Le renard, un vrai gibier

Le renard, un vrai gibier

Pour certains, il est l’ennemi public numéro un et la terreur des poulaillers, pour d’autres il est devenu un totem de la protection animale à la Française. De nuisible harcelé de toutes parts en toutes saisons à une protection totale comme chez nos voisins luxembourgeois, il est temps de trouver à cette espèce autochtone la place qu’il mérite et un statut en phase avec notre époque.

Déterré pendant la période des naissances et de l’élevage des jeunes, piégé toute l’année, tiré sur les fauches et les parcelles moissonnées, le renard ne connaît guère de répit. Ces différents modes de chasse, en toutes saisons, découlent de son statut, qui même s’il a changé de nom, passant de nuisible à l’appellation plus édulcorée « d’espèce susceptible d’occasionner des dégâts » (ESOD), font de cet animal pourtant autochtone l’ennemi à abattre. Non, le renard n’est pas qu’un simple mangeur de mulots, il faut être naïf pour adhérer à cette thèse, il est un prédateur redoutable d’espèces gibiers comme les lièvres, faisans, perdrix, lapins, en bien des endroits mal en point.

Le renard, un vrai gibier : photo 2
Incroyable image d’un renard ayant capturé une oie en bordure de marais !

Non, il n’est pas non plus la solution miracle contre la maladie de Lyme, même si plusieurs études semblent montrer son impact sur sa propagation. Il est cependant un précieux allié de l’homme par sa consommation démesurée de petits rongeurs qui dans certaines campagnes de France commettent, sur les prairies, des dégâts considérables, fort coûteux pour les agriculteurs. Plusieurs préfets ont déjà déclassé le renard afin de ne plus permettre certains modes de destruction et préserver une population suffisante pour lutter contre la pullulation des rongeurs. Quand le renard vient à manquer, c’est le poison qui le remplace, inacceptable pour toute personne respectueuse de la nature. Le tir du renard lors des fauches semble un peu en décalage avec l’image de « premiers écologistes » que nous revendiquons, puisque c’est à cette période qu’il est le plus bénéfique aux agriculteurs, il faut donc le laisser jouer son rôle et de ne pas le sanctionner d’une balle dès qu’il montre le museau. Par contre c’est l’époque idéale pour effectuer des tirs sanitaires. À cette saison il viendra également faire son travail d’équarrisseur, en ramassant les victimes de la grande faucheuse, assainissant ainsi nos campagnes.

Le renard, un vrai gibier : photo 3
Ce renard a capturé un campagnol, l’essentiel de son régime alimentaire dans un pré de fauche.

Bien sûr, l’image de voleur de poules qui colle à Maître goupil n’est pas usurpée et lorsqu’il trouve une faille dans le poulailler, il ne tarde pas à y faire son marché remplissant souvent son caddie à ras bord, il est alors légitime de le sanctionner. Il en va de même à proximité des élevages où il peut rapidement effectuer de gros prélèvements. Mais, tendre des collets ou mettre des boîtes à fauves en tous points d’une commune n’a plus aucun sens si rien n’est fait pour favoriser le développement du petit gibier. Le renard doit être géré comme un gibier, tant il est passionnant à chasser, que ce soit à l’affût pour les adeptes de ce mode de chasse ou lors d’approches matinales comme un grand brocard, mais surtout aux chiens courants comme c’était le cas il n’y a pas encore si longtemps dans bon nombre de communes françaises, où résonnent encore les longues menées du samedi matin au cours de battues hivernales spécifiques à sa traque. Jadis créancées sur le renard, ces meutes ont bien souvent délaissé la voie du rouquin pour se consacrer à celle du sanglier qui désormais pullule.

Le renard, un vrai gibier : photo 4
Formidable animal de chasse aux chiens courants, les ruses du renard devant la meute en font un gibier d’exception.

Les épidémies de gale sarcoptique ont fait et continuent de faire de très gros dégâts sur les populations de renards en bien des endroits, rendant difficile la survie des meutes spécialisées. Tout en conservant des possibilités de régulation efficace, il est nécessaire d’accorder ou de restaurer une juste place au renard dans nos esprits, celle d’un véritable gibier.