Les bons comptes font les bons ennemis

Les bons comptes font les bons ennemis

Entre nous, cela ressemble à un coup pour rien. Il y a quelques mois, téléguidé par des associations anti-chasse, le financement public du monde de la chasse faisait la une des médias. Le président de la République aurait acheté les voix des chasseurs par des hausses de subventions avec des coefficients multiplicateurs stratosphériques. À la pointe de la fronde, on retrouvait le collectif « Un jour un chasseur », constitué après un invraisemblable accident de chasse, mais qui, rapidement, révéla sa volonté, non pas de sécuriser davantage la chasse, mais de tout simplement la supprimer. Comme dans notre démocratie on a beaucoup de considération pour ceux qui veulent interdire aux autres de vivre selon leurs désirs, la Cour des Comptes, à la demande de ce collectif anti-chasse, a diligenté une enquête pour faire la lumière sur l’utilisation de l’argent public par les chasseurs.

Complaisamment relayée par tous les médias, la rumeur laissait sous-entendre que cet argent était mal employé, voire détourné. Après des mois d’examens et auditions, la Cour des Comptes a donc livré ses conclusions. Une fois encore, quasiment tous les médias, reprenant les déclarations des associations anti-chasse ont communiqué sur les conclusions d’une Cour des Comptes dénonçant les manquements des chasseurs. La Fédération Nationale des Chasseurs, à l’inverse, avait plutôt l’air d’accueillir sereinement ce rapport. Comme on ne peut décidemment plus croire personne sur parole, nous avons dû, en guise de devoir de vacances, nous coltiner ces 118 pages. Même si nous concédons un léger parti pris pour les représentants des chasseurs, il faut bien reconnaitre que leur sérénité est justifiée. Ce rapport qui devait révéler un scandale d’État accouche d’une souris.

Nous vous invitons à vous faire votre propre opinion, mais retenons parmi les recommandations de la haute juridiction quelques points qui sont de vrais enjeux. Ainsi, sans surprise, il est demandé aux chasseurs de se fixer des objectifs de réduction des populations de sangliers qui, c’est un fait, accaparent une part trop importante de leurs ressources. L’exigence de fournir plus de données et notamment nos tableaux de chasse sonnent comme un avertissement. Pas de données, moins de gibiers… chassables. Enfin, la gestion du fond biodiversité mériterait d’être simplifié, pour plus d’efficacité. Il s’agit de ce fond abondé de 5€ par permis de chasser et complété à hauteur de 10€ par l’État. Ainsi, 1 million de chasseurs, cela représente 15 millions d’€ investis annuellement dans des actions de sauvegarde de la biodiversité.

Alors bien sûr, et c’est son rôle, la haute juridiction pointe des légèretés administratives dans certaines fédérations, mais dans un pays qui colle la « phobie administrative » à ses propres ministres, plus sûrement qu’une mouette refile la grippe aviaire aux canards d’élevage, on peut comprendre le manque d’entrain à remplir ces obligations, le plus souvent inutiles. Mais, puisqu’il faut montrer patte blanche, gageons que les fédérations concernées seront plus rigoureuses à l’avenir.

À la fois plus de paperasse et plus de terrain, on imagine mal comment les FDC pourraient être au four et au moulin, avec moins de chasseurs, et sans aide financière des pouvoirs publics. Cela dit, être exigeant avec un élève, c’est croire en son potentiel. On aimerait la même exigence pour certaines associations. Sauf à penser qu’enquiquiner les chasseurs est d’utilité publique, il n’est pas certain que l’apport de ces associations, pour la plupart bénéficiant des largesses de l’État, soit très profitable à l’ensemble de la société. Willy SCHRAEN, le président de la FNC, appelle donc à une forme de réponse du berger à la bergère. Les bons comptes font les bons ennemis !