Christophe AUVRET, le Ball-Trap en héritage

Christophe AUVRET, le Ball-Trap en héritage
Crédit photo : Bernard PROUST

Lorsqu’on s’intéresse au Ball-Trap, il est impossible de ne pas connaître Christophe AUVRET. Gérant du club de la Rapée, tireur d’exception, père de Lya, nous mettons la lumière sur ce discret tireur pourtant habitué à être sous les plus hautes marches des podiums.

AIR & NATURE : Christophe AUVRET, à quel âge avez-vous commencé à tirer ?

Christophe AUVRET : À 10 ans, je tirais les rats qui venaient trainer au fond du jardin, derrière les clapiers à lapins. À l’époque, nous habitions la campagne d’Évreux et j’avais une vielle carabine MANUFRANCE de 12 mm un peu rouillée. Je me souviens encore des petites cartouches de 9 grammes que je glissais dans la culasse verrou. J’adorais cela ! Par la suite, j’ai accompagné mon père, et j’aimais tirer les ramiers au vol.

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Un beau premier tableau de chasse de ramiers !

A&N : Quel gibier votre père chassait-il ?

CA : Il chassait et chasse toujours le grand gibier en forêt de Beaumont-le-Roger (27), ainsi que le petit gibier dans les environs d’Évreux. Il aimait également pratiquer le ball-trap pour s’entraîner à la chasse. Je l’accompagnais régulièrement. Le Ball-Trap m’a toujours plu. Nous nous rendions en fin de semaine au club de l’ASPTT d’Évreux au bois de l’Ogre à Claville, un petit club sympathique qui était à 15 minutes de la maison.

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L’ASPTT d’Évreux a accueilli Christophe AUVRET et son père.

Ainsi, de fil en aiguille, lui et moi avons participé à des compétitions en Normandie. Lors de manifestations cynégétiques à Auteuil ou Chambord, nous admirions les tireurs professionnels (FFTP) qui initiaient les spectateurs à la pratique du Ball-Trap.

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À 12 ans, Christophe AUVRET s’initie au Ball-Trap sur les pas de tir de la Fédération Française de Tir Professionnel.

A&N : Et vous avez continué à chasser ?

CA : Oui, bien sûr. Ma préférence va au grand gibier que j’aime traquer dans les forêts normandes avec mes quatre labradors et un drilling MERKEL de calibre 20 et 30-06 pour le canon rayé. Je me rends également en Pologne deux fois par an pour chasser le chevreuil à l’approche, et le cerf au brame.

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Beau trophée de cerf tiré au brame en Pologne.

A&N : Vous avez rapidement obtenu des succès en compétition junior ?

CA : J’ai effectivement remporté quelques titres nationaux de Parcours de chasse et de Compak Sporting. Mon meilleur souvenir est d’avoir remporté en junior le championnat d’Europe en Espagne, en 1999. C’était une compétition internationale importante. Malheureusement, je n’ai jamais obtenu le titre mondial, contrairement à mon confrère Charles BARDOU. À cette époque, il était déjà mon concurrent et n’a jamais cessé de l’être en senior.

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Premiers pas de tir au Parcours de Chasse.

A&N : Vous avez rapidement dirigé un club de Ball-Trap renommé ?

CA : Effectivement, mon père a dû constater que j’étais beaucoup plus intéressé par le Ball-Trap que par les études. Il a pensé que je pouvais en vivre. C’est ainsi qu’en 2001, lorsqu’il a su que la gérance du club de la Rapée à Gisors (27) était à céder, il s’est rapproché de son propriétaire M. FIDELANGELLI, pour en négocier le contrat. Et je me suis retrouvé gérant du club, une lourde responsabilité alors que je n’avais que 18 ans. Je lui dois une fière chandelle.

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Le club de Ball-Trap de la Rapée, au nord-ouest de Gisors et de Paris.

A&N : Le club de la Rapée n’avait-il pas une réputation de club de stars ?

CA : Effectivement, la proximité de Paris fit qu’il y eut une belle clientèle à la Rapée. On m’a rapporté que Michel MALLORY, parolier de Johnny HALLYDAY aimait fréquenter le club. Dans son sillon, la star Johnny venait également tirer, parfois accompagné de sa bande de copains en HARLEY-DAVIDSON ! L’acteur chanteur et musicien français Ticky HOLGADO, proche de CLAUDE FRANÇOIS et fidèle ami de Johnny, aimait également pratiquer le ball-trap. Plus récemment, nous recevions régulièrement le ministre David DOUILLET et son fils.

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Johnny HALLYDAY et son parolier Michel MALLORY fréquentaient le club de la Rapée dans les années 1975/1980.

A&N : Avez-vous pratiqué le tir au Skeet et à la Fosse ?

CA : Peu à l’entraînement et jamais en compétition. J’évite la Fosse Universelle car il faut partir épaulé, ce qui est contraire aux règles du Parcours de Chasse. Toutefois, il m’arrive de tirer sur des skeets ou des fosses si les postes sont décalés, et en commandant les plateaux, le fusil désépaulé.

A&N : Avez-vous ressenti des paliers dans votre progression ?

CA : En junior, je n’étais pas suffisamment performant pour remporter le championnat du monde. Au sein des seniors, il m’a fallu du temps, beaucoup travailler et m’entraîner pour accéder au haut niveau. Ce n’est qu’à partir de 26 ans que j’ai commencé à me sentir beaucoup plus fort.

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En junior, sur le stand du Rabot en Sologne.

A&N : Qu’est-ce qui vous a fait progresser ?

CA : Je pense que c’est un tout. Il est certain que mon entourage familial soudé m’a aidé à me stabiliser. Mais, du point de vue de la pure technique sportive, je me suis retrouvé très seul. Je savais qu’il fallait que je progresse pour devenir un vrai champion, et pouvoir remporter au Scratch des championnats de France ou du monde. Ce n’était pas une mince affaire.

A&N : Comment avez-vous fait ?

CA : Dans les années 2000, c’était le début des vidéos sur YouTube. J’avais pour idole Richard Faulds, un immense champion anglais de tir au Sporting (Parcours de chasse). Il était très médiatisé outre-Manche et venait de remporter la médaille d’or en Double-trap aux Jeux olympiques d’été de 2000 à Sydney, ce qui n’était pas rien. J’aimais sa personnalité, et je trouvais exemplaire la précision et la fluidité de sa gestuelle dans le tir de chasse. J’ai commencé à visualiser toutes ses vidéos. Je le regardais tirer, épauler et je l’ai copié ! Je me suis dit que pour progresser, il fallait que je fasse comme lui, mais à ma façon évidemment. J’avais déjà de la pratique et je n’ai eu qu’à adapter sa technique à ma façon de tirer. Je faisais tout cela seul, tranquillement dans mon club, et dès lors, je n’ai cessé de progresser. Sa technique a fonctionné !

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Richard FAULDS pose devant son école de tir à Longparish, près de Winchester au Royaume-Uni.

A&N : Quelle est cette technique ?

CA : Richard FAULDS est un exemple de simplicité, rapidité et fluidité. Il déplace très peu son canon et va à peine chercher les oiseaux. Sitôt jugés, les plateaux sont tirés. C’est un des rares champions à épauler franchement à l’avance et imaginer le déplacement en amont de la trajectoire. Il anticipe la correction à réaliser dans son cerveau. Lorsqu’il épaule, il n’a plus qu’à appuyer sur la détente.

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A&N : Pourtant, le vieux « queue-tête-pan » est toujours la technique de George DIGWEED, le tireur le plus titré de l’histoire du tir. N’a-t-elle pas fait ses preuves, notamment par grand vent ?

CA : Attention, sur les trajectoires faciles, disons des plateaux de type « chasse » à environ 20 mètres, je pointe encore la mire sur le plateau, et je pousse un peu mon canon devant pour faire une petite correction de 20/30 cm. Mais au-delà, à partir de 30/40 mètres et pour les trajectoires qui nécessitent de grosses avances, je contrôle toujours par devant. Je pense que c’est une évolution du tir en mouvement.

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« Je sais exactement quelle correction réaliser avant de commander mon plateau ».

A&N : Comment faîtes-vous techniquement ?

CA : Depuis l’âge de 27 ans, et j’en ai 40, je m’entraîne ainsi à épauler et pointer devant le plateau, avec exactement l’avance que j’ai prévue. Cette avance dépend de la distance de tir, de son angle et de la vitesse du plateau. Cela peut-être 20 cm comme 4 mètres de correction ! Il me suffit de regarder et analyser le plateau que je vais tirer. Mon cerveau a enregistré tellement de trajectoires qu’il sait calculer précisément cette avance.

A&N : Le « queue-tête-pan » permet pourtant de maîtriser le vent ?

CA : C’est vrai, mais aujourd’hui 90% des compétitions se tirent sans vent. C’est une constante du tir de chasse en hiver. Mais pour nous, les compétitions sur plateaux d’argile se déroulent essentiellement au printemps ou en été. En cas de forte bourrasque, il faut évidement envisager l’aléa de la trajectoire et en calculer la correction. Je reconnais que sur des gibiers, les changements de directions peuvent être imprévisibles, instantanés et incalculables, mais sur nos plateaux ce n’est pas le cas. On réussit souvent à anticiper. Et de toute façon, en cas d’orage ou de tempête, le tir au vol est très difficile quelque soit la méthode choisie !

A&N : Quel est le titre dont vous êtes le plus fier ?

CA : Sans hésitation, le score de 198/200 que j’ai réalisé au championnat du monde de Parcours de Chasse qui a eu lieu à Orville, dans le nord de la France en 2011. Tout me réussissait. C’était à mon avis une performance exceptionnelle.

PALMARÈS DE CHRISTOPHE AUVRET

  • 2 fois champion du monde Parcours de chasse 2011 et 2018, en France.
  • Champion du monde de Compak 2010, en Espagne.
  • Champion du monde de Sportrap 2016, en Angleterre.
  • Plusieurs fois champion d’Europe de Parcours et Compak.
  • Plusieurs fois champion de France Compak et de Parcours.
  • Vainqueur de l’Euro Shooting Cash 2022.

A&N : Comment l’expliquez-vous ?

CA : Dieu avait prévu que c’était mon jour. Ça ne s’explique pas, c’était un jour de grâce. Si je le savais, j’aurais pu répéter cette performance aux autres mondiaux chaque année, mais malheureusement non…

A&N : Votre fille Lya commence à faire parler d’elle ?

CA : Oui et j’en suis très fier. Alors qu’elle n’avait que 12 ans, elle me dit un jour « Papa j’aimerais essayer de tirer comme toi. Ça me plaît. » Dès lors, je l’ai équipée d’un calibre 12 mais avec des cartouches TUNET « Initiation » de 21 grammes, celles qui reculent très peu. C’était parti pour elle, et Lya m’a épaté !

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Lya AUVRET, vêtue ici d’un gilet CAESAR GUERINI Syren, suit les pas de son père avec succès.

La prochaine saison, j’aimerais participer à un maximum de compétitions avec elle, de sorte qu’elle puisse rapidement progresser. Elle n’a que 14 ans, mais réalise déjà de belles performances aussi bien au Parcours qu’au Compak. Pour la petite histoire, elle est souvent en concurrence avec Hugo BARDOU, qui a exactement le même âge qu’elle. Quant à moi, je suis en concurrence avec son père Charles BARDOU. Cela nous motive tous les deux !

A&N : Quels sont vos objectifs pour la saison 2023 ?

CA : Comme chaque année, j’aimerais remporter un titre lors des quatre grosses compétitions internationales : les championnats d’Europe et Monde de Parcours de Chasse ou de Compak Sporting. J’aimerais également gagner un championnat de France, car c’est toujours une belle performance.

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Christophe AUVRET en action en juin dernier, lorsqu’il fut finaliste et grand vainqueur de l’Euro Shooting Cash 2022 au Sologne Shooting Club, près de Lamotte-Beuvron.

A&N : Quel est votre équipement (fusil et cartouches) pour tirer en compétition ?

CA : Il y a six ans, j’ai choisi par goût un fusil CAESAR GUERINI Invictus 3. Il me tombait bien à l’épaule et j’avais de bonnes sensations. C’est d’ailleurs le même fusil qu’utilise Richard Faulds. Il est en canons de 81 cm, chokés ¾ et ¾. Je tire avec ce fusil des cartouches FIOCCHI F Black n°7,5 en 28 g pour le Parcours, et des Fiocchi 4HV n°8,5 en 28 g pour le Compak. J’ai fait ce choix car pour cette dernière discipline les trajectoires sont plus rapprochées qu’au Parcours.

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A&N : Pour en revenir à votre club, où se trouve le club de la Rapée, et qui peut y adhérer ?

CA : C’est un club qui existe depuis 50 ans. Il est situé au milieu des bois au nord-ouest de Gisors et de Paris, à la limite de l’Eure et de l’Oise. L’accès est libre aux chasseurs et à tous ceux qui souhaitent s’entraîner au tir de chasse, selon le niveau de chacun. Deux à trois séances par an suffisent généralement pour rapidement progresser. Nous proposons également des formules d’abonnement pour les personnes les plus assidues. Le club est ouvert tous les jours de 9h à 12h15 et de 14h à 18h30, sauf le mardi et mercredi matin.

A&N : De quelles installations disposez-vous ?

CA : Le club n’a cessé d’évoluer depuis sa création. Aujourd’hui, les installations comprennent :

  • Neuf espaces de tir sur lesquels sont installés 16 lanceurs. Sur chacun des espaces sont tracés deux Parcours de chasse, soit un total de 18 Parcours de chasse pour 140 lanceurs. On y trouve une tour de 10 mètres, une tour rentrante de 25 mètres, des rabbits, chandelles, battues, loopeurs… dont les trajectoires rappellent le tir des gibiers. Les difficultés sont adaptées au niveau de chacun.
  • Trois Fosses de cinq lanceurs placés sous vos pieds qui projettent des plateaux d’argile devant le tireur avec des trajectoires fuyantes, gauche, droite, rasante, haute… comme lors d’une chasse devant soi.
  • Un pas de tir au sanglier courant sur une piste de 40 m de longueur, avec silhouette d’un sanglier ou chevreuil fixée sur un rail pouvant simuler une course de 30 km/heure. Cette discipline peut se pratiquer avec un fusil de chasse ou avec une carabine. Tir sur rendez-vous, uniquement en semaine.

A&N : Et pour conclure, nous nous sommes laissés dire que vous organisiez un évènement pour vos 40 ans ?

CA : Oui, pour l’occasion j’organise un concours anniversaire avec 120 tireurs attendus les 11 et 12 novembre prochains, ouverts à tous les licenciés ou chasseurs intéressés. Vous êtes les bienvenus.

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CONTACT

Christophe AUVRET
Ball-Trap club de la Rapée
27340 Saint-Denis-le-Ferment
Tél. : 02.32.55.11.96
Mail : auvret.christophe@gmail.com
Site officiel : www.larapee.fr