Un brocard hors normes : comme une apparition estivale

Un brocard hors normes : comme une apparition estivale

Avec la période estivale vient le retour du rut chez les chevreuils, le moment idéal pour arpenter son territoire à la recherche d’un grand brocard.

On a coutume de dire que les grands brocards n’apparaissent qu’au moment du rut pour faire régner leur domination sur leurs terres et transmettre leur génétique exceptionnelle. Une fois encore, ce sera le cas en cet été 2019. Alors que j’arpentais des prairies le long d’un ruisseau sauvage et sinueux, j’aperçus au loin, le long d’une haie, la silhouette d’un chevreuil au gagnage. Comme à mon habitude, j’ai « contrôlé » l’animal pour voir s’il m’était familier. Un léger contournement pour se placer à bon vent, l’approche est aisée tant l’animal est occupé à manger, la tête dans les hautes herbes, il ne détecte pas ma présence. Une fois installé à bonne distance, 80-100 m je découvre cet animal jusque-là inconnu, aux bois noirs, très épais et asymétriques.

Un brocard hors normes : photo 2
L’occasion fugace de prendre une première photo révélant un trophée d’exception appelle à renouveler l’expérience.

Comme le chasseur à l’approche recherchant un trophée remarquable, l’émotion est toujours intense lorsque l’on découvre un tel animal, il est essentiel de ne pas commettre de faute et espérer qu’il n’y ait pas de saut de vent pour trahir notre présence. Que faire ? L’approcher ? Difficile, car même si l’herbe est haute, il n’y a pas d’obstacle à mettre entre lui et moi. Le soleil est déjà haut, le moindre mouvement le ferait déguerpir, mieux vaut donc attendre qu’il bouge et espérer qu’il vienne dans ma direction. Bien sûr, à cette distance, le chasseur équipé d’une arme à feu et d’une lunette pourrait récolter ce brocard potentiellement « médaillable » mais, comme pour le chasseur à l’arc, il me faut réduire la distance pour pouvoir lui tirer le portrait et profiter ainsi de tous les détails de ses bois hors normes. L’attente sera brève car le prince du bocage tire droit dans ma direction, semblant vouloir regagner le bosquet contre lequel je suis placé. Caché derrière la végétation, il ne remarque pas ma présence. Le portrait est bien là mais pas satisfaisant, il faudra revenir en espérant qu’il soit bien installé sur ce territoire.

Un brocard hors normes : photo 3
Des bois exceptionnels, mais asymétriques.

La quête du brocard peut se révéler addictive, rechercher des brocards aux bois originaux devient vite une passion très chronophage, les suivre d’une année sur l’autre et voir l’évolution du « panache » peut révéler de grandes surprises. Ce sera le cas avec ce grand brocard, qui, les années suivantes, nous présentera des bois totalement différents au point de ne pas envisager qu’il s’agisse du même animal, seules deux marques aux oreilles et la fidélité du sujet à son territoire permettront de confirmer que c’est bien lui. (en trois ans il sera photographié dans un rayon de 150m c’est dire s’il est territorial). Mais nous vous en reparlerons.

Un brocard hors normes : photo 4
Extrêmement territoriaux, les brocards sont souvent observables sur un espace très réduit, du moins pendant la période estivale.

Le chasseur de brocard à l’approche procède également de la sorte en répertoriant les sujets présents sur son terrain de chasse, en sélectionnant, chaque printemps ou été, les individus devant être tirés du fait d’un mauvais état sanitaire, d’un trophée à son apogée ou d’une bizarrerie temporaire. La quête du trophée ne peut être le seul critère de ce mode de chasse mais doit venir concrétiser un long travail de sélection, de gestion et la connaissance parfaite de son territoire; Observer beaucoup, connaître, reconnaître et suivre dans le temps « ses » chevreuils pour seulement quelques tirs, qui sont la juste récompense d’un long travail de terrain.

Un brocard hors normes : photo 5
Aussi gratifiant que la récolte d’un tel trophée pour le chasseur, ce portrait parfait est la juste récompense du photographe.