Un champion du monde de Parcours de Chasse français. Champagne !

Un champion du monde de Parcours de Chasse français. Champagne !

Le 18 juillet dernier, Gaël POINSOT était sacré champion du monde de Parcours de Chasse, la discipline de tir qui fait le mieux le lien entre chasse et tir. Rencontre avec un champion au milieu des vignes de Champagne.

Un champion du monde de parcours de chasse français : photo 2
Gaël POINSOT se considère parfois comme un amateur parmi les pros du Ball-Trap. Il est avant tout un viticulteur champenois.

La route serpente au milieu du vignoble. Gaël POINSOT stoppe son véhicule sur un point haut et me montre les grappes et les feuillages altérés par l’oïdium et le mildiou. Les conditions climatiques du printemps et de l’été ont sérieusement affecté les vignes, et le viticulteur prédit une baisse de production d’au moins 30%, voire plus pour les vendanges 2021. Gaël nous confie bien s‘en sortir, grâce à des choix mesurés. Il se dit adepte d’une viticulture raisonnée, en ayant récemment adhéré à la démarche Haute valeur environnementale (HVE) mais ne cède pas aux sirènes du tout bio. C’est peut-être là que se trouve les clefs pour devenir champion en tout domaine, trouver le juste équilibre.

UNE IMPRESSION DE JUSTESSE ET D'ÉQUILIBRE

Et depuis quelques heures que nous discutons, c’est bien cette impression de justesse et d’équilibre qui se dégage de ce solide gaillard de 33 ans. Lorsque nous l’interrogeons sur les qualités qui font un champion de Ball-Trap, il évoque bien sûr, mais avec une humilité non feinte, des aptitudes naturelles, mais aussi l’envie, et surtout la rigueur. « Il faut s’entraîner efficacement ». Gaël est membre du Paris Shooting Club, à 225 km de son Aube natale. Autant dire qu’il ne peut s’y rendre tous les jours, ni même toutes les semaines.

Un champion du monde de parcours de chasse français : photo 3
Chez les POINSOT, le tir est une affaire de famille. Ne manque sur la photo que Léopold, parti pêcher chez ses grands-parents.

Du coup lors de ses entrainements, il nous confie ne pas enfiler les perles et travailler les trajectoires, sa concentration et son mental, comme s’il était en compétition. Car notre champion tire environ 7000 cartouches par an. Ce qui peut paraître beaucoup pour le commun des mortels, est somme toute très mesuré pour un champion du monde. Le médaillé de bronze en Skeet Olympique aux derniers JO tire plus de 100 000 cartouches par an ! D’ailleurs, et en dépit d’un impressionnant parcours (depuis 2006 il est membre de l’équipe de France / Club France  Parcours et Compak Sporting, et il a obtenu 7 fois le titre de maître tireur), il confesse que bien peu auraient misé sur lui pour le titre, et qu’il se considère un peu comme un amateur parmi les pros. Aussi, afin de pouvoir néanmoins s’entraîner régulièrement, Gaël se rend au stand de Dijon.

LA CHASSE ET LE TIR, UNE AFFAIRE DE FAMILLE

Et c’est parfois en couple qu’il s’y entraîne, puisque Anne, son épouse, est aussi une compétitrice. Ses études, elle est pharmacienne, puis la naissance de leurs deux garçons l’ont éloignée des pas de tir. Mais, elle ne cache pas son désir de s’y remettre avec assiduité au plus vite. Disant cela, Louis, 4 ans, court rejoindre son père au milieu des ceps, un petit fusil en plastique sur l’épaule. Dans ses pas, Naya, la flat coated retriever de la famille remonte les rangs.

Un champion du monde de parcours de chasse français : photo 4
Cette famille de chasseurs ne serait pas au complet sans Naya, la flat coated retriever.

Je suppose que ce beau retriever doit rapporter beaucoup de gibiers, ce qu’Anne et Gaël me confirment. Car tous les deux sont bien évidemment chasseurs. Lorsque je demande à Gaël s’il tire aussi bien à la chasse qu’en compétition, c’est Anne qui répond. Avec un sourire qui en dit long, elle nous affirme qu’il vaut mieux ne pas être son voisin de poste. Notre champion chasse partout où il lui est donné de sortir le fusil. C’est un PERAZZI MX 2000S qu’il utilise aussi bien au Ball-Trap qu’à la chasse, pour tirer les grives dans ses vignes, les bécasses dans les bois de Champagne ou le petit gibier en Sologne.

AUTANT PASSIONNÉ PAR LE GRAND GIBIER

Bien que spécialiste du tir au fusil de chasse, le grand gibier le passionne tout autant, et sa BLASER R8 Ruthenium rate rarement sa cible. D’ailleurs, quand nous évoquons ses meilleurs souvenirs de chasse sous un cerf naturalisé dans son local de chasse, c’est le tir de son premier cerf en Champagne, dès ses 16 ans, ou encore ses premiers sangliers, un triplé au même âge, qu’il nous cite. Oui, la barre est assez haute ! Et si Gaël assume totalement d’être un prédateur d’une redoutable efficacité, il semble pourtant avoir déjà passé un cap.

Un champion du monde de parcours de chasse français : photo 5
Un fusil de champion, le PERAZZI MX2000 S en calibre 12 avec lequel en plus du titre de champion du monde en individuel il le fut aussi par équipe, avec l’équipe de France Sénior.

Empruntant le chemin que nous sommes nombreux à suivre, l’instinct de prédation qui habite la plupart des jeunes chasseurs, a déjà, chez lui, cédé le pas à une volonté de transmission tout aussi farouche. Que le petit Louis et son grand frère Léopold, 8 ans, mais absent aujourd’hui –il est chez ses grands-parents maternels à la pêche-puissent l’accompagner, afin qu’ils soient instruits des valeurs de la terre, voilà sa volonté. Et l’on sent poindre chez l’homme sincère, comme une sorte de désespoir, lorsqu’il évoque les attaques dont sont victimes aujourd’hui les ruraux. Il ne comprend pas que, ce qui pour lui relève de l’ordre naturel des choses, soit remis en cause par une part grandissante de la société française.

UNE FAROUCHE VOLONTÉ DE TRANSMISSION

Chassant ses sombres pensées nous lui demandons pour conclure notre entretien quels conseils il pourrait donner aux chasseurs désireux d’améliorer leur tir. « Oh, je pense qu’il faut surtout être bien formé. Le tir, comme tout, s’apprend, et on gagnerait tous à pousser la porte d’un club de tir pour demander les conseils d’un moniteur. Et puis aussi, il ne faut pas prendre à la légère le choix de son matériel et sa bonne mise à conformité. Toutes ces choses que l’on néglige souvent, et qui pourtant font gagner un temps précieux, et évitent de prendre de mauvaises habitudes ».

Un champion du monde de parcours de chasse français : photo 6
Gaël souhaite plus que tout que Léopold et Louis puissent tirer, chasser, pêcher, cultiver dans une ruralité respectée.

Avant de retraverser le vignoble de champagne, nous lui adressons tous nos vœux de futurs succès, qu’il saura dignement arroser avec la production maison !