Quand la chasse s’invite dans notre langue

N’a-t-on jamais cherché à « donner le change » dans une situation délicate, lorsque nous étions « aux abois » par exemple ? N’avez-vous jamais voulu répandre une bonne nouvelle « à cor et à cri » ? Ou « sonner l’hallali » pour annoncer une victoire ? À défaut de vouloir répondre à ces questions, penchons-nous sur l’origine souvent méconnue de ces expressions, toutes issues pourtant du monde de la chasse.
En effet, lorsqu’un animal est poursuivi lors d’une chasse à courre, il peut tenter notamment de mettre les chasseurs sur la piste d’un autre animal en croisant sa voix. Sauvée, cette bête aura donc réussi à « donner le change ». Cela signifie plus généralement que l’on a donné de faux indices, lancé quelqu’un sur une fausse piste…
Durant une chasse à courre, chacun a son rôle à jouer, veneurs comme chiens courants. Si une situation le nécessite, il faut se prévenir impérativement les uns les autres, en sonnant du cor et en criant, afin de garantir la bonne compréhension de l’information à donner. Si vous aussi vous voulez que tout le monde soit au courant de votre dernier tableau, dites-le donc « à cor et à cri » !

Lorsque ce sont les veneurs qui prennent l’ascendant, c’est souvent grâce à leurs chiens qui ont encerclé le gibier et prévenu leurs maîtres par leurs aboiements : la situation est donc désespérée pour l’animal traqué, il est « aux abois », comme nous le serions dans pareille situation !

C’est alors que vient le moment de « sonner l’hallali », c’est-à-dire d’annoncer la victoire et la mise à mort de l’animal. Ce mot est en fait une contraction de « haler à lui », signifiant au départ « exciter les chiens après lui – (en l’occurrence le gibier traqué) ». Il s’agit donc de sonner du cor, encore lui, d’une manière caractéristique, reconnaissable entre tous les veneurs présents. Cette expression est devenue, au sens large, un synonyme d’annoncer une fin inéluctable.