Des agriculteurs sachant chass’haies
Nous vous en parlions dans notre édito d’octobre, le gouvernement français lance un vaste programme de promotion, préservation et plantation de haies, dont les valeurs environnementales, paysagères, mais aussi agronomiques et écologiques ne sont plus à démontrer. Nous avons pu assister à un exemple d’implantation sous l’égide de la Fédération des Chasseurs et du Département du Nord.
À la Sainte-Catherine, tout bois prend racine dit le proverbe. Certes, le 25 novembre est souvent une date appropriée pour les plantations, mais elle n’est pas à prendre au pied de la lettre. En fait, en fonction des régions, de la nature des sols, de la météo, particulièrement des pluies et du gel, toute la période hivernale constitue un moment propice aux plants, particulièrement l’implantation de haies. Mi-décembre, nous avons été conviés avec la presse locale, par les chasseurs et élus du département du Nord qui, main dans la main, n’ont pas attendu pour répondre au souhait gouvernemental de restaurer des haies, et financent et coordonnent ces opérations depuis plusieurs années.
C’est dans l’est du Cambrésis que l’opération du jour est menée. L’endroit est bien choisi. Dans ces paysages de grandes cultures céréalières, les rationalisations agricoles ont bouleversé les paysages, depuis les années 50. Si les haies n’y ont jamais été très nombreuses comme dans l’Avesnois tout proche, la taille des parcelles a été considérablement agrandie et, en conséquence, les lisières, talus, bandes enherbées, et autres arbres et arbustes disséminés de-ci de-là, anéantis. La prise de conscience assez ancienne de la perte écologique que cela représente ne suffit pas à endiguer le phénomène, et l’injonction productiviste faite à nos agriculteurs et toutes les contraintes absurdes qu’on leur impose relègue au second plan ces aspects environnementaux. Ainsi, la perte nette de linéaires de haies est encore aujourd’hui d’environ 23 000 km par an au niveau national.
Loin des gesticulations médiatiques des écologistes politiques, il est particulièrement instructif de rencontrer des acteurs de terrain qui agissent concrètement pour notre environnement et investissent du temps et de l’argent pour concilier les injonctions contradictoires d’une société qui veut toujours consommer plus pour moins cher, tout en « préservant » des campagnes où la plupart d’entre nous ne met jamais les pieds. Rendez-vous nous est donc donné sur l’exploitation de Hubert LARGILLIÈRE, agriculteur et président de la société de chasse de Clary.
Rapidement, nous nous rendons sur le terrain pour assister à la plantation d’une haie. Après un travail du sol préparatoire, une planteuse, mise à disposition gracieusement par la FDC 59, trace un sillon dans lequel un plant est inséré tous les mètres. Pour 100 mètres implantés, ce sont 80 arbustes et vingt arbres d’essences locales qui sont fournies. Le sillon est comblé de terre à la botte, et le pied du plant est protégé par un carré de chanvre textile biodégradable.
Chacun met la main à la patte, ou plus exactement le pied à la glaise, et rapidement 100 mètres sont plantés. Tant mieux car la météo exceptionnellement humide, même en ces terres du Nord, pourrait décourager les plus motivés. La planteuse fédérale facilite et accélère grandement des opérations normalement fastidieuses.
Mais, cette machine n’est qu’un exemple parmi les engins que la FDC 59 met à disposition des agriculteurs du département pour préserver la faune. Il en va ainsi de ces barres d’effarouchement dont le but est de faire fuir la faune lors des travaux des champs, avant qu’elle ne soit broyée par les machines.
C’est cette fois sur l’exploitation d’Éric WISZ, agriculteur voisin, que le dispositif nous est présenté. Ce sera aussi pour cet agriculteur chasseur, passionné par la perdrix grise, l’occasion de nous montrer des haies implantées depuis 3 ans et dont les bénéfices commencent à apparaitre. Comme pour certifier le propos, les chants de rappel d’une compagnie de perdrix percent dans le crachin. Une belle démonstration !