbe. Les plombs de pourtour n’avaient aucune puissance. Ils ont ainsi été obligés de revoir leur couple canon/cartouche avant de participer aux plus grands rendez-vous internationaux. Intéressant !
