Pas tous égaux devant la bécasse

Pas tous égaux devant la bécasse

Y a-t-il des bécasses sur mon territoire ? Cette question taraude tous les chasseurs qui traquent un tant soit peu le bel oiseau. Associées au passage de la Toussaint, les belles tombées de bécasses ont parfois lieu plus tôt, mais souvent plus tard.

Parfois omniprésente, quelquefois rarissime, la bécasse peut investir ou littéralement snober certains coins de France. Majoritairement hivernants, quelques milliers de couples décident cependant de passer toute l’année chez nous, et d’y nicher. Permettant ainsi à certains chanceux d’avoir des oiseaux très tôt en saison. Pour l’essentiel, elles arrivent en France en ordre dispersé, selon les régions. Si les premiers oiseaux peuvent être levés dès le mois d’octobre, et si la Toussaint semblait marquer, il y a encore peu de temps, le début de la saison pour la plupart des bécassiers, aujourd’hui, le coup d’envoi et les premiers gros arrivages pourraient bien être de plus en plus tardifs.

LE TRADITIONNEL PASSAGE DE LA TOUSSAINT

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Le 1er novembre marquait traditionnellement le début de la saison bécassière, mais la migration n’est plus si régulière.

Si la photopériode (durée des jours et des nuits) est un déclencheur de la migration, les conditions météorologiques jouent également un rôle important. Les automnes pour le moins doux dans les zones de reproduction de l’est de l’Europe, principalement la Russie, d’où provient un fort contingent de nos bécasses hivernantes, pourraient bien être la cause de ces arrivées légèrement décalées.

LA RUSSIE : LE RÉSERVOIR

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La plupart des régions françaises sont visitées par des bécasses venant de Russie, mais des contingents scandinaves, baltes et britanniques font aussi le bonheur des chasseurs de la moitié nord, et particulièrement des côtes de la Manche.

Si le temps à l’échelle du continent conditionne les départs de migrations, les événements climatiques de plus en plus marqués, peuvent aussi conduire à des déplacements importants des oiseaux. Ainsi, dans les régions de montagne où la bécasse peut arriver de bonne heure, quelques jours de neige peuvent la conduire à déménager brusquement vers des terres plus clémentes, et ainsi mettre un terme prématuré à la saison des bécassiers.

DES SAISONS ÉCOURTÉES

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Les zones de montagne accueillent souvent de belles densités de bécasses en migration, mais que survienne un froid précoce, et elles déserteront les lieux pour le reste de la saison.

Une fois quittées les zones de nidification et reparties en Europe de l’Ouest, les bécasses n’en ont pas forcement terminé avec les déplacements. Ainsi, les oiseaux cantonnés sur les îles britanniques peuvent être contraints par des tempêtes de reprendre le voyage vers les côtes de la Manche, entraînant de gros arrivages qui raviront les bécassiers français. Les oiseaux installés dans l’est de la France sont parfois obligés de bouger vers le centre du pays ou jusqu’au littoral, lors de fortes périodes de gel ou de neige, les empêchant alors de trouver leur nourriture. Dans les départements du Sud-Est, ce sont les sécheresses prolongées qui rendent parfois les sols impropres à la recherche des vers.

GEL, NEIGE OU SÉCHERESSE CONDITIONNENT L’HIVERNAGE

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Le gel redistribue les cartes de la répartition des bécasses en hivernage.

L’importance des épisodes climatiques sur la répartition des bécasses en France est indéniable. Il est donc raisonnable de penser que la hausse des températures, qui semble inexorable dans les prochaines années, devrait changer l’attractivité de certaines régions pour nos oiseaux voyageurs. Des régions, départements ou secteurs peuvent donc devenir favorables à la présence des bécasses, alors que d’autres, jusqu’à présent bien pourvus, pourraient se retrouver démunis.

OBJET DE TOUTES LES CONVOITISES

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Depuis quelques années, on observe que plus la saison avance, plus certaines régions sont désertées, et d’autres, souvent côtières, favorisées.

La raréfaction du petit gibier sur l’ensemble des territoires fait que la bécasse devient l’objet de toutes les convoitises des chasseurs au chien d’arrêt, qui jusque-là chassaient faisans, perdrix et lièvres. Ainsi, des territoires peu chassés qui constituaient de véritables havres de paix pour l’oiseau migrateur, se retrouvent chassés, voire sur-chassés par des bécassiers convertis. Le dérangement qui en découle inévitablement peut inciter les oiseaux à bouger, pour retrouver la quiétude ailleurs.

LE MALHEUR DES UNS…

Ces différents faits poussent la bécasse à s’adapter, et à reprendre régulièrement ses valises pour trouver de nouveaux territoires adaptés à son régime alimentaire, et à la tranquillité tant recherchée. Mais vu les épisodes climatiques de plus en plus extrêmes de ces dernières années, il se pourrait que les populations de bécasses se trouvent impactées et désertent certaines régions pour en investir d’autres.

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