Chamois : il descend de la montagne

Présent dans seulement 19 départements français, le chamois, son nom latin Rupicapra rupicapra, signifiant chèvre des montagnes, est un habituel résident des massifs montagneux. Cet ongulé est présent essentiellement dans les Alpes mais aussi dans le Jura, les Vosges et les monts d’Auvergne. Parfois il se livre à quelques excursions.
DE FAIBLES DIFFÉRENCES ENTRE MÂLES ET FEMELLES
Le mâle appelé bouc et la femelle chèvre portent tous les deux des cornes, il est cependant possible de les distinguer. Les cornes du bouc sont plus épaisses et se terminent par des crochets plus fermés que chez la femelle. Le pinceau des mâles, bien visible à partir de 5 ans, et la crinière dorsale appelée barbe, sont également des critères différenciants.

INFÉODÉ À LA MONTAGNE
Le chamois occupe la montagne entre 800 et 2300 m, se déplaçant au gré des saisons, entre zones rocheuses, alpages et forêt, mais aussi selon les moments de la journée, entre ses phases d’alimentation, de repos, de rumination ou du dérangement, qu’il soit humain ou causé par un prédateur. Cependant, il n’est pas rare de le voir descendre, fréquentant des zones de gagnage à bien plus basse altitude, et tout proche des villages.

UNE INCROYABLE OBSERVATION EN PLAINE
Certains individus, très marginaux, se décident à quitter la montagne pour aller parcourir la plaine, loin, très loin de leurs zones habituelles de distribution. C’est ainsi qu’en 2018, courant décembre, un chamois est apparu en Champagne berrichonne, dans le département du Cher, au sud de Bourges. Drôle de vision pour les premiers observateurs, plus habitués à voir des hardes de chevreuils dans ces grandes plaines céréalières désespérément plates. Comment expliquer la présence de cet animal si loin de son biotope traditionnel ?

ORIGINAIRE DU MASSIF CENTRAL ?
Les populations les plus proches sont celles du Sancy, dans le Puy-de-Dôme, qui se trouve quand même à plus de 200 km de la Champagne berrichonne. La possibilité d’un animal captif évadé ne semble pas plausible, puisqu’aucun chamois captif n’est déclaré dans la région. Il est donc vraisemblable qu’il s’agisse d’un subadulte originaire du Massif central. Après quelques investigations, nous apprenons que cet individu a quitté ses montagnes depuis déjà un bon moment, puisqu’il a été observé dans l’Indre, non loin d’Issoudun, courant juillet. Voilà donc quelques mois qu’il arpente la plaine berrichonne.

RETOUR À LA « MAISON »
Notre chamois voyageur ne semble pas être le premier à tenter l’aventure, puisqu’en 1998 un individu de 3 ans et demi fut braconné sur la commune de Saint-Sévère-sur-Indre, au sud de l’Indre. Ce chamois tué il y a vingt-cinq ans ne portait pas de boucle de marquage, ce qui exclut l’évasion d’un animal captif, et renforce l’hypothèse d’une origine « Massif central ». Notre chamois contemporain sera par la suite observé à une trentaine de kilomètres plus au Sud, toujours le long de l’A71, direction Clermont-Ferrand, entamant probablement un retour au bercail.

DE PROBABLES NOUVELLES OBSERVATIONS
Si cet exemple de chamois parcourant la plaine à des centaines de kilomètres du premier massif montagneux reste exceptionnel et anecdotique, il ne fait que confirmer que certains individus peuvent entamer des parcours d’explorations assez improbables, et que certaines observations semblant farfelues peuvent se révéler tout à fait réelles. Les suivis GPS de plus en plus nombreux, ne devraient cesser de nous étonner.
