Magique Namibie
Diversité et abondance de la faune sauvage font de la Namibie une destination phare, tant pour le néophyte désireux de découvrir moyenne ou grande chasse, que pour le chasseur aguerri en quête d’espèces emblématiques. Cap vers l’Afrique australe.
« Le grand mâle… sur ta gauche… ». Fermement calée sur sa canne de pirsch, l’œil rivé à la lunette, Isabelle attend patiemment que l’antilope désignée dévoile son poitrail encore masqué par le méli-mélo végétal. Au-dessus des acacias, les cornes en triple spirale se balancent légèrement, ne laissant aucun doute quant à la qualité du trophée porté par ce Grand koudou.
DIFFICILE CONTACT VISUEL
Une à une les secondes s’égrènent. Jusqu’alors impassible, le tragélaphe* semble soudain détecter notre présence et s’évanouit furtivement vers les sommets. En guide expérimenté, Werner sait pertinemment qu’il n’est nul besoin de courir derrière. Les pluies salvatrices, qui depuis un mois frappent la région, ont amené leur lot de feuilles et de grandes herbes. Impossible dans un tel milieu de garder en permanence le contact visuel.
Et, si dans la vallée le sol est sablonneux et propice au pistage, il en va tout autrement le long des pentes rocailleuses. « Peu importe, nous avons plusieurs jours devant nous, et les koudous sont à Okawaka en densité conséquente », nous rassure le germano-namibien.
LE FANTÔME GRIS
« C’est un animal doté d’un rare mimétisme et d’une discrétion sans égale. D’où son surnom de grey ghost (fantôme gris). Ses approches sont difficiles, mais font tout l’intérêt de sa chasse. En journée, il apprécie particulièrement ces hauteurs enrochées et boisées. C’est là qu’il nous faudra revenir le chercher. »
La matinée n’en étant qu’à ses prémices, le guide et son pisteur Johannes nous invitent à les suivre jusqu’à un petit promontoire. À nos pieds, la vallée s’étend à perte de vue, révélant un paysage à couper le souffle où s’étalent quelque cinquante nuances de vert.
DES ANIMAUX SONT REPÉRÉS
Jumelles en main, le professionnel a déjà repéré quelques oryx et impalas un peu plus bas. Le temps n’est plus à la contemplation, mais à l’action.
À l’issue d’une approche exaltante, tantôt accroupie, tantôt rampant, notre Diane aura ainsi le privilège, dès ce premier jour, de prélever un impala à face noire au trophée exceptionnel. Première récolte de ce safari namibien.
UN RICHE BESTIAIRE
Créée dès 1966, l’organisation OTJIRUZE est l’une des plus anciennes du pays, et jouit d’une solide réputation, tant pour la qualité de ses zones, que pour celle des trophées qui y sont récoltés. 35.000 ha accueillent près d’une trentaine d’espèces différentes, autochtones pour la plupart, dont bien évidemment l’oryx, le grand koudou, l’élan du Cap, le springbok, l’impala, le gnou bleu, le gnou noir à queue blanche, le phacochère, sans oublier de très recherchées antilopes naines, ainsi que le léopard et le guépard. Répartis en trois zones, chacune dotée d’un lodge, ces territoires présentent des biotopes et des reliefs distincts où s’alternent savane arbustive, plaines enherbées et moyenne montagne, le tout entrecoupé de nombreuses pistes carrossables.
UNE ESPÈCE SAUVÉE
À noter que la zone d’Okawaka abrite une antilope qui ne manquera pas de susciter la curiosité des spécialistes et des collectionneurs. L’impala à face noire, se veut ainsi une espèce endémique, dont l’aire de répartition, très restreinte, se cantonne du sud de l’Angola au nord de la Namibie. Longtemps considéré à tort comme une sous-espèce de l’impala commun, il en possède certes la couleur et la silhouette, mais se distingue par sa bande noire qui s’étale du front au museau, et par ses deux raies sombres qui soulignent les yeux. Quasiment éteint au début des années 70, le « black-face » a pu subsister grâce aux efforts de conservation menés dans le parc national d’Etosha, et reconquérir peu à peu son habitat originel.
INSAISISSABLE GRAND KOUDOU
Retour sur le terrain. Trois jours se sont écoulés, offrant à Isabelle l’opportunité de prélever, au gré de ses sorties, un très vieux gnou noir à queue blanche ainsi qu’un zèbre de Burchell à la robe somptueuse. Pour autant, le grand koudou, objectif premier de son séjour cynégétique en Namibie, reste pour l’heure insaisissable. Dernier jour, ultime chance… À califourchon sur le garde-fou du pick-up, Johannes n’a d’yeux que pour la piste.
Un claquement de doigts immobilise aussitôt le véhicule. Sautant prestement à terre, le pisteur nous désigne les empreintes caractéristiques qui marquent profondément la latérite. « Étant donné les pluies diluviennes de la nuit, ces traces datent tout au plus de deux heures, et laissent supposer la présence de deux ou trois individus », commente-t-il. « Allons-y ! »
GARE AU VENT
L’heure est à l’organisation, car si la direction prise par les koudous est on ne peut plus explicite, elle ne s’accorde manifestement pas avec les caprices d’Éole. Pour nous mettre à l’abri d’une éventuelle trahison du vent, guide et pisteur décident alors d’amorcer un large détour.
Une stratégie qui devrait, en théorie, nous conduire à rebours au pied des pentes, le long desquelles le gibier semble avoir trouvé refuge. Notre petite troupe s’ébranle. Pendant près d’une heure, nous circulons ainsi dans un dense labyrinthe aux épines acérées. Chaque buisson, chaque arbre, peut être l’occasion d’un inopiné nez à nez avec un springbok ou un impala qui ne manquerait pas de donner l’alerte.
UN JUMELAGE MÉTHODIQUE
Notre progression se fait lente, silencieuse, en un mot, prudente. A intervalles réguliers, Johannes se renseigne sur la direction des vents qui semble désormais jouer en notre faveur. Peu à peu, la végétation s’éclaircit, jusqu’à ce que nous butions enfin sur les premières roches. Retranchés sous les derniers épineux, nous entamons une séance de jumelage.
En chasseur aguerri, Werner ne tarde pas à repérer le gibier convoité. Couché sur une barre, quelque 170 m au-dessus de notre position, « maître koudou » semble nous défier. Avec la plus infime précaution, l’allemand déploie le stable-stick. Tout aussi prudemment, la chasseresse fait glisser son arme sur la fourche. L’œil scotché à l’optique, elle attend patiemment que l’antilope veuille bien se lever.
DANS LA LUNETTE
Probablement convaincue de son pouvoir de mimétisme, la bête ne bouge pas. Dubitatif, le guide finit par jeter un caillou, puis un second. Rien n’y fait. Pas d’autre choix pour Werner que de se lancer alors à l’assaut de la roche. Il n’en faut pas plus pour que d’un bond le koudou se lève enfin. La croix s’appuie sur l’épaule, le doigt sur la queue de détente, trop tard… le fantôme s’est déjà évaporé derrière l’épais rideau végétal.
À travers l’optique, Isabelle imagine, plus qu’elle ne la voit, la progression de sa cible. Soudain, la tête apparaît. Un ultime arrêt, avant que l’encolure puis le poitrail ne se découvrent à leur tour. La déflagration retentit, clouant le bec aux merles métalliques et autres francolins. Une fraction de seconde, le bush retient son souffle, avant que le « pock » caractéristique ne nous revienne en écho.
PATIENCE ET PERSEVERANCE
Le projectile a fait mouche. Plus haut, l’imposant cornage lyré se balance, le corps tressaille, chancèle mais ne tombe pas. La 8x68S gronde une nouvelle fois. Ultime vacillement, avant que la grande antilope ne s’effondre. Une fois de plus patience et persévérance auront été gages de réussite. Ainsi va la chasse, ici comme ailleurs.
Diversité de la faune sauvage, splendeur des paysages et dépaysement total sont autant d’atouts qui font l’attrait d’un séjour cynégétique dans cette région du Waterberg. Durant notre villégiature, les chasseurs présents purent prélever de magnifiques trophées de koudous, oryx, springbok, impalas et gnous, médaillables pour la plupart.
DES FÉLINS CHASSABLES
Bien d’autres espèces sont présentes à l’instar de l’élan du Cap, du cob à croissant ou encore du nyala pour ne citer que celles-ci ; sans oublier les félins que sont le léopard et le guépard, qui tous deux nécessitent l’obtention préalable d’une licence.
Cette zone est par ailleurs l’une des rares à offrir la possibilité de réaliser, certes avec un peu de chance, un Small Four. Cette chasse de spécialistes consiste à prélever, à l’occasion d’un même séjour, ces 4 antilopes naines que sont le raphicère champêtre, l’oréotrague sauteur, le céphalophe de Grimm et le dik-dik de Damara.
UNE ASSOCIATION DE CHASSEURS PROFESSIONNELS
S’il est une particularité qui caractérise les safaris namibiens, c’est aussi le sérieux avec lequel ils sont encadrés. Créée en 1974, la Namibia Professional Hunting Association (NAPHA) ne compte pas moins de 400 guides à travers le pays. Association sous tutelle du ministère de l’environnement, elle a pour objectif d’assurer une chasse sécuritaire, pratiquée avec éthique dans le plus pur respect de la faune sauvage, et raisonnée en termes de prélèvements.
Enfin, on ne saurait trop vous suggérer que de profiter de l’occasion, pour allonger quelque peu votre séjour, et découvrir ainsi les trésors touristiques que cache ce merveilleux pays. Outre ses chasses, tantôt sportives, toujours palpitantes, la Namibie offre au visiteur des paysages à couper le souffle, et de bien nombreuses activités.
UN PEU DE TOURISME
Parmi les lieux incontournables, le Parc National d’Etosha abrite une faune abondante où l’observation est garantie à coup sûr. Au centre ouest, la ville côtière de Swakopmand propose des croisières permettant d’admirer les dunes plongeant dans l’océan, ou encore des parties de pêche en mer. Plus au sud, vous pourrez découvrir les emblématiques dunes rouges de la région de Sossusvlei. Forêt pétrifiée du Damaraland, gravures et peintures rupestres de Twyfelfontein, découverte du peuple Buchmen… vous n’aurez que l’embarras du choix.
* Tragélaphe : famille d’antilopes.