Choisir un chien adulte ou un chiot ?
Pour la chasse, faut-il opter pour un jeune chien ou un sujet débourré, ou adulte et dressé ? Bien souvent, pour une question de préjugés ou simplement financière, la préférence du chasseur va vers la première solution. Cela n’a, pourtant, rien d’une évidence.
C’est une question que bien des chasseurs se sont posée et se posent encore. Lorsque la vieille garde commence à baisser de pied et n’est plus capable de chasser correctement, ou que l’on soit confronté au départ définitif d’un vieux serviteur, le dilemme se pose à chaque fois, lancinant et prenant : faut-il choisir un chiot ou un sujet adulte ?
LES DEUX ÉCOLES
Comme toujours, les avis sont tranchés et péremptoires.
- Les uns ne jurent que par le jeune chien, symbole, à leurs yeux, d’une complicité parfaite de tous les jours, fruit d’un dressage progressif. Sans oublier, évidemment, un aspect pécuniaire séduisant pour les comptes en banque les plus modestes.
- Au contraire, les apôtres du chien adulte dressé ne jurent que par le sujet qui a passé les comportements infantiles et qui, « bien mis », peut être opérationnel immédiatement sur le terrain de chasse. Ce dernier argument est souvent balayé au motif qu’il servirait davantage à « engraisser » les dresseurs professionnels qu’à autre chose…
LE CHIEN DE A À Z
Comme en toutes choses, il n’y a pas de réponse absolue. Cela signifie que le chasseur, profane ou non, doit acheter en connaissance de cause. Il est bien évident que, pour un disciple de Saint-Hubert digne de ce nom, il n’y a assurément pas de joie plus intense et complète que d’accompagner son chien dans toutes les étapes de sa vie.
Ainsi, le chasseur pourra voir les progrès du dressage qu’il lui aura inculqué. Encore faut-il avoir ce qu’on appelle la « fibre du dressage ». Si vous ne l’avez pas, prévenait Ronan DE KERMADEC, grand cynophile s’il en était, « ne vous en mêlez pas ». Car, rien n’est pire à la chasse que de subir un chien peu ou pas dressé qui, totalement hors de la main, vide la plaine ou un bois en quelques minutes.
LES CONTRAINTES DU DRESSAGE
Plus encore, qui peut nier qu’aujourd’hui les contingences « modernes » du cynégète ne se prêtent guère à avoir et dresser de jeunes chiens ? En effet, c’est une question de temps, un luxe aujourd’hui, un dressage nécessitant plusieurs sorties quotidiennes pendant plusieurs mois ; c’est également une question de territoire, en tous cas pour les chiens d’arrêt dont l’entraînement exige plusieurs hectares, les retrievers et les spaniels pouvant se contenter de superficies plus modestes.
Sans compter qu’il y a des raisons proprement canines :
- La mort peut frapper votre jeune chien.
- Vous pouvez tomber certes sur un excellent sujet, mais aussi sur l’exécrable…
- … ou le très difficile.
Aussi, beaucoup d’amateurs éclairés recommandent-ils aux chasseurs d’orienter leur choix vers un sujet adulte.
QUAND UN CHIEN EST-IL ADULTE ?
Mais, de quoi parlons-nous ? Le terme adulte signifie non seulement la maturité physique, qui pour un chien d’arrêt ou un retriever, est achevée entre quinze et dix-huit mois, mais aussi mentale. Dans ce dernier cas « On entend par adulte, un adulte dans son dressage » précise Luc GRESSENS, vétérinaire de son état et passionné de chiens, notamment de setters anglais et irlandais. À l’inverse, l’acquisition d’un adulte non dressé ne présente guère d’intérêt, car à cet âge, comme les hommes, un chien a toutes les chances, ou les risques, d’avoir un caractère très affirmé, ayant renforcé tous ses défauts non contrebalancés par un dressage.
QUAND UN CHIEN D’ARRÊT EST-IL DÉBOURRÉ ET DRESSÉ ?
À un an, un chien d’arrêt, mais ce n’est forcément qu’une moyenne, sera simplement débourré, c’est-à-dire :
- Il a du rappel : la capacité de revenir quand son maître l’appelle.
- Il est capable de s’immobiliser à distance.
- Il a un semblant de quête croisée et pendulaire.
À dix-huit mois, notre chien aura acquis en plus :
- La sagesse à l’envol.
- Le respect du poil.
- Et le rapport, avec une saison de chasse sur gibier naturel ou du moins au comportement sauvage.
Les spécialistes estiment que ce n’est qu’au bout de trois ans de dressage qu’un chien d’arrêt peut être considéré comme « terminé ».
QUAND UN RETRIEVER EST-IL DRESSÉ ?
Pour les retrievers, un labrador dressé signifie, comme disent les Anglais, full train dog, c’est-à-dire un dressage quasiment parfait : le chien connaît parfaitement son métier et il a été confronté à de multiples difficultés sur le terrain, comme d’aller chercher un oiseau tombé très loin, ou de ne pas s’écarter de son rapport si un chevreuil se lève. Et pour cela, il faut du temps. Aussi, les experts sont unanimes : il faut au moins quatre ans pour arriver à cette perfection qui exige une très haute technicité, faisant beaucoup appel à la mémoire, comme lorsque le chien doit récupérer plusieurs oiseaux difficiles dans un ordre donné. Aussi, la moitié d’un dressage n’a, ici, aucun sens.
QUAND UN BROUSSAILLEUR EST-IL DRESSÉ ?
Pour le springer également, comme tout autre broussailleur, la technique est importante, car il peut tout à la fois être utilisé comme un leveur de gibier, nécessitant donc rappel et quête croisée, que comme un retriever. En outre, étant un chien sensible, l’assimilation de chaque étape du dressage doit se faire progressivement.
VITE FAIT, MAL FAIT
D’ailleurs, et ceci est valable pour tous les chiens, les chasseurs doivent prendre conscience qu’ils doivent se méfier des dresseurs qui proposent tout et n’importe quoi, notamment des chiens « clés en main » en un mois. Or, souvent, tout ce qui est inculqué rapidement, a toutes les chances de repartir aussi vite, car seules la constance et la patience permettent d’obtenir un dressage sur le long terme.
LE PRIX DU CHIEN
Sans crainte de se tromper, le chasseur pense bien souvent que de tels chiens se négocient à des prix bien au-dessus de ses moyens. Certes, un chien d’arrêt « débourré » est généralement cédé entre 1500 et 2000 euros, et un chien confirmé se négociera au bas mot à 3000 euros, voire plus. Pour un retriever, la facture peut être plus conséquente, jusqu’à 6000 euros. Des chiffres qui, dans l’absolu, peuvent faire fuir le cynégète. En effet, il avait l’habitude de débourser entre 800 et 1000 euros. À l’extrême rigueur, il se dira qu’il vaut mieux payer 1500 euros un chien débourré, quitte à être tenté de « fignoler » le dressage. Sans conteste, si le futur propriétaire se sent plein de patience, d’autorité et de psychologie canine, cela peut être une solution. Sinon, tôt ou tard, face à des difficultés, il ramènera son chien chez le dresseur : au bout du compte, il n’aura rien économisé.
LE COÛT GLOBAL DU CHIEN
Des tarifs excessifs ? En fait, ils correspondent exactement aux sommes qu’auraient dépensées ce même chasseur s’il avait eu ce chiot à deux ou trois mois. En effet, entre les frais vétérinaires, les frais de nourriture, la location d’un terrain de chasse, la facture annuelle peut facilement atteindre entre 1200 et 1500 euros… Ainsi, payer 3000 euros pour un chien d’arrêt dressé de deux ans ou deux ans et demi n’a rien d’excessif.
UNE ADAPTATION FACILE
En outre, contrairement à une opinion communément répandue, un chien adulte n’aura aucun problème d’adaptation avec son nouveau maître, sauf à de très rares exceptions (cela peut parfois arriver avec des sujets qui ont une immense complicité avec leur maître : dans ce cas-là, le nouveau propriétaire risque de ne pas pouvoir en tirer toute la quintessence). Pour les autres, il convient de raisonner uniquement du point de vue du chien. Or, celui-ci s’habituera vite s’il a le gîte et le couvert.
UN CHIEN CLÉ EN MAIN ?
Beaucoup d’éléments encouragent donc au choix d’un sujet Adulte. Un choix qui ne doit en aucun cas négliger quelques vérités de base. D’abord, un chasseur ne doit jamais se presser pour trouver le compagnon idéal, et devra l’essayer avec le dresseur, et sur un terrain dont il n’a pas l’habitude. Ensuite, lorsque le chasseur va le chercher, tout ce qu’il lui a été annoncé doit être montré sur le terrain.
Bref, ce n’est pas seulement un dressage clé en main qui est vendu, c’est un caractère et un cerveau… Plus encore, le chasseur devra exiger un véritable service après-vente, c’est-à-dire un véritable suivi avec le dresseur afin qu’il montre sa manière de travailler. Sinon, un excellent sujet peut être gâté en quelques jours. Le chasseur ne devra jamais oublier qu’un dressage s’entretient tout au long de la vie du chien.
