Sports d’hiver : danger pour le tétras lyre
Si aujourd’hui les opposants à la chasse clament haut et fort que le tétras lyre est en grand danger de disparition à cause des prélèvements effectués par les chasseurs et attaquent les arrêtés les uns après les autres, la réalité est tout autre.
Parmi ceux qui veulent voir la chasse de ce petit galliforme des montagnes disparaître, combien se retrouvent dans les stations de sports d’hiver pour y pratiquer la randonnée en raquettes, le ski de randonnée ou de descente ? Penchons-nous sur l’impact de ces autres loisirs sur le petit tétras.
DANS LES ALPES FRANÇAISES
Le tétras lyre est présent dans les Alpes françaises et occupe l’étage subalpin entre 1400 et 2300 mètres. Ce petit oiseau qui pèse entre 900 g pour les femelles, et 1300 g pour les mâles doit affronter chaque année les affres de l’hiver.
Avec de températures extrêmes et la raréfaction de sa nourriture (composée aux beaux jours de bourgeons, feuilles, fleurs, graines et baies), il se contente des aiguilles des pins et des sapins.
AU CHAUD DANS SON IGLOO
Lorsque la neige a recouvert son territoire, et pour se protéger du froid, le tétras lyre se creuse un petit igloo dans lequel il passe l’essentiel de son temps (environ 20 heures par jour).
Il n’en sort que pour se nourrir, au lever du jour, et peu avant la tombée de la nuit. La température à l’intérieur de ce refuge reste positive, autour de 4°C. Lorsque le temps est trop défavorable, il peut y rester plusieurs jours.
BASTA RAQUETTES
Les activités humaines liées aux sports d’hiver, comme le ski de randonnée et les promenades en raquettes, étant de plus en plus prisées par les vacanciers, on assiste depuis quelques années à une véritable invasion des sous-bois et de zones jusque-là préservées, sur certains domaines. Ces nouvelles activités de loisir ont un réel impact sur les populations de tétras lyre, car s’il est dérangé alors qu’il est à l’abri dans son igloo, l’oiseau est contraint d’en sortir et de s’envoler, occasionnant ainsi une très forte dépense d’énergie qu’il sera difficile de combler, tant la nourriture est rare.
UNE PRÉDATION FACILITÉE
En fonction du moment de la journée où il est dérangé, l’oiseau pourra ou non, retrouver son refuge ou en creuser un autre. Mais si la neige est gelée en surface, l’entreprise deviendra impossible et il devra se blottir au pied d’un arbre, face aux éléments, devenant ainsi une proie facile pour un prédateur ailé (aigle royal, autour des palombes) ou en maraude comme le renard ou la martre des pins. L’impact du dérangement causé par les randonneurs est donc direct sur la survie des oiseaux.
SUR LE FIL
Un autre danger lié aux infrastructures des stations de ski le guette. Il s’agit des centaines de kilomètres de câbles qui parcourent les domaines skiables et qui, s’ils permettent aux skieurs de remonter les pentes enneigées avec une grande facilité, représentent de véritables guillotines pour les oiseaux quand ils sont en vol.
DES ZONES DE QUIÉTUDE BALISÉES
La mise en place de zones de quiétude apparaît comme une solution à ces dérangements. Ces zones sont balisées par plusieurs rangs de cordes élastiques et accompagnées de panneaux d’information favorisant la sensibilisation du public à la sauvegarde de la faune sauvage, et invitant ainsi les usagers à contourner les zones balisées.
Crédit photo : FDC 74
CHASSEURS PROTECTEURS
Évidemment, les chasseurs sont les principaux acteurs de ces initiatives de protection, via les fédérations et les associations de chasse qui savent se mobiliser pour protéger la biodiversité et sensibiliser le grand public.
Crédit photo : FDC 74
UNE CHASSE ENCADRÉE ET TRÈS LIMITÉE
Bien sûr, chasser le tétras lyre a un impact direct sur l’état des populations, mais l’activité est très encadrée et les quotas attribués aux chasseurs sont le résultat d’études et de comptages. Et quand ils ne sont pas bons, alors les attributions sont revues à la baisse ou tout simplement supprimées.
Si l’impact de la chasse est précisément quantifiable, qu’en est-il de celui des randonneurs qui traversent les territoires et causent le dérangement des oiseaux au moment où ils sont le plus vulnérables ?
