La bonne paye

La bonne paye

En cette fin d’été, il me vient une idée. Pourquoi ne pas faire payer aux anti-chasses les conséquences de la protection des animaux que l’on appelle désormais pudiquement ESOD (espèces susceptibles d’occasionner des dégâts) ? Absurde, direz-vous ? Pas tant que cela. Après tout, ce sont bien les chasseurs qui payent les dégâts occasionnés aux cultures agricoles par le grand gibier.
Un petit rappel historique s’impose. Dans les années 70, en pleine politique d’intensification des pratiques agricoles afin de satisfaire une demande mondiale en matière première, les chasseurs ont accepté, disons-le même proposé, d’indemniser les dégâts causés par les cerfs, chevreuils et sangliers, en échange de la suppression du droit d’affût. Ce droit autorisait tout agriculteur à faire lui-même justice sur les terres qu’il exploitait pour les protéger de la dent des grands animaux déprédateurs. Évidemment, c’était un frein au développement des populations de grand gibier, et pour leur permettre de prospérer, les chasseurs mirent en place les plans de chasse, sorte de quotas imposant, au début, des prélèvements maximums, mais désormais aussi minimums afin de maintenir un équilibre entre agriculture et grande faune.

Si dans les années 70, l’un des grands enjeux mondiaux était la production agricole pour garantir l’alimentation mondiale, la biodiversité (pour utiliser un terme contemporain) est devenue une priorité de notre époque. Pas sûr que cela améliore la préservation de la faune et de la flore, mais si en France les écologistes politiques veulent protéger coûte que coûte renards, fouines, belettes, corbeaux et autres pies, il ne serait pas incongru qu’ils en assument les conséquences. Début août, après les consultations publiques obligatoires, sorte de parapluie politique pour nos décideurs, l’État a mis à jour les listes départementales triennales de ces fameuses espèces ESOD, que jadis on appelait nuisibles, de manière moins hypocrite. Lors des consultations, la propagande pro-ESOD a atteint des sommets de désinformation, promptement relayée par tous les médias. Mais, concédons que c’est leur droit le plus strict que d’espérer une France où les renards viendront se faire caresser en terrasse, et ou les vols de corbeaux éclipseront le soleil. À chacun ses rêves. Il y a bientôt 50 ans, chaque chasseur rêvait de tirer un jour un sanglier et c’est désormais quasi-chose faîte. Aussi, puisque la volonté affichée des « protectionnistes » est de sauver le monde sauvage, nous pourrions imaginer un système qui rendrait ces associations responsables financièrement des déprédations des objets de leur affection, lorsque qu’un renard vole dans les plumes de votre poulailler, ou qu’il boulotte un hamster d’Europe en voie de disparition dans son bastion alsacien. Évidemment, ils pourraient continuer à exiger moultes subventions qui seraient ainsi bien mieux employées, sous le contrôle efficace de la Cour des Comptes.