Zoom sur les chasses traditionnelles
Le feuilleton de l’été ne vous aura pas échappé. Dans la foulée de l’interdiction par le Conseil d’État de la chasse à la glu, d’autres modes de chasse dits traditionnels se sont vus, eux aussi, interdits. Les connaissez-vous ?
LA TENDERIE AUX VANNEAUX ET PLUVIERS DANS LES ARDENNES
Il s’agit d’une chasse aux filets avec des appelants qui vise les vanneaux et les pluviers. Cela concerne une vingtaine d’installations dans le sud des Ardennes. Ces chasseurs sont appelés les vagnolis.
LA TENDERIE AUX GRIVES DANS LE NORD DES ARDENNES
Il s’agit de capturer au sol ou sur des branches des grives et merles à l’aide de lacs, de petits lacets en crin de cheval. N’est autorisé le prélèvement que de quelques milliers de grives et merles sur 15 communes de la forêt Ardennaise. Cette chasse est très réglementée avec un quota par tendeur sur une parcelle forestière précise. La tenderie doit être localisée sur une carte permettant aux agents de l’OFB de faire des contrôles. Le chasseur devant être capable de présenter son carnet de prélèvement à chaque demande des agents.
MATOLES ET PANTES DANS LE SUD-OUEST
Les matoles sont de petites cages qui permettent de capturer vivantes les alouettes attirées par des appelants et un peu de millet disposé sous chaque matole. Un dispositif de déclenchement fait tomber la matole lorsque l’alouette l’actionne.
Les pantes sont de grands filets horizontaux qui sont actionnés par le chasseur dissimulé dans une cabane, lorsque des alouettes sifflées grâce à des appeaux, mais aussi attirées par des appelants se posent entre les filets. Les alouettes des champs sont ainsi chassées dans 4 départements du Sud-Ouest, Gironde, Landes, Lot-et-Garonne et Pyrénées-Atlantiques. L’accord de principe sur les quotas de capture était de ne pas dépasser 1% de la mortalité naturelle de la population d’alouette des champs.
Le Conseil d’État, saisi par des associations anti-chasse, a donc décidé de ne pas valider les arrêtés permettant ces chasses, alors même qu’il l’avait fait pendant plus de 25 ans. Les arrêtés pris par le ministère de la Transition écologique auraient été mal rédigés, poussant le Conseil d’État à les invalider pour non-conformité avec le droit européen.
Pourtant, à la seule lecture de l’introduction de la Directive Oiseaux, il semble bien que les chasses traditionnelles soient totalement en adéquation avec l’esprit de ce texte. « Parmi les activités humaines, la chasse occupe une place un peu particulière, puisqu’elle implique un prélèvement direct sur les espèces animales et une forme de dérangement. Mais, c’est aussi une activité bien ancrée culturellement dans les campagnes qui peut assurer le maintien et la gestion d’habitats importants pour la biodiversité. C’est ainsi qu’une gestion appropriée des territoires de chasse génère des synergies entre conservation de la biodiversité et pratique de la chasse, pour autant que le prélèvement soit raisonné et adapté à l’état de conservation des espèces ».
Sous la pression de la mobilisation des chasseurs, le gouvernement a donc pris de nouveaux arrêtés, rédigés cette fois en collaboration avec la FNC. La procédure implique une consultation publique en ligne ouverte jusqu’au 6 octobre à laquelle nous vous invitons fortement à répondre en suivant le lien mis en place par la FNC.
Crédit photos : Dominique GEST