René KLEBOTH : une vie pour la vénerie

René KLEBOTH : une vie pour la vénerie

La vénerie regorge de personnages haut en couleurs, dignes de figurer dans un roman. René KLEBOTH est, sans conteste, de ceux-là, car l’histoire du maître d’équipage du Vautrait de Banassat dans l’Allier est simplement hors du commun.

La meute de son vautrait ¹, connue dans la France entière, est composée de centaines de chiens poitevins. Elle aurait fait pâlir de jalousie Foudras ², qui en aurait tiré un chapitre passionnant et truculent. Son équipage, ses chiens et ses chevaux sont « l’œuvre d’une vie », dit-il souvent. « Babou », son surnom, a commencé sur les marchés, avant de lancer sa chaîne de magasin discount du même nom présente aujourd’hui dans toute la France (chaîne qu’il a revendue en 2018).

René KLEBOTH : photo 2
La meute de plus de 200 poitevins est tout simplement exceptionnelle.

Le fruit de son travail, il n’a jamais cessé de le consacrer à son rêve : la vénerie. Il vit, pense chasse à courre avec un sens aigu de la perfection, depuis plus de quarante ans. Il faut l’avoir entendu parler de ses premiers pas hésitants dans ce mode de chasse, lui qui était un véritable profane, lorsqu’il rencontra un lieutenant de louveterie qui lui expliqua les tenants et les aboutissants du chien d’ordre. Le voyant arriver à cheval sur une selle de cow-boy de l’Ouest, le lieutenant lui dira simplement : « La vénerie n’est pas un western… ». René KLEBOTH va vite comprendre ce qu’est la chasse à courre quand elle est pratiquée dans les règles de l’art. Aujourd’hui encore, lorsqu’il vous parle vénerie, ses yeux brillent…

René KLEBOTH : photo 3
Chez lui, en Auvergne mais bien au-delà, il contribue au rayonnement de la vénerie en l’intégrant dans la vie du pays et en recrutant de nombreux et assidus suiveurs.

À Banassat, à la limite des monts d’Auvergne, chez lui au domaine de la Pacaudière, il est totalement envoûté par le chien d’ordre, l‘âme de la vénerie. N’ayons pas peur des mots, il vit pour et par eux. Il les connaît chacun par leur nom, comme s’ils étaient ses propres enfants. « Je ne sors pas le soir, parce que je dois m’en occuper le lendemain aux aurores » aime-t-il répéter. Dans l’excellent film que lui a consacré la chaîne SEASONS il y a quelques années, il ne faut rater sous aucun prétexte la scène où ses chiens (entre 200 et 300, il ne les compte plus !) sont sous le fouet à quelques mètres de leur soupe (ou plutôt à quelques mètres de 450 kilos de viande engloutis chaque jour !).

René KLEBOTH : photo 4
Quand on connait la difficulté à dresser ne serait qu’un seul chien, observer René KLEBOTH et sa meute aux ordres est plus qu’admirable.

Ils ne bronchent pas, ne bougent pas même quand leur maître disparaît et va prendre tranquillement son café. Lorsqu’il revient au bout de quelques minutes, les poitevins attendent toujours le signal… Bref, un dressage de premier ordre. « Faut les aimer » dit-il simplement. Là-bas, à Banassat, chenil, écuries, chiens, chevaux, tout est tenu au cordeau. Cette recherche de perfection et d’esthétisme se concrétise à chaque journée de chasse.

René KLEBOTH : photo 5
L’environnement dans lequel il découple ses chiens près de 70 fois par an est majestueux, puisqu’il s’agit majoritairement de la superbe forêt de Tronçais.

Les années passent, et même s’il partage aujourd’hui le fouet avec son fils Éric, il reste intarissable sur sa meute (« c’est une armée »), sur le rôle de chacun des chiens (entre les rapprocheurs ³ ou les chiens de change ³), sur sa hiérarchie. A chaque laisser-courre ⁵, « Je veux gagner, je veux prendre », affirme-t-il pour son équipage, pour ses chiens. Sans oublier qu’il veut une belle chasse pour ses boutons, les suiveurs… Car « un laisser-courre, ça se partage ». Justement, après une belle chasse, il respire, le bonheur est devant ses yeux…

René KLEBOTH : photo 6
Pour René KLEBOTH, la vénerie se partage. Des mots aux actes, il offre, dès qu’il le peut, d’impressionnantes démonstrations en grand public.

1 Vautrait : équipage chassant le sanglier.
2 Marquis de Foudras : écrivain du XIXème siècle qui écrivit de très nombreux ouvrages sur la chasse et la vénerie.
3 Rapprocheurs : chiens dont la tâche consiste à trouver la trace du gibier avant de lancer la chasser avec la meute.
4 Chiens de change : chiens qui ont la capacité à suivre la voie (odeur) d’un animal sans se laisser distraire par d’autres.
5 Laisser-courre : temps de chasse effectif d’une chasse à courre.

Crédit photos : Jean-Luc DEPENNE