Au tir, la valeur n’attend pas le nombre des années

Au tir, la valeur n’attend pas le nombre des années

Entre nous, on marche sur des œufs ! Le 20 février dernier, en limite du Cantal et de l’Aveyron une jeune chasseresse, dans des circonstances que l’enquête de gendarmerie n’a pas encore éclairées, tire sur un sanglier et atteint mortellement Mélodie CAUFFET, une jeune randonneuse de 25 ans, qui se promenait sur un sentier avec son compagnon.

Toute l’équipe d’AIR & NATURE ne peut que compatir à la douleur insondable des proches de la victime dont les vies ont pris, en ce jour tragique, un bien triste chemin, de surcroît sous les projecteurs médiatiques. Nous pensons aussi à l’auteur du coup de carabine et ses proches. Sous le coup d’un émoi bien compréhensible, mais aussi opportunément exploitée par quelques politiciens, l’opinion exige des réponses immédiates, pour que plus jamais un tel drame ne se produise. Et pour ces politiques, les réponses ne peuvent être que des interdits, solutions faciles à des problèmes dont ils ignorent tout. L’interdiction de la chasse les week-ends et pendant les vacances scolaires refait évidemment surface. Mais comme la malheureuse jeune femme qui tira le coup mortel a 17 ans, les « experts » réclament aussi l’interdiction de la chasse pour les mineurs. Et les bonnes âmes de s’offusquer « comment un enfant peut-il être autorisé à manier un objet de mort » ?!

Mais, sauf à interdire totalement toute chasse, ce qui risquerait de poser d’autres problèmes, les solutions évoquées n’annihileront pas le risque d’un accident mortel. La formation à la sécurité est la solution la plus efficace, comme l’atteste la baisse des accidents de chasse de ces dernières décennies (sources OFB*). D’aucuns pourront le contester en considérant que cela est dû à la diminution du nombre de chasseurs, mais l’explosion en parallèle des populations de grand gibier, et partant du nombre de balles tirées, auraient pu au contraire engendrer davantage d’accidents. L’examen du permis de chasser, de plus en plus axé sur la sécurité, ainsi que les messages sécuritaires martelés par les fédérations, ont permis une prise de conscience salutaire. Mais le contexte actuel, pré-électoral et de contestation de la chasse, exige des propositions, et chacun y va de son initiative. Comme évoqué juste avant, c’est un travail de fond et sur le long terme qui a contenu les accidents de chasse. Or la dernière loi chasse a renforcé l’arsenal sécuritaire, par l’obligation d’une formation, et aussi la possibilité pour les fédérations de retirer le permis à un chasseur responsable d’actes dangereux. Avant de vouloir prendre de nouvelles mesures, au moins faudrait-il déjà mettre en œuvre celles décidées par cette loi.

AVANT DE PRENDRE DE NOUVELLES MESURES, FAUDRAIT-IL DÉJÀ METTRE EN ŒUVRE CELLES EXISTANTES

Mais, sous le coup d’une telle pression sociétale et médiatique, la raison est inaudible. Alors, puisque que le temps est aux propositions, nous risquons celle-ci. Comme la majorité des accidents est due, soit à une émotion mal maitrisée, soit un défaut de manipulation de l’arme (29% d’auto-accidents), autrement dit à un déficit de maitrise et/ou d’expérience, le sillon à privilégier serait de faciliter la pratique du tir. À rebours des désirs des « anti-tout », c’est en démocratisant le tir, que l’on obtiendra une plus grande maitrise du plus grand nombre, et des tirs plus sûrs. Et afin de faire hurler davantage les tenants de la bonne conscience, nous devrions faciliter cet apprentissage pour les plus jeunes. Je me souviens d’une enfance pas si lointaine, où le tir à la carabine à air comprimé était pratiqué à l’école primaire. Bannies des cours d’école, ces armes, sous la vigilance d’un instructeur compétent, mériteraient d’y faire leur retour. Tout moniteur de tir sait que mettre dans les mains d’un enfant une arme n’en fait pas un psychopathe, mais suscite au contraire concentration, responsabilisation, et maîtrise de soi.

Au-delà de formations, utiles mais théoriques, sur la sécurité, la pratique est indispensable, à commencer par celle du Ball-Trap et du sanglier courant. Plus les chasseurs seront entrainés, plus ils seront efficaces, et donc sûrs à la chasse. Alors en attendant ce monde meilleur, et profitant des beaux jours, rendons-nous dans les clubs et sur les pas de tirs.