Dans les coulisses du tournage de « Chasse Gardée »

Dans les coulisses du tournage de « Chasse Gardée »

Nous vous en parlions ces dernières semaines, une comédie avec pour trame de fond la chasse s’est tournée en Picardie. AIR & NATURE a pu accéder aux coulisses forestières du tournage et rencontrer l’acteur principal, bien connu des chasseurs, l’inconnu Didier BOURDON. Silence, on tourne !

C’est une belle journée de septembre en forêt de Compiègne (60), le soleil darde ses rayons au travers de feuillages encore verts, et au loin le brame d’un cerf retentit. Il y eut des attentes plus désagréables pour les journalistes présents et les personnels de la fédération locale des chasseurs, qui ont été autorisés à accéder au lieu du tournage. Dans la futaie, une foule de techniciens s’affaire.

Dans les coulisses de "Chasse Gardée" : photo 2

UN ROBOT SANGLIER

Il ne s’agit pas d’une superproduction hollywoodienne, mais la logistique déployée pour cette comédie française impressionne le néophyte. Alors que nous sommes guidés pas le directeur de la production vers le premier « plateau » de tournage, une masse de poil mouvante nous interpelle. C’est un animatronique de sanglier créé pour la circonstance. Franck, le maître de la « la bête » fait une retouche sur le pelage. Le robot exhibe une paire de défense comme peu de chasseurs ont eu l’eu l’occasion d’en observer.

Dans les coulisses de "Chasse Gardée" : photo 3

COMME SUR DEUX PLATEAUX

Alors que nous discutons tout en patientant avant de rencontrer la star du film, la voix de Frédéric FORESTIER, l’un des deux réalisateurs, intime à tout le monde le silence. Une scène va se tourner…

Dans les coulisses de "Chasse Gardée" : photo 4

Gentiment, la production nous propose de nous rendre sur la « plateau 2 » pour rencontrer le second réalisateur, Antonin FOURLON. En chemin, nous laissons passer un 4×4 moteur vrombissant, sur lequel des caméramans et preneur de sons sont juchés pour réaliser une scène dynamique.

Dans les coulisses de "Chasse Gardée" : photo 5

Sur son écran de contrôle, Antonin FOURLON visionne la scène filmée depuis le 4×4. Un acteur hurlant, carabine à la main, traverse l’écran. Sitôt cette énième prise effectuée, le jeune co-réalisateur nous accueille avec bienveillance. D’ailleurs, la bienveillance est ce qui selon lui devrait caractériser ce film. En plus de la réalisation, Antonin FOURLON est aussi le scénariste de Chasse gardée. À ce titre, il nous dévoile la trame de l’histoire.

Dans les coulisses de "Chasse Gardée" : photo 6

LE « PITCH » DU FILM

« Camille LOU et Karim JEMILI, un couple de jeune parisiens en mal d’air pur après des mois de confinement lié au COVID, décide de s’installer dans un joli petit village. Au début tout va bien, ils sont très bien accueillis, c’est le paradis. Mais, à l’ouverture de la chasse, ils découvrent que leur terrain est soumis à une « servitude » et que les chasseurs y chassent souvent, ce qui leur occasionne quelques désagréments. La jeune femme demande à son père, grand avocat parisien joué par Thierry LHERMITTE, de monter un dossier pour chasser les chasseurs. Celui-ci se rend sur place, et est invité par ces même chasseurs à un repas. Contre toute attente, ils sympathisent mais, en repartant en fin de soirée, l’avocat oublie le dossier sur la table. Les chasseurs découvrent la manœuvre, la guerre est déclarée ».

Dans les coulisses de "Chasse Gardée" : photo 7

À la lecture de ce topo, et avec en mémoire le sketch des Inconnus, les chasseurs pourraient être inquiets de l’image qui sera donnée d’eux. Mais, Antonin FOURLON nous rassure aussitôt. Le scénariste du film nous révèle qu’il est lui-même chasseur… et parisien, deux facettes antinomiques en apparence que cette comédie tourne en dérision. Au final, tout s’arrange, car le but de Chasse gardée est de réconcilier tout le monde. Nous verrons bien à sa sortie, mais la sincérité du réalisateur nous a convaincu que ce n’était pas un écran de fumée destiné à masquer une caricature grossière.

Dans les coulisses de "Chasse Gardée" : photo 8

UNE STAR DU BOUCHONNOIS

Sur ces entrefaites, on nous informe que Didier BOURDON est tout disposé à discuter quelques minutes avec nous. Nous nous rendons immédiatement dans une clairière où sont garés beaucoup de véhicules, ainsi que les loges des acteurs. Sur l’un de ces mobil-homes est inscrit le prénom de Bernard, le personnage joué par Didier BOURDON, qui est le président de la société de chasse dans le film. La star ne se fait pas attendre et nous propose de nous attabler au soleil.

Dans les coulisses de "Chasse Gardée" : photo 9

Toute star qu’il est, Didier BOURDON se révèle tout de suite très abordable et répond à toutes nos questions, à commencer par la plus évidente : « C’est quoi un bon et un mauvais chasseur ? ». Sans doute habitué à la question, il nous répond qu’à la chasse comme en toute chose, un bon, c’est celui qui chaque jour se remet en question, interroge sa pratique. « La chasse c’est une passion mais elle ne doit pas tourner à l’obsession, et elle ne doit jamais être une échappatoire à autre chose ». Pour lui, il faut garder un esprit sportif et savoir s’arrêter. En cela, il juge « bof » toute artificialisation de la pratique et notamment les lâchers de gibier. En clair, « un mauvais chasseur c’est celui qui aime plus tuer que la chasse en elle-même ».

Dans les coulisses de "Chasse Gardée" : photo 10

BÉCASSE AUX CHAMPIGNONS

Il est temps pour Didier BOURDON de rejoindre le tournage mais, chemin faisant, la conversation continue. Et l’acteur de nous livrer que s’il avait été chasseur, la bécasse aurait eu ses faveurs, avec un cocker. Cependant, bien que le temps lui manque, quitte à pratiquer ce genre de loisir, il aurait plutôt été pêcheur. Établissant un parallèle avec la recherche des champignons, Didier BOURDON nous révèle qu’il a été, un temps, inscrit au cercle mycologique de Reims. Avant de nous quitter pour rejoindre le tournage et les figurants, il nous lâche « Vous savez, votre problème à vous les chasseurs, c’est que vous êtes des gens très sympas ». Et à en juger par l’accueil que lui réserve les figurants chasseurs, il a parfaitement endossé ce rôle.

Dans les coulisses de "Chasse Gardée" : photo 11

DE VRAIS CHASSEURS POUR FIGURANTS

Pour figurer des chasseurs, la production a fait appel à de vrais chasseurs par l’entremise de la Fédération des chasseurs de l’Oise. Les figurants que nous avons pu interroger se disent tous comblés par cette expérience, et le bon accueil et la simplicité dont fait preuve toute l’équipe du film. Jessica, chasseresse et éleveuse de setters irlandais en Picardie ne dit pas autre chose, témoignant de la complicité qui s’est notamment nouée avec Didier BOURDON, que tous les figurants appellent Président.

Dans les coulisses de "Chasse Gardée" : photo 12

Mais justement, il est temps de les laisser rejoindre leur « président » pour le tournage d’une scène. Les prises et les essais pyrotechniques s’enchaînent. Quel cinéma !

Dans les coulisses de "Chasse Gardée" : photo 13

RENCONTRE EN FORÊT

Pour ne pas gêner le tournage, nous nous replions sur un buffet dressé en pleine forêt où, entre deux tranches de brioches, nous faisons connaissance avec une autre star du film, Hakim JEMILI. L’humoriste alsacien nous convie ne rien connaître à la chasse avant ce tournage, mais avoir été agréablement surpris par notre univers. Et s’il est peu probable qu’il passe son permis de chasser, au moins semble t’il partager un intérêt commun avec Didier BOURDON pour les champignons, en l’occurrence quelques jolis petits cèpes trouvés sur les lieux du tournage.

Dans les coulisses de "Chasse Gardée" : photo 14

En quittant la forêt, nous jetons un œil curieux au fusil que le « président » épaule devant l’objectif des caméras. Production française oblige sans doute, c’est en fait un mixte VERNEY-CARRON. Un film vraiment made in France !

Dans les coulisses de "Chasse Gardée" : photo 15

UN DÉCOR DE CINÉMA

Avant de reprendre le chemin du retour, nous nous arrêtons à quelques encablures, là où sont tournées les scènes autour de la maison de la discorde. En y regardant de plus près, on remarque que cette maison cossue a été totalement maquillée par les décorateurs du film. Les façades, très avenantes au demeurant, ont été recouvertes de panneaux pour la rendre plus rustique. Autre constatation stupéfiante, un faux potager recouvre une piscine. Ah, la magie du cinéma !

Dans les coulisses de "Chasse Gardée" : photo 17

Le temps de saluer les figurants et papoter un peu chasse, nous quittons définitivement le tournage de Chasse gardée. De manière assez incroyable, au loin, un cerf brame dans l’axe de l’allée devant la maison, voulant sans doute figurer au casting de cette production.

Dans les coulisses de "Chasse Gardée" : photo 18

Rendez-vous courant 2023 pour la sortie du film et notre verdict !