Le chant du cygne du chant du coq ?

Le chant du cygne du chant du coq ?

Entre nous, nous ne pensions pas qu’en cette période de l’avent, la campagne s’inviterait autant dans l’actualité. Et nous ne parlons pas que du lancement de la liste Alliance rurale pour les élections européennes de juin prochain menée par le patron des chasseurs, Willy SCHRAEN. Bonne ou mauvaise idée, cette liste se veut le réceptacle de tous les mécontentements de ceux qui vivent à la campagne. D’ailleurs, plutôt que ceux qui y vivent, conviendrait-il plutôt de parler de ceux qui en vivent. En effet, il ne suffit pas d’habiter dans une petite commune pour se retrouver dans l’initiative de Willy SCHRAEN. Néo-ruraux ou non, beaucoup d’entre nous vivent à la campagne sans pour autant en vivre. L’initiative du premier chasseur de France concerne plutôt tous ceux dont le quotidien est lié directement à l’exploitation de la nature. Au-delà de loisirs ; la chasse ou la pêche, c’est bien la possibilité de continuer à vivre du fruit de leur travail qui est le véritable enjeu, la mère de toutes les inquiétudes pour les agriculteurs, éleveurs, forestier, etc. Pour tous ces gens, on marche vraiment sur la tête. Peut-être avez-vous d’ailleurs remarqué nombre de panneaux d’entrée ou de sortie de villes ou villages fixés à l’envers ? Sorte de protestation bon enfant, socialement plus acceptable que le blocage en tracteurs ou l’épandage de fumier sur chaussée, mais qui dénonce un monde à l’envers.

Hasard ou coïncidence, la même semaine, une proposition faisant écho à ces inquiétudes était déposée à l’Assemblée nationale. En substance, ce projet entend sanctuariser les usages ruraux établis de longue date et rendre impossible des recours devant les tribunaux. Car la justice, qui n’en a vraiment pas besoin, est de plus en plus engorgée par des demandes d’interdictions. Ici c’est un agriculteur qui se voit contraint de démanteler son élevage bovin bruyant et odorant, là c’est un autre obligé de remplacer sa chaudière à paille à l’odeur un peu âpre. En Suisse, c’est le son des cloches dans les alpages qui dérange, ou encore les croassements des grenouilles qui importunent de nouveaux habitants exigeant de reboucher la mare hôte de ces batraciens. Avant la COVID, déjà de nombreux urbains désiraient retourner à la campagne. Mais, que ce soit juste pour un week-end ou une installation définitive, la collision avec le mur des réalités est souvent source d’incompréhensions, puis de tensions. Nos campagnes comme nos villes sont des lieux de vie, avec chacun leurs propres « nuisances ». Aussi, que ce soit un succès ou un échec, l’Alliance rurale est surtout le révélateur d’une dérive démocratique faisant de la politique non plus une recherche de solutions mais seulement un entassement d’interdits. Sera-t-elle plus qu’une réaction sans lendemain à la dictature des plus nombreux sur les moins nombreux ? Nous le saurons en juin.

Mais, d’ici là, et tant que nous le pouvons, en cette période de fêtes, profitons des produits et traditions de nos terroirs, si possible à la campagne. Joyeux Noël à tous.