Aymeric et Willy…

Aymeric et Willy…

Entre nous, ça bouge. Et je ne parle pas des prémices de la migration estivale avec ses premières cohortes de bécassines. Non, ce qui nous inspire cette réflexion, c’est davantage le contexte politique agité de ces derniers mois, qu’un début de saison de chasse au gibier d’eau qui s’annonce d’ores et déjà contrarié par la grippe aviaire.

Dans notre dernier édito, prudence étant mère de sureté, nous n’osions nous avancer sur notre nouvelle ministre de tutelle, la pérennité de sa fonction étant plus qu’incertaine. Et en effet, telle une compagnie de bêtes noires dans un maïs laiteux, les élections législatives sont passées par là, retournant l’Assemblée nationale comme un labour, et stoppant net les ambitions écologiques d’Amélie DE MONTCHALIN, aussi fugace au ministère de l’Écologie qu’une sarcelle d’été en période de chasse. Souhaitons à son successeur Christophe BÉCHU, le maire d’Angers, d’être moins éphémère.

Le résultat de ces élections est révélateur de multiples fractures dans la société française, dont un gouffre entre les grandes villes et ce qu’on appelle désormais la France périphérique*, les petites villes de province et nos campagnes. L’Assemblée nationale voit donc arriver dans ses rangs de nouveaux députés, issus de partis ou mouvances jusque-là gardées à distance du pouvoir. La France redevient en quelque sorte un régime parlementaire.

Néanmoins, qu’il nous soit quand même permis de nous inquiéter de l’ascension politique de certaines personnalités. La plus emblématique sans doute de cette nouvelle espèce d’homme politique, et la plus inquiétante pour les chasseurs, et disons-le, tout ceux qui s’amusent à l’occasion avec une arme, c’est Aymeric CARON et son parti Révolution Écologique pour le Vivant (REV).

L'ANTISPÉCISME À L'ASSEMBLÉE NATIONALE

Ce dernier, même à dose homéopathique, pourra infuser ses idées parmi ceux qui font nos lois. Journaliste habitué des plateaux télé et autres émissions de radio, il a ses entrées partout. En effet, le côté « ami des Zanimos » n’inquiète pas ses confrères, enclins, pour capter une audience facile, à mettre sur un même ring le gentil et brillant Aymeric, et tout ce que la bien-pensance considère comme incarnant les forces du Mal : chasseurs bien évidemment, mais aussi pêcheurs, agriculteurs, éleveurs, bouchers-charcutiers, dresseurs, etc…

On comprend bien le raccourci facile jetant l’opprobre sur tous ceux qui osent, encore aujourd’hui, exploiter et même tuer des animaux. Mais le projet antispéciste ne s’arrête pas à réduire la consommation de viande. Il considère tout animal, de l’acarien à l’éléphant, comme l’égal de l’homme. Autant dire que posséder un animal de compagnie devient une forme d’esclavagisme. Et dans ce cas, bien plus de monde est concerné. En fait l’antispécisme et son pendant consumériste, le véganisme, ne sont pas que « gentillets ». Ils portent en eux, non pas un amour profond des animaux, mais plutôt une détestation de l’humanité.

Cette vision du monde a désormais droit de cité à l’Assemblée nationale, et il faudra aux défenseurs des rapports traditionnels hommes/animaux de la pugnacité pour y résister. Nous verrons bien si notre nouveau ministre de l’Écologie sera un allié des ruraux dans ces combats, mais rien n’indique qu’il puisse être complice de ces délires.

Arrivé au début d’un été qui s’annonce caniculaire, nous ne saurions que trop lui recommander d’axer plutôt sa politique sur le climat que le “bien-être” animal. Cela dit cette météo ne devrait pas être mauvaise pour la reproduction du petit gibier, grâce à une forte abondance de nourritures (insectes), et une bonne survie des jeunes, et ça c’est une bonne nouvelle.

Et pour conclure encore sur une touche électorale, relevons, même si c’était une formalité, la réélection de l’inamovible Willy SCHRAEN pour un second mandat à la tête de la Fédération Nationale des Chasseurs. Nous pouvons nous attendre à des passes d’armes savoureuses entre Willy et Aymeric, ces deux hommes que tout oppose, et dont le seul point commun est d’être natif du Pas-de-Calais.

* Essai du géographe Christophe GUILLUY paru en 2014.