Le TLD, utile à la chasse ?
A priori, qui peut le plus peut le moins, aussi la pratique du TLD (Tir à longue distance) pourrait sembler utile à la chasse, mais il faut garder à l’esprit qu’elle s’exerce à des distances qui n’ont rien à voir avec les tirs de chasse.
On me demande de traiter ce sujet et mes réponses risquent de ne pas plaire à beaucoup. Je vais essayer de le faire honnêtement ce qui pourra ouvrir la porte à un suivi plus poussé.
LE TIR À LONGUE DISTANCE : UN TERME GALVAUDÉ POUR UNE DISCIPLINE RÉSERVÉE À UNE « ÉLITE »
Pour simplifier on dira que le TLD débute au-delà des 600 m, certains disent 1000 m. C’est une discipline qui n’a rien avoir avec la chasse y compris de montagne. Pratiquée de façon confidentielle, certainement moins de 1% de l’ensemble tireurs-chasseurs, en raison de structures accessibles quasi inexistantes, elle est, pour la grande majorité, plus un fantasme nourri par le mythe du « sniper » qu’une réalité. Toutefois, elle a généré une technologie et une économie qui a certains impacts sur le tir de chasse, qu’ils soient positifs ou négatifs.
Nous ne parlerons pas des armes. Toutes les carabines de chasse permettent de faire but, avec au moins une munition bien choisie, à des distances que le bon sens réprouve. Le maillon faible reste le tireur.
LES APPORTS PRATIQUES ET POSITIFS AU TIR DE CHASSE
Le premier apport est purement « intellectuel » : c’est la découverte pour beaucoup des lois « simplifiées » de la balistique et qu’une balle subit diverses forces qui s’allient pour qu’elle n’arrive pas où on veut qu’elle aille. La DRO (distance de réglage optimale) reste efficace dans 98% des cas mais la correction exacte est appréciable pour les 2% restants. Tout comme une bonne gestion du vent lorsqu’on dépasse les 250 m et que celui-ci forcit (montagne, grandes plaines). Bien que souvent encore mal compris et mal utilisé, le chasseur a découvert le tir en site, le coefficient balistique, les différentes formes d’ogives des balles, l’intérêt ou pas d’un arrière fuyant, etc…
Cet intérêt l’a amené à investir dans le chronomètre, premier apport technique utile en TLD ou en chasse, appareil magique qui remet les pendules à l’heure lorsqu’on veut tirer loin mais pas seulement. Une fois qu’il s’est rendu compte qu’il lui faudrait « cliquer », il a acheté une lunette avec des tourelles sans capuchons, accessibles sans outils, qu’il a appris à tourner. Ces lunettes sont le second apport technique du TLD à la chasse. Les réticules balistiques n’ont rien à voir avec le TLD, ce ne sont que des simplifications approximatives pour ceux qui n’apprennent pas.
Chronomètres et tourelles idoines associés à une bonne compréhension de l’environnement, qui vient de la pratique, sont les deux apports vraiment utiles du TLD à la chasse, auquel j’ajouterais le logiciel balistique simplifié, en insistant sur le fait que sans chrono, il est inutile, et les corrections seront fausses. Cela vaut aussi pour certaines usines à gaz à télémètre et correcteur de trajectoire intégrée. Qu’on ne voit pas chez les tireurs…
Plus que tout, pour ceux qui veulent vraiment progresser, le TLD démontre que l’entraînement reste la clé. C’est à mon avis l’apport essentiel de cette discipline à la chasse.
APPORT NÉGATIF
Je ne peux passer sous silence le mythe du tireur longue distance et l’apparente facilité montrée par des vidéos (parfois bidonnées) qui donne à certains l’illusion qu’ils peuvent faire but à plus de 500 mètres en payant pour la technologie.
Malheureusement, sans entraînement régulier à tirer loin et sans compréhension de la balistique élémentaire, il est illusoire de rêver toucher et tuer proprement. La chasse n’a rien à voir avec le tir sur cible ou le tir militaire. Nous avons des obligations « éthiques », surtout aujourd’hui, il faut le garder en tête et au cœur.