Rapport du pigeon : pas son truc en plume !

Rapport du pigeon : pas son truc en plume !

Quel chasseur n’a pas observé, un jour, son chien ou celui de ses voisins, faire parfois preuve d’un dédain certain pour rapporter un ramier fraîchement tiré ?

Il renifle longuement, finit par le prendre sur l’insistance de son maître, du bout des dents, pour le relâcher presque aussitôt, lui faisant comprendre que ce n’est pas la peine d’insister, alors même que son attitude est radicalement différente avec perdrix, faisans et autres canards.

« Ton chien fait son difficile, il a le palais bien délicat… » Les sarcasmes ne manquent généralement pas de fuser… Pourtant, comme toujours, comme souvent, c’est une affaire de nuances, de circonstances et de psychologie canine. Au vrai, pour un chien, rapporter un colombiné quel qu’il soit (ramier, biset, tourterelle…) peut se révéler un exercice désagréable. Ces oiseaux-là, en effet, ont la particularité d’avoir un duvet et un plumage conséquents, qui se détache avec une facilité déconcertante au moindre choc, à la moindre contrainte (il suffit d’observer d’ailleurs le paquet de plumes que l’oiseau laisse derrière lui quand il arrive au sol, après avoir pris le coup de fusil). Résultat : quand le chien le ramasse, il va se trouver avec un tas de plumes de duvet dans la gueule, ce qui n’a rien d’agréable, même pour lui. Respirant et, surtout quand il fait chaud, transpirant par la gueule, le malheureux chien n’a qu’une idée en tête : lâcher au plus vite l’oiseau, et recracher le duvet…

Rapport du pigeon, pas son truc en plumes : photo 2
Rapporter un colombidé (ici un pigeon colombin) n’est pas un exercice agréable pour le chien, fut-ce-t-il un retriever.

COMMENT Y REMÉDIER ?

Plus que la question du pigeon en lui-même, c’est d’abord la question du rapport que nous devons aborder, même de manière succincte, question qu’il faut distinguer entre retrievers, leveurs de gibier et chien d’arrêt. Pour les deux, c’est un travail de tous les jours, en ayant toujours à l’esprit que le meilleur des chiens d’arrêt pour le rapport n’égalera jamais un bon retriever. C’est l’évidence même d’écrire que chez les retrievers, la génétique parle : le rapport est inné, à cette nuance près qu’il se travaille, et qu’il s’entretient.

  • Pour les retrievers
    Le travail commence avec une balle, puis avec un apportable, puis avec du gibier mort, congelé… avant de le mettre en conditions naturelles. Les distances seront travaillées en parallèle, mais ceci est un autre sujet.
  • Pour les chiens d’arrêt et broussailleurs
    C’est une affaire délicate à mener, pour avoir un sujet qui rapportera au commandement, qui ne relâchera pas son gibier, qui le rapportera à son maître…

Les dresseurs recommandent de commencer cette éducation spécifique assez tard, une fois que toutes les autres étapes du dressage seront assimilées (rappel, quête croisée, sagesse à l’envol). Le chasseur ne doit pas rêver : à un moment ou un autre dans cette phase de dressage, il va y avoir conflit qui peut être catastrophique avec un chien sensible, s’il n’est pas passionné.

On commencera avec un apportable, en lui disant « prends », en maintenant ses mâchoires fermées. Le chien ne lâchera qu’au commandement, puis sera récompensé…

Rapport du pigeon, pas son truc en plumes : photo 3
Tout chien d’arrêt n’a pas le rapport naturel, s’il dédaigne rapporter une perdrix, il est probable qu’il refuse catégoriquement de mettre la dent sur un pigeon. Mais, les dresseurs ont des solutions.

Progressivement, l’exercice sera répété et répété jusqu’à ce qu’il devienne parfait.

L’étape suivante sera d’obliger le chien à le prendre en baissant la tête, puis quand il n’aura plus d’hésitation, vous lui apprendrez à se déplacer de quelques mètres en plaçant, conseille le dresseur Max CARLI, « votre main sous sa mâchoire ».

Puis, il devra aller chercher le billot à quelques mètres de lui, il s’en saisira et reviendra à son point de départ, le rendra, assis. La méthode sera répétée en recouvrant l’apportable de plumes de faisans, et plumes de … pigeons…

ASTUCES DE DERNIER RECOURS

Si malgré tous ces efforts, votre chien répugne à rapporter un pigeon, les dresseurs ont quelques astuces :

  1. Mettre ledit pigeon dans un morceau de bas de femme, pour l’accoutumer et lui ôter toutes sensations désagréables.
  2. Lui faire rapporter un pigeon congelé à plusieurs reprises : là encore, le chien n’aura pas de duvet qui se détache dans sa gueule, et prendra ainsi confiance.
Rapport du pigeon, pas son truc en plumes : photo 4
Il faut bien garder à l’esprit que pour un chien d’arrêt ou un broussailleur, comme ce springer, le rapport n’est que la dernière étape d’un dressage qui doit surtout veiller à développer la passion de la chasse.

Crédit photos : ADOBE Stock & Gilles DE VALICOURT