Le chant du cygne du grand tétras ?

Le chant du cygne du grand tétras ?

Depuis la décision du Conseil d’État de suspendre la chasse au grand tétras pour cinq ans, celui-ci se retrouve sur le devant de la scène. Apprenons à mieux connaître cet oiseau discret et mythique pour bon nombre de chasseurs passionnés, qui œuvrent dans les montagnes, loin des caméras, dans l’espoir un jour, de présenter à nouveau le grand oiseau à leurs chiens d’arrêt.

Le grand tétras vit dans des forêts de conifères, ou des forêts mixtes parsemées de clairières vitales à son alimentation. Son régime alimentaire est constitué d’aiguilles de pins, de bourgeons, de feuilles, de baies, mais aussi de fourmis et de coléoptères.

Le chant du cygne du grand tétras : photo 2
Parade de grand tétras en Laponie suédoise.

L’IMPORTANCE DES MILIEUX OUVERTS

Il est essentiel pour l’espèce de conserver des zones ouvertes, et empêcher la forêt de coloniser la totalité des territoires. Les fédérations de chasseurs des départements pyrénéens consacrent un grand nombre d’heures et d’importants moyens financiers à restaurer ces zones nécessaires à la survie des tétras.

Le chant du cygne du grand tétras : photo 3
Le chant du cygne du grand tétras : photo 4
Hélitreuillage de matériel pour maintenir une végétation basse.
Crédit photos : FDC des Hautes-Pyrénées

DEUX SOUS-ESPÈCES EN FRANCE

En France, on distingue deux sous-espèces, génétiquement et écologiquement différentes :
– Tetrao urogallus major dans les Vosges et le Jura : environ 4 kg pour les coqs et 2 kg pour les poules.
– Tetrao urogallus aquitanicus dans les Pyrénées : environ 3,2 kg pour les coqs et 1,5 kg pour les poules.

Le chant du cygne du grand tétras : photo 5
Comme chez beaucoup d’oiseaux, mimétisme oblige, le plumage des femelles est très différent de celui des mâles.

MAIGRES EFFECTIFS

Le tétras est encore présent dans le massif des Vosges où survit une centaine d’oiseaux, dans le Jura où ils sont plus nombreux, environ 350, et dans les Pyrénées où la population est estimée à 3700 individus. Il a en revanche totalement disparu des Alpes depuis 2007. En 1977 quelques oiseaux furent réintroduits dans les Cévennes, mais sans succès.

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Les tentatives de réintroduction ont été des échecs, en revanche les suivis par radiopistage menés par les chasseurs apportent de précieuses informations pour sa préservation.
Crédit photo : FDC des Hautes-Pyrénées

UNE REPRODUCTION DÉLICATE

Au printemps, le mâle rejoint sa place de chant pour y parader et y attirer les poules. Plusieurs mâles peuvent être présents sur le même site et se disputer les femelles. C’est à ce moment-là que sont effectués les comptages sur lesquels s’appuyaient les autorités compétentes pour délivrer les autorisations de prélèvements.

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Parade de grand tétras en Laponie suédoise.

Le nid est assez sommaire, un simple creux au sol garni d’herbe et de feuilles accueillera les 5 à 9 œufs couvés par la poule pendant 4 semaines. La nidification au sol rend les œufs très accessibles à toute forme de prédation, d’où l’importance de la gestion et de la régulation des populations de sangliers dans les zones à tétras, encore plus qu’ailleurs.

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Après les éclosions, les comptages aux chiens d’arrêt réalisés au mois d’août par les FDC et leurs adhérents permettent de définir un indice de reproduction.

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LES SPORTS D’HIVER, LE RISQUE MAJEUR

Les raisons des difficultés de l’espèce sont multiples, l’exploitation forestière, le milieu qui se referme en raison de la diminution du pastoralisme, l’industrie des sports d’hiver comme le ski, la randonnée en raquettes souvent pratiquée hors-piste. Ces activités hivernales sont les plus préjudiciables aux tétras car elles sont sources de dérangement à la saison où les oiseaux sont les plus sensibles.
En effet, ils passent plus de vingt heures par jour dans des igloos pour se protéger du froid et des prédateurs, et ne peuvent être poussés à dépenser trop d’énergie à fuir les humains et trouver un nouvel abri.

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UNE PRESSION DE CHASSE ANECDOTIQUE

Le grand tétras n’était chassable en France que sur les six départements pyrénéens où il était soumis à un plan de chasse et à de fortes restrictions, comme la durée de la période de chasse (10 jours), des espaces protégés, des quotas par règlement intérieur sur les GIC (groupements d’intérêt cynégétique).

L’oiseau n’était en fait chassé que sur moins de la moitié des surfaces qu’il occupe, et en très faible quantité.

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Gageons que cette interdiction temporaire ne démobilisera pas les chasseurs passionnés du grand tétras et qu’ils continueront à lui consacrer beaucoup de temps et de moyens. Mais qu’en serait-il d’une interdiction prolongée ou définitive ?

Les photos qui illustrent cet article sont des photos de grands tétras de la sous-espèce scandinave (Tetrao urogallus urogallus).