À la recherche du brocard noir

Il en va de la recherche de brocards extraordinaires comme de la recherche du Yéti, certains s’y consacrent une vie durant sans jamais croiser le chemin d’un de ses animaux quasi-mythiques. AIR & NATURE vous emmène à la rencontre du brocard mélanique.
La passion des chevreuils, et plus particulièrement des brocards, est souvent liée à ses bois, qui peuvent se présenter sous autant de formes qu’il existe de brocards : l’architecture, la couleur, la régularité ou l’irrégularité, l’implantation anarchique, la finesse ou l’épaisseur. Chaque amoureux du petit prince aura sa préférence. Mais, le petit cervidé n’en finit pas de surprendre, et peut également nous étonner par la couleur de sa robe.

NOIR, C’EST ENCORE PLUS RARE
Chaque année, aux quatre coins de la France, apparaissent des chevreuils totalement blancs ou bigarrés (blanc-marron). Qu’il s’agisse de cas de leucisme ou d’albinisme, ce sont des cas qui restent exceptionnels, comparés à la quantité de chevreuils qui peuple notre pays. Il existe une variation de couleur de robe encore plus rare, causée également par une anomalie génétique, appelée mélanisme. Cette anomalie a pour conséquence de produire des chevreuils noirs.

DIRECTION L’ALLEMAGNE
Extrêmement rare en France, il existe des noyaux de populations dans le nord de l’Allemagne, et quelques territoires en Belgique, où la population de chevreuils mélaniques est plus importante. Elle y est préservée et gérée de façon à perdurer, et permettre aux passionnés de Capreolus* d’y effectuer quelques tirs chaque année. C’est donc en Allemagne que nous nous rendons pour tenter de débusquer le brocard noir.

NOIR, C’EST PAS TOUJOURS NOIR
La zone de recherche est constituée de grandes surfaces de prairies inondables entrecoupées de fossés et de canaux. Les chevreuils y sont encore regroupés et aux aguets, tels des chevreuils de plaine. Après plusieurs heures de jumelage le long des routes et chemins, un sujet plus sombre que les autres est repéré. Mais le soleil est déjà haut, et l’absence de nuages fait qu’il éclaire directement les chevreuils, rendant la différence de couleur bien moins spectaculaire qu’espéré. De plus, il est encore un peu tôt en saison et la plupart des chevreuils n’ont pas terminé leurs mues, ce qui rend le pelage des mélaniques beaucoup moins noir qu’en tenue d’été.

SOMBRE RENCONTRE
Malgré tout, il s’agit bien d’un brocard mélanique qui vit au sein d’une petite harde. Après s’être restaurée, la harde décide de se coucher. Le brocard, entouré par ses congénères rumine…c’est le moment de tenter une approche. Le vent est parfait. Ce brocard a commencé sa mue par la tête et laisse apparaître ce noir si caractéristique. En plus d’être mélanique, il porte un trophée très atypique, de prime abord le bois droit m’a semblé cassé ou atrophié, mais ce n’est pas le cas, il est couché vers l’arrière probablement à cause d’un fort choc sous velours.

MISSION ACCOMPLIE
Le lendemain, nous aurons la chance de rencontrer un autre brocard encore plus noir, mais beaucoup plus difficile à approcher et également en cours de mue, trois jours d’affuts n’offriront que des rencontres furtives et sans proximité, mais la mission est remplie, nous rentrons avec la preuve que le brocard mélanique existe, et que ce n’est ni un mirage, ni un fantôme.

* Capreolus capreolus : nom scientifique du chevreuil.