Rut du chevreuil, dans l’intimité du petit prince

Si le brame du cerf est tonitruant et spectaculaire, le rut du chevreuil se fait lui, à l’abri des regards, sans tambour, ni trompette. Mais, les apparences sont trompeuses car le petit prince vit sa période de reproduction intensément. De courses folles en combats, observons le petit cervidé au cours de cette période cruciale pour l’espèce.
Les cerfs sont là, bien avant les biches sur les places de brame. Dès leur arrivée, ils débutent le récital et font savoir qu’ils sont présents. Selon les régions et les territoires, le grand bal peut débuter dès la fin août ou patienter jusqu’à la mi-septembre.
UN RUT DE PLUS EN PLUS PRÉCOCE ?
Si on donne habituellement les dates de 15 juillet-15 août comme période du rut pour le chevreuil, il semble que les bouleversements climatiques aient un impact sur les cultures et l’environnement du chevreuil, et que le début du rut s’avance un peu plus chaque année. Dès la fin du mois de juin, des scènes de rut sont observées.

TOLÉRANCE ZÉRO
Les brocards qui, jusque-là, vivaient le plus souvent seuls et s’occupaient à faire respecter leur territoire, se retrouvent accompagnés de chevrettes. La tolérance vis à vis des autres brocards est alors de zéro, et si un concurrent, même très jeune, s’approche, il sera chassé aux limites du territoire.

EXTRÊME VIOLENCE
Les poursuites, les comportements d’intimidation, les marquages sur la végétation sont souvent suffisants pour installer une hiérarchie et faire fuir les brocards qui ne font pas le poids. Cependant, le risque de combat existe et là, le petit prince sait faire preuve d’une extrême violence.

LE COMBAT S’ENGAGE
Une fois face-à-face, les deux belligérants, frottent énergiquement le sol avec la patte ou avec les bois, ils avancent et reculent nerveusement. Soudain, les brocards fondent à grande vitesse l’un sur l’autre, les bois rentrent en contact et s’entremêlent.

Ces combats impressionnants peuvent être très brefs ou au contraire durer de nombreuses minutes. Ils peuvent occasionner de graves blessures, voire la mort si l’un des protagonistes présente son flanc aux pointes acérées des bois de son adversaire. Les bois peuvent aussi s’emmêler définitivement et conduire les deux chevreuils à une issue fatale.

UN ŒSTRUS TRÈS BREF
La durée des chaleurs, l’œstrus, est très bref chez les chevrettes. Elles ne sont réceptives que pendant 48h. Le brocard ne doit donc pas lâcher sa chevrette et être présent au moment où sa conquête acceptera l’accouplement, ou plutôt les accouplements qui seront nombreux pendant cette très courte période.

DES FAONS ABANDONNÉS
Lors de cette brève période d’accouplement, la chevrette rejettera ses faons qui n’ont pourtant que quelques semaines, afin de se consacrer à la reproduction, mais aussi pour éviter tout comportement violent des mâles qui n’hésitent pas à chasser les jeunes qui restent trop proches de leur mère. Une fois la courte amourette terminée, la chevrette rejoindra ses faons et reprendra le cours normal de sa vie de chevreuil, rythmée par la recherche de nourriture, l’allaitement et les périodes de repos et de rumination.

LA COURSE DES SORCIÈRES
En plein rut, on observe des comportements typiques où le brocard suit de très près la chevrette, le cou tendu, il la renifle.

Elle, en mouvement, décrit alors des cercles que l’on appelle ronds de sorcières, bien visibles au sol dans les herbes hautes, du fait des nombreux tours qui peuvent être effectués par les deux amoureux.

Par moment, la femelle s’arrête, le brocard tente alors de la couvrir mais celle-ci redémarre, jusqu’à ce qu’après plusieurs fausses alertes, elle accepte l’accouplement.


RARES RENCONTRES
La période du rut est également la meilleure période pour observer ceux que l’on nomme les brocards fantômes. Jamais vus sur un territoire, de vieux ou grands brocards perdent leur légendaire méfiance et se laissent enfin observer. Pour les chasseurs amateurs de grands trophées, ou de vieux brocards, c’est assurément la période à ne pas manquer.
