Les gonczy polski : le courant polonais venu de l’Est

Un vent venu de l’est de l’Europe souffle sur la Lorraine, en ce dimanche de novembre. C’est au son des voix symphoniques des chiens courants polonais, ou gonczy polsky, que nous partons chasser le sanglier.
Nous retrouvons Robert THOUVENIN et les chasseurs des ACCA de Maizières et de Viterne pour une journée de chasse aux sangliers en battue. C’est sous l’affixe des Grands Brouillards que Robert a structuré sa meute depuis 2015. Elle comprend aujourd’hui six chiens. C’est à la suite d’un article dans la presse cynégétique qu’il a découvert cette race, encore confidentielle en France à l’époque.

DES GRANDS BROUILLARDS VENUS DE L’EST
Originaires des montagnes du sud-est de la Pologne, ces chiens sont endurants et pugnaces. Le gonczy est le plus souvent noir et feu, mais peut également être de robe marron (chocolat) et feu, ou encore fauve rouge. Leur taille ne peut excéder 59 cm pour les mâles, les femelles étant généralement un peu plus petites.

DU LANCER… À LA LIGNE DE TIR
Trapu, compact, à l’ossature forte, le gonczy n’en demeure pas moins très vif et mobile, toujours à l’écoute, attentif à tous les bruits proches ou lointains. On le sent chasseur passionné, prêt à rallier ses congénères à tout moment. Fin de nez, il sait trouver la voie du sanglier assez facilement, allant souvent à l’essentiel.

DU LIÈVRE AU CERF
Preuve est faite au bout de seulement quelques minutes, alors que la meute pénètre un sous-bois dense à la topologie accidentée et pentue, l’un des chiens semble prendre une voie chaude et commence à s’exprimer, très vite rallié par ses deux équipiers. La menée est belle, les gonczy donnent de la voix et ne sont pas loin du gibier. Effectivement, les premiers coups de carabines retentissent. Le sanglier a franchi la ligne. Le chien courant polonais est un chien très polyvalent, il est tout aussi efficace sur sanglier et cervidés que sur renard et lièvre.

DE COURTES MENÉES
Une fois la sortie de l’enceinte signifiée par les chasseurs postés, Robert rappelle ses chiens. Il ne faut que quelques coups de pibole pour voir revenir tous les membres de la meute. C’est là aussi une des grandes qualités de ces chiens, ils font des menées assez courtes et il est rare de devoir les attendre bien longtemps, ce qui en fait l’auxiliaire le mieux adapté aux territoires arpentés par l’équipage, qui n’excédent que rarement les 200 ha.

PRUDENTS AU FERME
Au ferme, ils savent être patients et tenir le gibier en attendant leur maître, dague ou épieu à la main, mais sans être trop hargneux et trop au contact, même si parfois l’effet de meute peut les conduire à commettre quelques petites imprudences.

UNE MENÉE AU POIL
De retour, les chiens se remettent au travail. Le sous-bois se densifie, nous sommes sur des massifs forestiers portant encore les stigmates de la tempête de 1999. Mais, il en faut plus pour arrêter l’équipe des Grands Brouillards, les voilà de nouveau sur les traces d’un gibier. Cette fois, c’est une compagnie qui est chassée, elle tourne dans le sous-bois épais pendant quelques minutes et finit par sortir sous la pression des gonczy polski qui la harcèlent. Une fois encore, ils mèneront le gibier jusqu’à la ligne, gratifiant traqueurs et postés d’une musique à faire dresser les poils, suscitant une émotion que seules les meutes de chiens courants peuvent procurer.

DES CHIENS FACILES À CONDUIRE
Chaque jour de chasse, Robert se félicite d’avoir choisi cette race de chien. Ses courants polonais lui donnent entière satisfaction, leur intelligence et leurs aptitudes naturelles à la chasse les rendent faciles à conduire.

UN PEU JALOUX
En dehors des sous-bois et une fois leurs gilets de sécurité enlevés, ils se révèlent être des compagnons très affectueux, voire fusionnels avec leur maître. De cette qualité découle peut-être un semblant de défaut qui est la jalousie vis-à-vis des autres chiens.

EXCELLENT CHIEN DE GARDE
Outre ses grandes capacités de chasseur, le gonczy polski peut se révéler être un redoutable et très efficace chien de garde, cette aptitude provient probablement de sa méfiance naturelle. Au premier contact, il reste à distance, pouvant même se montrer menaçant vis-à-vis d’un étranger. La journée de chasse se termine avec une dernière menée derrière une nouvelle compagnie, mais cette fois sans réussite à la ligne. La fin de battue retentit, les chiens de Robert ont démontré, encore aujourd’hui, tout leur savoir-faire et ont régalé les participants. Bon vent à l’élevage des Grands Brouillards !
AUX ORIGINES DE LA RACE

On trouve trace de chasse aux chiens courants dans la littérature polonaise, dès le XIIIème siècle. Particulièrement appréciée de la noblesse, ce type de chasse n’a depuis jamais cessé d’être pratiqué dans ce pays. C’est après la Première Guerre mondiale que fut rédigé le premier standard de la race par Jozef PAWLUSIEWICZ, célèbre cynophile polonais et utilisateur de chiens courants dans la région montagneuse des Basses Carpates (région sud-est de la Pologne). La race puise ses origines dans le brachet polonais, chien assez lourd, et un ancien courant à la construction plus légère.
En France, la race gonczy polski est intégrée au sein du club des chiens courants d’Europe de l’Est (CCEE).
La 1ère Nationale d’élevage des chiens courants d’Europe de l’Est, organisée en 1997 à Cambrai sous la tutelle du Drahthaar Club réunissait 5 slovensky kopov, 2 erdelyi kopo et 1 dachsbracke, et ce n’est qu’en 2011 qu’apparaitront les premiers gonczy polski lors de la nationale de Châteauvillain.
Le CCEE devient autonome à partir de 1999.

En 2004 la Société centrale canine prononce l’affiliation définitive du Club des chiens courants de l’Europe de l’Est qui regroupe alors :
- Le chien courant Slovaque (slovensky kopov).
- Le basset des Alpes (dachsbracke), originaire d’Autriche.
- Le chien courant de Transylvanie (erdelyi Kopo), originaire de Hongrie.
- En décembre 2010, le chien courant polonais rejoint ses cousins de l’Est au sein du CCEE.
La race a été reconnue par la Fédération cynologique internationale en 2006 à titre provisoire, puis le 7 novembre 2017, de façon définitive.