Du goudron et des plumes

Du goudron et des plumes

Entre nous, la fête a failli être belle. Pour les chasseurs, deux bonnes nouvelles coup sur coup, ça n’arrive pas tous les jours. La première, c’est la condamnation de la LPO (Ligue de Protection des Oiseaux) à verser 7000€ à la Fédération Nationale des Chasseurs. L’association entendait plumer la FNC comme une alouette, au motif que cette dernière avait osé publier une brochure dans laquelle elle faisait part des actions des chasseurs en faveur de la biodiversité, et utilisait pour cela des photos d’oiseaux. La LPO avait attaqué au tribunal la FNC, contestant son droit à se prétendre écolo, et surtout à publier des images d’oiseaux. Le juge ne l’a pas entendu de cette oreille, et a débouté Allain BOUGRAIN-DUBOURG* et ses amis de leur tentative de privatisation des piafs, et de chasse aux dommages et intérêts. On est loin d’une condamnation au goudron de Norvège** et aux plumes, mais c’est une petite victoire pour les chasseurs. Seulement, entre-temps, l’association charognarde a eu sa revanche puisque, suite à sa saisie du Conseil d’État, elle a obtenu que les nouveaux arrêtés permettant quelques chasses traditionnelles soient cassés. Tenderies et matoles sont ainsi interdites jusqu’à nouvel ordre. Et la seconde bonne nouvelle alors, me direz-vous ? Il est vrai que la première a une saveur un peu amère.

VERS UNE RÉFORME DE L'INDEMNISATION DES DÉGÂTS DE GRAND GIBIER

Et bien, le même Conseil d’État a, cette fois, saisi le Conseil constitutionnel afin de vérifier si le système d’indemnisation des dégâts de grand gibier était compatible avec la Constitution. Pour faire simple le Conseil d’Etat s’interroge sur le bien-fondé d’un système qui fait supporter l’intégralité d’une facture à une catégorie de personnes, en l’occurrence les chasseurs, qui ne sont pourtant pas les seuls responsables des coûts engendrés. On peut en effet s’étonner, même s’il existe des raisons historiques, que ce soient les mêmes personnes qui règlent un problème et sa facture. Imagine t’on le plombier payer notre facture d’eau ? Sans doute est-ce une étape importante vers la réforme de ce système qui avait été mise en suspens par le COVID-19. On peut légitimement espérer que la note de presque 80 millions d’euros soit partagée, et donc la part des chasseurs allégée, car personne n’a intérêt à ce que le système s’effondre, à commencer par le monde agricole. Une remise c’est toujours une bonne nouvelle !

* président de la LPO
** attractant pour sangliers