Bécasse/Autour : ultime duel en Bretagne
Éleveurs de pointers anglais, Camille et Pierre VIEILLEVILLE nous accueillent pour chasser la bécasse des bois. Mais, c’est sans fusil qu’ils ont décidé de chasser le gibier roi. Autour des palombes et pointer anglais seront nos seules armes pour tenter de capturer la belle mordorée. Impossible n’est pas breton.
UN VRAI CHALLENGE
D’un côté, les pointers anglais qu’ils élèvent sous l’affixe des bords du Yar, de l’autre les oiseaux de Camille pour lesquels elle se passionne depuis toute petite, le tout dans les Côtes-d’Armor en Bretagne, terre bécassière s’il en est. L’idée de chasser la bécasse au vol a donc germé dans l’esprit de nos deux passionnés. Ils se sont lancés un défi à eux-mêmes, celui de la chasser à l’autour des palombes, le tout à l’arrêt d’un pointer des Bords du Yar. Le but de Camille et Pierre n’est pas de prendre une bécasse au vol accidentellement ou de façon hasardeuse.
Non, l’objectif est de devenir performant et de faire prise régulièrement ! La tâche est ardue, car il faut réunir toutes les conditions : arrêt du pointer, envol de la bécasse de façon à ce que l’autour la localise vite, une libération du rapace dans le bon timing pour qu’une fois libéré il rattrape sa proie, qu’il réussisse à en déjouer les crochets et enfin la capture. Les paramètres sont nombreux et difficiles à réunir, mais là est l’intérêt de cette quête.
CHASSER LE PLUS POSSIBLE EN TUANT LE MOINS POSSIBLE
Si certains ont fait du « chasser le plus possible en tuant le moins possible » une devise, on peut dire que notre équipe pousse le concept à l’extrême. Pour Pierre, l’objectif étant de se rapprocher du meilleur du chien, du meilleur de l’oiseau sur le roi des gibiers, et dans la plus belle région du monde aurait pu ajouter ce Breton un brin chauvin.
L’ÉQUIPE TYPE
Pour réussir ce pari fou, l’équipe se compose de Camille et son oiseau : « Mon autour des palombes est un tiercelet (on appelle ainsi le mâle chez certains oiseaux de proie, car il est plus petit d’un tiers que la femelle) âgé de 2 mues, répondant au nom d’Asta-buan qui, en Breton, signifie « dépêche-toi ». C’est un oiseau encore très jeune, qui manque d’expérience, mais qui démontre à chaque sortie ses aptitudes de chasseur.
Lorsqu’il est au poing, l’autour est toujours aux aguets, l’œil vif, scrutant tout mouvement, attentif au moindre passereau qui s’envole et aux déplacements du chien. L’instinct de prédateur se lit dans le regard glacial de cet oiseau. Pierre, lui, drive une très jolie petite pointer, Néraidochorie des Bords du Yar, âgée de trois ans et demi.
UN PREMIER ARRÊT
C’est donc dans ce bocage breton traversé de fonds de vallée humide, parsemé de bosquets de bois mêlés, ponctué de zones de fougères entourées de bouleaux, d’ajoncs, de chemins creux et de petits houx que nous partons à la recherche de la bécasse des bois. Nous arrivons en fin de saison et la belle connaît la musique. Mais Nérai connaît aussi bien son affaire, et n’en est pas à sa première bécasse bloquée. Elle entame sa quête.
Pierre, attentif au sonnaillon traditionnel, est aux aguets. Nos chasseurs sont habitués à arpenter ce beau territoire privé, et savent où se remisent les oiseaux, il ne faut donc que peu de temps pour voir le premier arrêt du chien.
AUTOUR AU POING
Camille, Asta au poing, reste toujours en retrait et se positionne de façon à ce que le prédateur ailé puisse voir l’ensemble de la scène, car même si nous savons que la bécasse est bien là, difficile de savoir où exactement, et si elle ne va pas profiter d’un bouquet de houx pour démarrer hors de vue. Pierre motive Nérai et la fait couler, quand, soudain, le bruit typique de l’envol d’une bécasse se fait entendre.
ÉCHEC
Mais où est-elle ? Envolée comme redouté sur la lisière de prairie derrière un rideau de bouleaux, elle fait un crochet et est enfin visible pour l’autour, qui libéré par Camille entame sa poursuite. Mais, la bécasse a déjà beaucoup trop d’avance, et quand Asta sort du bosquet, elle a disparu de l’autre côté de la prairie dans une autre zone boisée. L’autour abandonne et se branche.
DES INSTANTS DE LIBERTÉ TOTALE
Cette fois-ci, nous n’avons jamais perdu Asta de vue. Le milieu étant relativement ouvert, il n’y a pas de recherche à faire. Camille se rend sous l’arbre où se tient l’autour et l’appelle. Quelques fois c’est suffisant, mais pas aujourd’hui. Il faut sortir le leurre, une aile d’oiseau au bout d’une corde que Camille fait tournoyer pour capter l’attention du rapace et l’inviter à descendre au poing, pour y trouver une petite récompense. Le rapace descend au bout de seulement quelques minutes, ce qui n’est pas toujours le cas, certains oiseaux profitant un peu plus longtemps de ces instants de liberté totale.
Deux autres bécasses seront débusquées lors de cette matinée pluvieuse, sans plus de réussite mais quel plaisir de chasser avec ce rapace au regard aussi fascinant qu’inquiétant, à la recherche d’un oiseau difficile à chasser dans une si jolie région. L’objectif de notre quatuor est élevé, mais la passion qui les anime ne connaît pas de limite, la quête continue.