Regain d’intérêt pour la chasse, info ou intox ?

Dans son communiqué de presse d’ouverture, la Fédération Nationale des Chasseurs, un brin euphorique, affirmait constater un engouement nouveau pour la chasse, à l’appui le nombre accru de candidats au permis de chasser.
Ce serait assurément une excellente nouvelle, mais comme on fait dire ce que l’on veut aux chiffres, nous avons voulu vérifier. Nous avons récupéré auprès de l’OFB* les données depuis la création du premier examen du permis de chasser en 1976. Depuis cette date, en dépit de quelques pics liés aux réformes de l’examen, la tendance est clairement à la baisse.
UNE TENDANCE À LA BAISSE DEPUIS 1976
S’ajoutant au nombre important de chasseurs raccrochant le fusil en raison de leur grand âge, cette érosion explique que l’on soit passé de près de 2,5 millions de chasseurs validant leur permis annuel à l’époque, à tout juste un million aujourd’hui.

Ce constat pourrait paraître alarmant, mais si l’on s’attache au 20 dernières années, la conclusion est toute autre.
UNE CERTAINE STABILITÉ DEPUIS 2000
En effet depuis 2000, la tendance est plutôt stable, voir même en très légère hausse. Si regain d’intérêt pour la chasse il y a, alors, il remonte à cette période, et s’inscrit davantage dans la durée.

Mais, pour en revenir à l’annonce de la FNC, sur un regain d’intérêt pour notre loisir, il convient d’examiner les 5 dernières années. Et là, la tendance est moins bonne, comme le montre le graphique ci-dessus. Le chiffre de 2021 est une projection, les chiffres fournis n’incluant pas décembre 2021.

EN BAISSE DEPUIS 5 ANS
Avant même les contraintes induites par la COVID-19, et le report de sessions d’examen, on constate une tendance à la baisse. Alors certes, par rapport à 2020, 2021 connait une hausse de 34%, mais 2020 affiche des chiffres d’inscription de 14% en baisse par rapport à 2019. Il n’est donc guère difficile d’être en positif en 2021.

En cumulant les inscriptions des deux dernières années, on obtient 68.887 candidats, soit 34.440 inscrits à l’année, à peine plus qu’en 2019 (34.115) et moins qu’en 2018 et 2017 (38.505 et 41.811). Il est clairement excessif de parler de regain d’intérêt pour la chasse. Compte tenu de ce constat, on comprend le peu d’entrain des fédérations départementales à livrer leurs chiffres.
UN MAINTIEN SUR LE LONG TERME
Néanmoins, s’il n’est pas juste de parler de regain, il ne le serait pas plus de parler de perte de vitesse. L’enseignement positif de ces données, c’est que l’intérêt pour la chasse se maintient sur le long terme et devraient aboutir à une stabilisation de nos effectifs… avant peut être une véritable progression.

* Données du service du permis de chasser de l’Office Français de la Biodiversité (OFB)- AT/FC – novembre 2021.