L’indispensable sanglier courant

La pratique du sanglier courant demeure la façon la plus pratique de s’entraîner au tir à balle en battue. D’abord, pour l’indispensable apprentissage de la sécurité.
Quel sportif pourrait prétendre avoir un minimum de réussite sans pratiquer ses gammes ? Le sanglier courant est un peu au tireur ce que le practice est au golfeur. Pour nous, chasseurs, l’entraînement au stand est d’autant plus important que nous utilisons un outil dangereux.
UN SANGLIER COURANT PROCHE DE CHEZ VOUS
À cette fin, il existe sûrement une installation de sanglier courant proche de chez vous. Si vous n’en connaissez pas, la FFBT se fera un plaisir de vous en indiquer une. Récemment est apparu le cynétir où l’on tire en intérieur à balle réelle sur un écran de cinéma. Hélas, le coût exorbitant de cette installation fait qu’à ce jour il n’en existe que 5 en France.

Ces deux modes d’entraînement sont sans rivales, du fait de l’utilisation de vraies munitions. C’est primordial ! Parce que les moniteurs imputent au recul de la carabine l’une des principales causes de ratés. Son appréhension est à l’origine du rédhibitoire « coup de doigt ».

LA CORRECTION OU AVANCE ?
Avant de parler des deux grandes techniques de tir, la carabine les partage d’ailleurs avec le fusil de chasse, expliquons le principe de la correction. Même si chacun sait que pour atteindre une cible en mouvement à l’aide d’un projectile, il est indispensable de tirer en avant dans l’axe de son déplacement.

La correction à appliquer en devant du sanglier courant correspond à une distance scientifiquement exacte. Elle se décompose en trois temps qui s’additionnent :
- La réaction humaine de l’index appuyant sur la détente. Si on la considère de 0,2 seconde, cela laisse le temps à un sanglier trottant à 20 km/h de parcourir 1,10 mètre.
- Le temps du fonctionnement du mécanisme de l’arme et de la munition.
- Le temps de vol de la balle depuis la sortie du canon jusqu’à sa rencontre avec le sanglier courant.
PROSCRIRE L’INTERCEPTION
Sans entraînement au sanglier courant, chacun d’entre nous aura tendance à viser devant sa cible, et à lâcher canon arrêté. C’est la fameuse interception. Dans ce cas, les 3 temps se cumulent, la correction est immense, la plupart du temps la cible ou le gibier sont ratés.

Heureusement, deux méthodes ont fait leur preuve, en les testant au stand sous l’œil avisé d’un moniteur vos progrès seront rapides. Toutefois, familiarisez-vous préalablement avec votre arme chez vous. Entraînez-vous à l’épauler régulièrement, à suivre une plinthe en imaginant suivre un sanglier, lâcher ensuite le coup sur une cartouche à blanc, surtout sans vous arrêter. Au sanglier courant, testez chacune des méthodes suivantes pour découvrir celle qui vous convient le mieux. Il y a fort à parier qu’avec la maîtrise, vous les alternerez selon les circonstances.
LES DEUX MÉTHODES VALABLES DU TIR EN MOUVEMENT
I – La méthode accompagnée
C’est en théorie la plus précise, et la plus adaptée au sanglier courant. À la chasse, elle nécessite un terrain assez dégagé pour avoir le temps d’être mise en œuvre. Avec elle, la vitesse de déplacement angulaire du canon est exactement calquée sur la vitesse de déplacement du sanglier.

Imaginons que vous êtes posté à 50 mètres du rail du sanglier courant. Prenons comme exemple une cible se déplaçant plein travers au trot à 20 km/h. Soit 5,55 mètres par seconde. Vous utilisez une munition dont la vitesse moyenne est de 750 m/s. Pour franchir les 50 mètres, votre balle met donc 50/750 = 0,0666 seconde. Pendant ce temps le sanglier aura ainsi parcouru : 5,55×0,0666 = 0,37 mètre. Un sanglier adulte mesure environ 150 centimètres. Vous devez donc reporter cette correction de 37 centimètres pour être sûr de le toucher d’une balle mortelle dans le tiers avant (50 centimètres). N’arrêtez pas votre canon à l’instant du lâcher ! Même après, entraîné par son inertie, laissez-le mourir sur sa trajectoire.

En clair, en visant le boutoir sur un animal au trot plein travers à 50 mètres, vous atteindrez la région du cœur. Toutefois à la chasse les cas ou les animaux se déplace en plein travers sont rares. N’oubliez pas dans ce cas que la correction visuelle diminue avec l’angle de fuite.
Pour parachever votre entraînement au sanglier courant, n’hésitez pas à déplacer votre poste de tir latéralement au rail, à condition que l’on vous y autorise dans le respect de la sécurité. Vous apprendrez ainsi utilement à varier l’angle de déplacement de votre canon.

II – La méthode traversée ou swing
C’est le fameux queue, tête… pan ! Cela marche bien à la chasse, puisque cette méthode s’adapte parfaitement au tir au rembucher avec de petits angles. Le sanglier courant offre aussi une excellente façon de s’y exercer. D’autant mieux, justement, si la possibilité nous est autorisée de tirer en fermant un peu les angles. Avec cette méthode la correction visuelle, l’avance, au moment du lâcher est inférieure à la méthode accompagnée. Ceci provient de la vitesse du canon, en légère accélération.

Le premier conseil est de rester calme dans l’exécution du tir ; c’est d’ailleurs valable dans toutes les circonstances du maniement d’une arme. Après avoir mis en joue et épaulé, plus ou moins, dans le tiers arrière du sanglier, calez votre mire sur sa ligne latérale. Alors, en légère accélération, surtout sans vous laissez embarquer, remontez l’animal du bout du canon. Seul votre buste pivote, souplement dans une subtile accélération. Avec la sensation de bien accompagner votre sanglier, lâchez sans tarder au niveau du boutoir, sans vous arrêter, même après le départ du coup de carabine. Le résultat devrait être au rendez-vous.
À condition de « Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage, polissez-le sans cesse et le repolissez. »