Garder la ligne

Il ne s’agit pas d’une leçon de diététique, pas plus qu’un cours d’instruction militaire, mais de rappeler l’importance de savoir rester bien aligné en mouvement, lors de chasses collectives.
À la chasse, une ligne marchante est constituée de plusieurs chasseurs qui, idéalement, progressent de concert, et à égale distance les uns des autres, pour chasser devant soi ou rabattre le gibier sur les postés. L’alignement des troupes est la préoccupation principale du chef de ligne. Il est impératif dans un double souci de sécurité et d’efficacité. L’importance de l’alignement est fondamentale aussi bien en plaine qu’au bois, mais encore plus aiguë pour ce dernier. Il convient de ne pas oublier le marais, où il est fréquent que cinq ou six chasseurs et leurs chiens remontent un carré, dans l’espoir de lever quelques bécassines.

ATTENTION AUX ANGLES DE TIR
L’alignement est avant tout un facteur de sécurité. En effet, quelques mètres d’avance ou de retard réduisent les angles de tir des voisins, et augmentent les risques d’imprudences. Ainsi, il apparaît normal, par sécurité et par politesse, de ne pas tirer un animal sous le nez de son voisin, mais d’attendre un peu que le gibier s’éloigne pour le tirer lorsqu’il a dépassé une zone délimitée par des angles de 30°. À la chasse du grand gibier, la règle des 30° vise à limiter les conséquences dramatiques de possibles ricochets. Ces derniers sont au moins aussi fréquents avec une gerbe de grenaille. Ainsi pour éviter tout problème, il est judicieux de s’obliger à ne tirer que les animaux partant ostensiblement droit devant, ou derrière nous.

Mais, s’ils sont autorisés à chasser, lapin, faisan ou bécasse, il faut scrupuleusement veiller au bon alignement des troupes.
VOIR PLUS DE GIBIER
Après s’être assuré que personne ne peut recevoir une volée de plomb, il importe de voir comment expédier cette grenaille vers un gibier. Le maintien de l’alignement permet de lever et de voir davantage d’animaux, car il n’y a pas dans ce cas de brèche dans laquelle peut s’engouffrer le gibier. Mais il faut alors ajouter, au parfait alignement, un écart tout aussi parfait entre chaque traqueur. Tous doivent veiller à se trouver à mi-distance de leurs voisins. Cet idéal agencement des troupes, doublé d’arrêts fréquents, devrait mettre plus de gibier à l’essor, et faciliter les tirs.

Nous avons vu que garder la ligne devrait être une évidence. Pourtant, il n’est qu’à voir certains traqueurs agglutinés dans la traque pour réaliser que l’efficacité de la chasse est moins leur souci que d’échapper aux épines du gros roncier devant eux. Mais, ce qui est plus grave, c’est que beaucoup ne comprennent pas qu’en progressant n’importe comment et sans se soucier des autres, ils génèrent des risques. En partant du principe que chacun est attentif aux autres, voyons comment obtenir et maintenir cette ligne.

DES CONSIGNES BIEN COMPRISES
Les instructions d’avant chasse sont donc indispensables. Il est impératif de rappeler à l’ordre celui qui ne les écouterait pas et continuerait à discuter avec son voisin lors du briefing. S’il n’est pas discipliné à ce moment, il est peu probable qu’il le soit lors de la chasse. Supposons maintenant que tous les chasseurs ont été bien attentifs aux instructions, les ont donc bien comprises, et sont très disciplinés. Pour autant, il importe de sans cesse être attentifs aux autres.

REPÉRER SES VOISINS EN PERMANENCE
La ligne sera maintenue par la vue et la voix. Deux points étant toujours alignés, il suffit de veiller à être toujours sur la ligne ainsi désignée. Les ailiers ne peuvent se servir de cette méthode car ils n’ont qu’un seul voisin. Mais comme il leur appartient d’imprimer le rythme et la direction, c’est de leur progression que dépendront celles des autres. Il faut cependant placer des gens habitués à ces postes, car dans le cas contraire on risque d’obtenir des rythmes de marche différents à gauche et à droite, et de fait une progression en lame de guillotine. Dans certains cas, ce peut être un bon moyen pour obliger les animaux à partir d’un côté plutôt que de l’autre. En forêt, des layons pour se réaligner constituent un plus indéniable. En milieu ouvert, on peut toujours voir ses voisins et bien au-delà. Alors qu’au bois et en milieu très dense, on est déjà content lorsque l’on aperçoit les deux plus proches.

PAR LE SON ET LA VOIX
Sans pour autant hurler, il est souvent nécessaire de se manifester par la voix. Quand la végétation est épaisse et que la vue n’est d’aucun secours, quelques « hop à droite » et « hop à gauche » permettront de garder le contact et un semblant de ligne droite. En cas de décalage important dû souvent à un fourré très épais, le responsable ne doit pas hésiter à faire arrêter la marche. Encore faut-il pour cela que les traqueurs empêtrés se manifestent. Quelques appels à l’aide de piboles ne sont pas superflus. De plus, lors des chasses au grand gibier, les téléphones et talkies walkies sont autorisés, et peuvent être utiles pour le bon déroulement de la traque. En revanche, trop de bruits nuit à une bonne communication au sein de l’enceinte et à l’efficacité de la chasse. Seuls les chiens devraient être autorisés à aboyer.

En puisant dans ces différents conseils, il vous sera aisé de maintenir de belles lignes de chasses pour le plus grand succès de vos billebaudes et battues, en toute sécurité.