L’échelle de méfiance des canards
Dans les chasses d’affût ou d’approche, la difficulté ne réside pas dans le tir, mais dans la capacité à s’affranchir de la méfiance du gibier. Les canards font l’objet de techniques de chasse qui reposent justement sur les facultés du chasseur à se soustraire aux sens des oiseaux.
UN SONDAGE AU MARAIS
Y a-t-il des espèces de canards plus méfiantes que d’autres ? Les sauvaginiers pétris d’expérience ont tous leur idée sur la question. Mais, pour le chasseur débutant dans l’art de la chasse des oiseaux d’eau, il peut être intéressant d’estimer le degré de difficulté qu’il rencontrera pour mettre au bout du fusil telle ou telle espèce. Nous vous proposons donc une échelle de méfiance des canards du moins farouche au plus inaccessible. Cette démarche n’a rien de scientifique et repose seulement sur des expériences de chasse, donc sur des impressions. En cette fin de saison, nous avons pour cela interrogé différents chasseurs ayant eu l’occasion de rencontrer régulièrement les principales espèces.
UN INTÉRÊT POUR LE HUTTIER
Tous, bien évidemment, ne nous ont pas donné exactement le même classement. Cependant les écarts n’excédaient jamais une ou deux places. Nous n’avons retenu que les espèces régulièrement rencontrées. Exit donc les garrots, eiders, macreuses, nette rousse et toutes autres espèces occasionnelles. De plus, il est certain que ce classement a davantage de pertinence pour le huttier cherchant à mettre un canard dans le U de sa lunette que pour le chasseur qui se livre aux seules passées, et s’en remet surtout à la chance.
L’IMPORTANCE DU BIOTOPE
Enfin, il va de soi que le milieu dans lequel on chasse est plus important que la supposée méfiance du canard. Il est logique que le sauvaginier de bord de mer rencontre souvent des siffleurs au contraire d’un chasseur du centre du pays. De même, des milouins ou des morillons n’offrent que peu de chance de se poser dans une pâture inondée, pour des raisons évidentes de hauteur d’eau. Il leur serait en effet difficile de plonger. Ainsi, le fait de peu rencontrer certaines espèces ne signifie pas pour autant qu’elles soient plus méfiantes.
DES COMPORTEMENTS DIFFÉRENTS
En clair, il existe de nombreux paramètres qui conditionnent la sauvagerie des canards. D’autre part, comme il existe des caractères différents chez la gent humaine, il est parmi les anatidés et en dehors de toute notion d’espèce, des individus plus ou moins farouches. Comme nous l’avons déjà évoqué, le milieu agit grandement par sa physionomie ou la ressource alimentaire sur la pose des canards. Une profondeur d’eau de plus de 2 mètres vous permettra d’observer régulièrement des poses de plongeurs. Un bouillon de culture de quelques centimètres d’eau verra barboter des souchets et des sarcelles. De grandes étendues d’eau entourés d’herbus accueilleront plus volontiers des siffleurs qui s’abattent assez souvent en bandes importantes. Au contraire, la sarcelle esseulée se satisfera d’une toute petite mare isolée ou même d’un fossé. Ne parle-t ’on pas d’ailleurs de trou à sarcelles ?
L’EXPÉRIENCE DU CANARD… ET DU CHASSEUR
Enfin, l’expérience est incontestablement l’un des facteurs qui conditionnera le plus la vigilance des canards. Un souchet pourtant réputé pour sa facilité à se faire leurrer sera peut-être plus méfiant qu’un pilet s’il est le survivant d’un volier qui a déjà essuyé plusieurs salves lors de son périple migratoire. Ainsi, lors des grands passages ou de coups de froid, on assiste à des poses d’assurance de toutes espèces de canards qui n’ont jamais été confrontés au fusil du chasseur, et que les milliers de kilomètres parcourus ont harassés. À vous désormais de vérifier si ce classement semble se confirmer sur votre lieu de chasse, et à nous faire part de vos observations. De même que pour les canards, l’expérience est la meilleure alliée du chasseur.
CLASSEMENT DU PLUS CONFIANT AU PLUS MÉFIANT
