La saga BARDOU, Ep.4 : David, le grand frère

La saga BARDOU, Ep.4 : David, le grand frère

En France, David BARDOU est une personnalité incontournable du monde de la chasse. À l’international, il est l’un des meilleurs compétiteurs au fusil de chasse de sa génération. AIR & NATURE l’a rencontré et vous conte son parcours.

En février 2009, la maison RIVOLIER conviait la presse cynégétique sur un stand de Ball-Trap en région parisienne. Le but de l’importateur de la marque BLASER, à l’époque, était de mettre en valeur ses nouveautés. Cette mission, Alexandre VAN ROBAIS, le directeur de RIVOLIER l’avait confiée à sa nouvelle recrue : David BARDOU. S’il n’était pas encore son salarié (ce qui ne saurait tarder), un contrat de parrainage venait d’être signé entre les deux parties. Selon les termes de ce contrat, Il devait désormais représenter BLASER avec le fusil F3, dans les compétitions de Parcours de chasse et de Compak Sporting. Cette arme lisse était un peu la coqueluche du moment, dans le sillage de sa grande sœur R93 à culasse linéaire. La journée entière, sur le stand, les journalistes français assistèrent médusés aux démonstrations de David BARDOU arme à l’épaule. Tant aux plateaux, à l’arme lisse ; qu’au sanglier courant, à la carabine, il y a bien longtemps que le tir de chasse n’a plus de secret pour lui.

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Aux yeux de BLASER, en 2009, David BARDOU était le meilleur ambassadeur possible pour se lancer dans le « lisse ».

LA CHASSE ET SON HÉRITAGE

« Originaire du Lochois », comme il aime à le rappeler, David est né en 1973 dans le petit village de Reignac-sur-Indre. Fils de Didier BARDOU et frère de Charles, ce grand gaillard est tombé dans la marmite du tir et de la chasse quand il était petit. Dès l’âge de 8 ans, il faisait déjà preuve d’une infinie patience pour affûter les lapins de retour au terrier, sous les conseils de son grand père Alfred. Car avant d’être un tireur de génie, David est un chasseur. Enfant, avec son frère, de retour de l’école, les devoirs pouvaient attendre. Ils accompagnaient leurs ainés à la passée aux vanneaux. David trépignait aussi quand arrivait les week-ends où ils pouvaient rabattre cailles et perdreaux vers les anciens.

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À l’âge tendre, dans les années 70, notez le style impeccable du tireur qui, déjà, portait un casque de protection auditive. Un précurseur !

L’HOMME DE CHASSE

D’ailleurs, il aime à dire que s’il devait choisir entre la chasse et le Ball-Trap, c’est la chasse qu’il garderait. Depuis ses deux grands pères jusqu’à ses filles, et Hugo, son neveu, la chasse est le fil conducteur de la saga BARDOU. Aujourd’hui, sa chasse de prédilection du petit gibier va aux ramiers et à la sauvagine. Quand l’occasion se présente, il rallie aussitôt la Brenne afin de rassasier son appétit cynégétique.

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Sa passion pour la compétition ne l’a jamais emporté sur celle de la chasse.

Il y a aussi le grand gibier. « Je le chasse beaucoup, beaucoup, beaucoup… dès le mois de novembre, il remplace le petit dans mon cœur. Ce n’est pas que j’aime la chasse au gros, j’adore ! ».

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Formé à l’école du petit gibier, David excelle aussi à la carabine. Ce cerf, il l’a tiré pour ses 40 ans !

AUX LAPINS À LA 9 MILLIMÈTRES

« Papa, Charles, moi, on a tous commencé par la chasse. Selon une méthode progressive enseignée par mon père, j’ai débuté à la carabine à air comprimé. Ensuite je suis passé à la 9 mm Flobert, avec ses cartouches en papier dans la boîte MANUFRANCE orange. Aujourd’hui, l’apprentissage est souvent moins progressif, et beaucoup de gamins débutent avec un calibre 20, voire un 12. » Cette méthode, c’est celle qu’ont connue la plupart des gamins élevés à la campagne, jusqu’à il y a peu. On disait d’ailleurs des hommes qu’ils « naissaient avec un fusil dans leur berceau ».

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Avec son père Didier, son frère Charles, sa fille Angèle et son neveu Hugo.

Pour ses trois filles, Victoire 20 ans, Angèle 16 ans et Juliette 14 ans, David n’envisageait pas d’autre qualité de vie que celle qu’il a connue à la campagne. C’est la raison pour laquelle, il habite aujourd’hui à moins de 10 kilomètres de la maison qui l’a vu naître.

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David et ses trois filles, Angèle, Juliette et Victoire, et Purdey le chien de la famille, au nom bien choisi !

UN DÉBUT DE CARRIÈRE DANS UNE PRESTIGIEUSE ARMURERIE

Si David est un chasseur passionné, il n’en a pas moins un impressionnant palmarès de tireur. Il a évidemment croisé le tir sportif grâce à son père dès son berceau. Martine, sa mère, se souvient du petit réchaud de camping qui l’accompagnait au gré des compétitions de son mari Didier pour réchauffer le biberon de David. Aussi longtemps qu’il puisse se souvenir, lui revient l’écho de la voix de son père qui, dit-il, « hurlait pour appeler ses plateaux ! » La vision du premier fusil de Didier, aussi, « Un BROWNING B25 modèle pigeon-vivant, canon de 76 cm full/full, double détente, avec une crosse anglaise ! même pas col de cygne. Et ça marchait. »

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Grâce à ses parents Didier et Martine, David a baigné dans l’univers du tir depuis sa plus tendre enfance.

UN DÉBUT DE CARRIÈRE DANS UNE PRESTIGIEUSE ARMURERIE

Bientôt pour David, adolescent au milieu des années 80, voici venir le temps des copains, celui de la première mobylette pour se rendre au stand des ses parents, les Bruyères de Tours. De Parcours de Chasse, il n’en n’est pas encore question. Comme son père, ce sera la Fosse universelle.
Rapidement, David accède au haut niveau. Parallèlement à ses exploits sportifs, il obtient son diplôme d’armurier à l’école de Saint-Étienne. Entreprendre des études d’armurerie coulait de source pour David, son père lui ayant transmis le goût des belles armes. Quant à la passion du tir et de la chasse, inutile d’y revenir. David étant très manuel et habile de ses mains, il n’a pas envisagé une seule seconde, une autre formation que celle d’armurier. Son premier patron, en 1990, sera l’armurier Denis LEMOINE, le célèbre crossier de l’armurerie GASTINNE-RENETTE. « Denis, c’est un bon, il est mon frère spirituel », nous dira David.

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Denis LEMOINE dans ses œuvres, en train d’ajuster une ébauche de crosse à une bascule.

PREMIER CHAMPIONNAT DE FRANCE DE PARCOURS DE CHASSE

En parallèle, au début des années 90, Didier BARDOU emmène régulièrement en voiture son fils David et Jean-Paul MORDEFROID aux sélections, en vue de la constitution de la future équipe de France de Fosse universelle. Les deux deviendront bientôt des piliers de l’équipe de France, mais dans une autre discipline, le Parcours de Chasse.

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Chez GASTINNE-RENETTE, David s’occupait de calibres plus légers.

En 1993, quand il effectue son service militaire, une permission lui est refusée pour participer aux championnats de France de Fosse universelle. Qu’à cela ne tienne, son père l’accompagnera au championnat de France de Parcours de Chasse à Bergerac cette même année. De cette discipline, il n’a alors d’expérience que le tir de chasse des perdreaux et des faisans autour de la ferme familiale du Temple. Ce qui est un peu court pour se frotter aux meilleurs tireurs français. « Je n’avais même pas un fusil adapté » se souvient David « j’ai dû échanger à un voisin ma carabine 7×64 contre un BENELLI automatique S90 canon 12/10ème ! Et un gars m’a filé des cartouches WINCHESTER PC 36 grammes. »

AUCUN PLATEAU CASSÉ AU PREMIER POSTE !

Au premier poste du premier parcours, le score de David est sans appel : 0/6 ! Pas un plateau de cassé. « Faire autant de kilomètres pour tirer comme une brêle c’est bien la peine », lui dit son père. Piqué au vif, David fera le plein sur les deux postes suivant pour terminer à 19. « Au parcours suivant je rate le premier et le dernier plateau, avant d’enquiller par 4 ou 5 vingt-cinq d’affilé. Finalement je terminerai quatrième de la compétition, au scratch, sur environ 600 tireurs. » Cette histoire est sans doute unique dans l’histoire des tirs aux fusil de chasse. Mais, avec David, force est de constater que l’histoire se répète.

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David n’est pas le tireur le plus titré de sa génération, mais il est sans conteste l’un des plus talentueux.

PREMIÈRE SÉLECTION EN ÉQUIPE DE FRANCE DE PARCOURS DE CHASSE : VICE-CHAMPION D’EUROPE

En effet, en 1998, lors des championnats d’Europe de Parcours de Chasse, David BARDOU fait partie de l’équipe de France aux côtés de Thierry BAZIN, Philippe MARTY et Jean-Paul MORDEFROID. Impressionné par l’évènement, David décide de « tirer pour les copains sans regarder son score. » Quand l’avant-dernier jour, quelqu’un le prévient : « David tu es premier ex-aequo avec les Anglais George DIGWEED et Richard FAULDS… Je passerai peut-être la pire nuit de ma vie. » David terminera deuxième derrière DIGWEED, le tireur le plus titré de l’histoire, et, devant FAULDS, l’unique tireur à avoir été à la fois champion du monde de Parcours de chasse et champion olympique de Double-trap. Il faudrait un bottin pour cataloguer les aventures sportives de David BARDOU. Aussi, nous nous contenterons d’évoquer simplement la première sélection de David et Charles, ensemble, en équipe de France en 1998, à Vilamoura, au Portugal, comme leur premier titre mondial de Parcours de chasse obtenu en 2014, avec Alain GENDREAU et Christophe AUVRET, un exploit jamais réédité par des tireurs français !

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Charles, David, et Didier, leur père, l’esprit de famille jusque sur les podiums.

UN PROFESIONNEL AVERTI EN VAUT DEUX

Côté professionnel, après GASTINNE-RENETTE, David enchaînera plusieurs postes, à l’armurerie FRANCE DELAROCHE à Orléans, puis pour NATURE & ÉMOTIONS à Lamotte-Beuvron. Il sera ensuite 4 ans commercial chez LAPORTE, le fabricant de lanceurs de Ball-Trap. Cette transition marquera son trait d’union professionnel avec l’activité qui est la sienne aujourd’hui, chez RIVOLIER. Ses dirigeants lui offriront l’opportunité de se rapprocher de sa famille en lui proposant le poste de directeur de KETTNER à Tours. Hélas, en France, c’était le chant du cygne pour la célèbre enseigne. Et David demeurait seul au magasin avec une secrétaire en attendant la fermeture définitive.

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Avec un BLASER F3 calibre 28, remarquez l’économie gestuelle. Le canon épouse exactement la trajectoire : le signe des grands tireurs. Le puller en paraît stupéfait !

Suite à la fermeture de l’armurerie KETTNER, David s’occupera de commercialiser les produits ALEXANDRE MAREUIL en plus de la promotion des armes BLASER. Quand on lui demande pourquoi il n’a pas ouvert sa propre armurerie, on sent poindre des regrets. Il a bien failli, il avait même trouvé un associé, mais sans stock, et les banques ne suivant pas, il a dû renoncer. Mais l’atelier, travailler de ses mains pour les clients lui manquent un peu. Et puis, c’est sûrement le destin qui a mis RIVOLIER sur son chemin et a décidé de son avenir professionnel. Aujourd’hui, David passe le plus clair de son temps à sillonner avec entrain 24 départements, vendant un peu tous les produits : jumelles, vêtements, armes de poing… aux armuriers et stands de tir. Mais, laissons l’hommage de conclusion à son frère Charles : « Si mon goût pour le Ball-Trap me vient de papa ; mes victoires, c’est à David que je les dois. »

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Les deux frères, Charles et David, l’alliance parfaite de la gagne et du talent.