Santé !

Santé !

Entre nous, quelle belle période ! Une fois passées les ouvertures générales, l’effervescence ne retombe pas chez les chasseurs en octobre. Et lors de ces belles journées d’arrière-saison, les pas de tir des clubs de ball-trap résonnent encore des salves des compétiteurs, ou de simples chasseurs venus conforter leurs acquis. Octobre, c’est le mois de tous les possibles ! Derrière son chien d’arrêt sur les traces des perdrix, en suivant ses courants sur la voie du lièvre, au poste à l’affût des migrateurs, en palombière ou à la hutte, à l’écoute des ultimes raires des cerfs, dans l’attente de la bête noire se défilant sous le chêne vert, de Dunkerque à Perpignan, de Brest à Strasbourg, le fusil, la carabine ou le fouet en main, tous les chasseurs sont à la fête. De telles possibilités, ça s’arrose ! Mais avec modération !

Car, justement, la nouvelle qui agita le plus le Landernau cynégétique, et plus généralement les médias ces dernières semaines, c’est le rapport commis par les sénateurs et leurs trente propositions pour sécuriser la chasse (voir notre article), dont l’interdiction de l’alcool à la chasse. Alors, certes, les sénateurs enfoncent des portes ouvertes, et ouvrent largement le parapluie pour s’éviter, si tant est que cela soit possible, les foudres des anti-chasse. Mais, réjouissons-nous surtout que ce rapport fasse le constat d’une très nette amélioration de la sécurité à la chasse et des pratiques des chasseurs. Aussi est-il étrange que les médias aient mis en exergue la seule proposition d’aligner l’alcoolémie à la chasse sur celle du code de la route. Davantage que les honorables élus, c’est le traitement médiatique qui en a été fait qui alimente le cliché éculé du chasseur ivrogne passé à la postérité avec le cultissime sketch des Inconnus.

Trente ans après, nous avons pu interroger Didier BOURDON, l’un des célèbres Inconnus, pour connaître son point de vue. L’acteur participait à un tournage dans l’Oise, où il endossait à nouveau une casquette de chasseur pour le tournage du film Chasse gardée, comédie sur les rapports chasseurs/parisiens. Nous vous en dirons plus bientôt, mais l’acteur nous a bien rappelé qu’il s’agissait d’un sketch et que, par définition, pour activer les ressorts comiques, il fallait grossir les traits bien au-delà du réel. Un sketch n’est pas un documentaire. Et la star d’affirmer que les chasseurs n’étaient ni plus moins alcooliques que le reste de la société, mais plutôt, plus sympas. Nous nous sommes quittés avec l’assurance que ce film entendait réconcilier tout le monde.

Ainsi, puisqu’en octobre rien ne semble impossible, relevons cette information dont il vaudrait mieux rire, si elle n’était révélatrice d’extrêmes tensions dans la société française. Un collectif qui s’est baptisé « les Sangliers syndicalisé.es » s’en est pris aux pelouses du golf de Saint-Cloud, symbole selon leur point de vue des loisirs des riches qui seraient responsables des problèmes écologiques et sociaux : « Nous revendiquons ce sabotage au nom de la lutte pour l’écologie et en soutien à la mobilisation syndicale du 29 septembre… les sangliers ont décidé de s’attaquer aux loisirs des riches pour qu’ils ne trouvent pas le repos. Bourgeois, votre tranquillité est finie : nous ne vous lâcherons pas. Tant que nous n’aurons pas la justice, vous n’aurez jamais la paix ». Nous serions curieux de connaître l’opinion de ces justiciers sur les chasseurs et les tireurs, mais cette rhétorique ressemble beaucoup à celle des militants d’AVA, qui s’en prennent à la chasse à courre. Pour user d’une même dialectique souhaitons que ces sympathiques penseurs ne se muent pas en Blaireaux emprisonné.es qui auraient eux-mêmes creusé leur trou.

Par les temps qui courent, l’accès aux pompes, qu’elles soient à bière ou à essence, devient un vrai défi. Alors, tant que nous pouvons, trinquons à la santé des sangliers de tout poil… mais avec modération !