Les défis de Pierre-François PRIOUX, nouveau président de la Société de Vénerie

Les défis de Pierre-François PRIOUX, nouveau président de la Société de Vénerie

À l’heure où la chasse est contestée un peu plus chaque saison, il n’est pas besoin d’être grand clerc pour savoir que la présidence de la Société de Vénerie continuera à être celle de tous les défis. Pierre-François PRIOUX, son nouveau président, en a pleinement conscience.

Pierre-François a été élu président en mai dernier, succédant à Pierre DE ROÜALLE, qui a cédé le fouet après douze années d’une direction sans faille, et dans des vents souvent contraires. À l’inverse d’un certain nombre de ses prédécesseurs, Pierre-François PRIOUX n’est pas né dans le sérail ; il est même le seul président de l’ère contemporaine à avoir créé son propre équipage, le Rallye Tempête, qui découple sur la voie du chevreuil notamment en Seine-et-Marne.

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CHASSEUR AUX CHIENS COURANTS

C’est un peu par hasard, à la billebaude, que tout a commencé pour lui. Dans la Nièvre, au début des années 1980, Étienne PRIOUX, son père, chassait accompagné de ses deux fils avec des chiens courants, des griffons nivernais, vieille race de chiens de loup et de sanglier. Avec sa meute, il chassait en famille, à tir, puis à cheval, à courre, « pour écouter les chiens jusqu’au bout ». C’est à Cossaye, près de Decize (58), village dont les Prioux étaient originaires, que Pierre-François rencontra sa femme, Marie-Hélène.

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De gauche à droite, Pierre-François PRIOUX, accompagné de l’un de ses petits-enfants et sa femme Marie-Hélène.

TEMPÊTE DES DÉBUTS

Ils avaient en commun la passion de la chasse : chasse au chien d’arrêt du côté de Marie-Hélène, chasse aux chiens courants du côté de Pierre-François. Tous deux étaient cavaliers et enseignants, milieu où la chasse n’a pas vraiment bonne réputation ! Et c’est ainsi qu’en 1987, ils prennent la décision, pour le moins audacieuse, de créer leur propre équipage de vénerie, sous le nom de Rallye Tempête, en hommage à une chienne, griffon nivernais, de la meute familiale.

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LE CHOIX DU CHEVREUIL

Le choix de l’animal de chasse fut le chevreuil, un choix à la fois par défaut et par raison. En Seine-et-Marne, où étaient fixés les PRIOUX, existaient déjà deux équipages de cerfs et aucun de chevreuil. D’autre part, il était plus facile de se lancer dans la vénerie du chevreuil, qui exige moins de moyens. Il n’empêche, se souvient-il, « c’était une entreprise assez folle ».

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UNE AFFAIRE DE FAMILLE

Sa famille, son épouse et ses enfants, s’est investie dans la vénerie corps et âme, y sacrifiant vacances, temps et argent. On peut même dire dans la chasse tout court, car Pierre-François est également passionné de chasse à tir, notamment de petit gibier, avec une affection particulière pour le canard. Du Rallye Tempête, devenu l’un des meilleurs équipages de chevreuil en France (et l’on sait que nulle vénerie n’est aussi savante et délicate que celle-là), on peut dire qu’il a contribué à démocratiser la vénerie, facilitant son accès à de nouveaux venus qui n’en avaient ni la connaissance, ni les moyens. L’équipage découple toujours en forêt de Fontainebleau, d’Orléans et des Bertranges, dans la Nièvre.

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LE FONDATEUR DE NATURE & VÉNERIE EN FÊTE

À l’instar de Pierre DE ROÜALLE, le nouveau président est un homme de communication et de dialogue. À la fois maire de sa commune et enseignant professeur d’histoire-géographie, il a été pendant quinze ans délégué régional de la vénerie pour la région Centre-Île-de-France. N’est-ce pas lui qui a créé « Nature & Vénerie en Fête », qui rassemble 30 000 personnes chaque année au Grand Parquet de Fontainebleau ? Autant dire qu’il est parfaitement instruit des dossiers et conscient des enjeux et des problèmes auxquels il devra se mesurer dans une conjoncture difficile.

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VENTS CONTRAIRES

Ce n’est un secret pour personne que d’année en année la situation se complique pour la vénerie, cible de choix de la radicalité écologiste et de son bras armé, l’écoterrorisme, cible des outrances du bien-être animal, qui ne cessent de vouloir remettre en cause la légitimité même de ce mode de chasse. Et ce n’est pas avec l’arrivée à l’Assemblée nationale, notamment de l’antispéciste Aymeric CARON, que le calme va revenir. Arguments invoqués : il s’agirait d’une chasse rétrograde et cruelle, rappelant fâcheusement les privilèges d’un Ancien Régime auquel la Révolution a heureusement mis fin.

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À partir d’informations erronées ou biaisées, de faits déformés, une minorité de militants parfois agressifs est parvenue, grâce à un traitement médiatique souvent complaisant et de réseaux sociaux où le discernement n’est guère la règle, à diffuser assez largement leur idéologie auprès d’un public crédule et mal informé, à qui ils font croire que « chasser et tuer Bambi » relèverait presque d’une cour d’assises.

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LES IDÉES CLAIRES

Pour Pierre-François PRIOUX, le défi est simple : « Faire comprendre que la vénerie n’est pas seulement un héritage des temps anciens, mais que ce mode de chasse le plus conforme à l’écologie s’inscrit dans la modernité, qu’il est non seulement légitime mais qu’il est aussi utile à la biodiversité. Il est donc vital de communiquer pour dissiper les idées fausses et les clichés dont est victime la chasse à courre. On ne va pas se contenter de subir, on va prendre les devants et développer nos arguments. Maintenant, il nous faut mener nos actions en concertation avec la Fédération Nationale des Chasseurs, dont le président, Willy SCHRAEN, est solidaire de notre mode de chasse et, plus largement, avec l’ensemble du monde rural, dont nous partageons les intérêts et les soucis ».

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UNE VÉNERIE SOUPLE ET ADAPTABLE

Dans une société qui évolue de plus en plus vite, le défi de la vénerie du XXIème siècle est de prouver qu’elle est capable de s’adapter à un environnement changeant et contraignant, si ce n’est hostile, et de se montrer exemplaire quant à l’éthique de chasse. Bref, c’est le fameux « évoluer sans se renier ».

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Philippe PRIOUX, le fils de Pierre-François et Marie-Hélène, et la relève.

D’IMPORTANTES DÉCISIONS

Ainsi, durant l’été, au cours d’une réunion des maîtres d’équipage de cerfs, des décisions importantes ont été prises à cet égard :

  • Arrêter systématiquement les chiens dès lors que l’animal de chasse pénètre dans un village.
  • Ne pas servir les cerfs chassés avant la fin du brame.
  • Créer des zones de non-chasse dans des forêts périurbaines comme Rambouillet, Compiègne, Chantilly…
  • Dans ces mêmes forêts, ne plus chasser pendant les vacances scolaires, et plus après 13 heures.
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« Nous voulons montrer, martèle Pierre-François PRIOUX, que la vénerie sait prendre les mesures nécessaires en matière de rigueur et de discipline, fût-ce à ses dépens. On prendra peut-être moins, mais on chassera toujours. N’est-ce pas cela le plus important ? Chasser aujourd’hui, c’est préparer l’avenir de la vénerie pour nos enfants et nos petits-enfants. »

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Pierre-François PRIOUX entouré de ses petits-enfants.

GARDER L’ESPOIR

Reste une incertitude : quelle sera l’attitude, jusque-là ambigüe, flottante, du milieu politique et des ministres de tutelle ? À défaut de soutien, dont Emmanuel MACRON fit preuve lors de son précédent mandat, Pierre-François PRIOUX attend, pour le moins, qu’ils s’obligent à la neutralité et ne prennent de décisions qu’en toute connaissance de cause : « J’espère qu’ils ne céderont pas à la politique partisane, et que le bon sens et la réalité du terrain prévaudront. La vénerie reste ancrée dans le paysage rural français et doit perdurer. »

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Crédit photos : Jean-Louis MARIE