Chevreuils albinos, miracle de la génétique
Partons en Lorraine à la rencontre de ce que la nature fait de plus rare : les chevreuils albinos. A l’heure où la moindre image peut être retouchée, l’objectif de Gérald SOLIGNY a capturé ce miracle de la génétique. C’est en Lorraine qu’a eu lieu la rencontre exceptionnelle avec non pas un, mais deux chevreuils albinos. Difficile de connaître le lien exact de parenté entre ces deux individus mais assurément il y en a un. Gérald nous conte son aventure.
C’est en novembre 2018 que j’ai eu l’occasion d’observer pour la première fois un chevreuil totalement blanc. Il s’agissait d’un brocard, plutôt un jeune animal coiffé de deux bois ne dépassant pas les oreilles. Il vivait tout à fait normalement au sein d’une harde de chevreuils de couleur classique pour l’espèce.
Visible à très grande distance, il se tenait en plaine avec ses congénères, et comme toujours dans ce type de milieu, il se révéla bien difficile à approcher. Cependant, une fois la topographie bien analysée, et ses petites habitudes intégrées, je réussis à le photographier correctement dans une friche. Le contraste était saisissant.
UN JEUNE BROCARD TOTALEMENT BLANC
Trois jours après, de retour pour tenter de l’approcher à nouveau, et faire de meilleurs clichés, quelle ne fut pas ma stupeur de voir sortir dans un chaume jouxtant la friche de la veille, une chevrette avec ses deux faons, dont la petite femelle était, elle aussi, totalement blanche. Deux chevreuils albinos sur le même territoire, quelle surprise !
Celle qui n’était encore qu’un faon albinos était accompagnée de sa mère et de son frère jumeau, qui eux étaient bien marron, sans aucune anomalie visible. D’un blanc immaculé, cette jeune femelle avait les yeux et le mufle rose, totalement dépigmentés, comme le brocard. Est-ce son père ? Son frère ? Impossible de le savoir car la génétique offre de multiples hypothèses.
MAIS AUSSI UN FAON BLANC
L’albinisme est provoqué par un déficit de production de la mélanine. La mélanine étant le terme générique qui regroupe les pigments foncés. Cette anomalie d’origine génétique est, de plus, héréditaire. Les gênes responsables de l’albinisme sont récessifs, ils ne s’expriment pas systématiquement.
Pour qu’un faon naisse albinos, il est donc nécessaire que les deux parents soient porteurs du gène défaillant, cependant il ne sera pas pour autant systématiquement albinos. De plus pour donner naissance à un faon blanc, il n’est pas nécessaire que les parents soient albinos mais juste qu’ils soient porteurs du gène.
UNE HISTOIRE DE GÈNES
Le faon issu de parents porteurs peut donc être blanc, ou simplement porteur du gène sans l’exprimer, ou même totalement exempt du gène. Il y a donc peu de chance de voir se multiplier les chevreuils blancs sur un territoire, si on laisse un individu albinos y vivre. Par contre, de temps à autre, un individu albinos peut apparaître, puis plus aucune naissance de ce type ne surviendra pendant de nombreuses années. C’est un peu la loterie.
J’aurai l’occasion de revoir tout ce petit monde à plusieurs reprises, mais ce n’est qu’en une seule occasion, le 3 mars, que je pourrai observer le brocard et la jeune chevrette albinos qui vivent avec d’autres congénères. Les dernières nouvelles de ces deux individus rares et remarquables ne sont pas très bonnes, puisque les chasseurs locaux, qui depuis la première observation, avaient décidé de les préserver, n’ont plus fait d’observation, ni du brocard, ni de la chevrette. Que sont-ils devenus ? Sont-ils tombés sous les balles de braconniers ? Ont-ils changé de territoire ? Mystère.
