Le brame du cerf

Le cerf demeure l’animal emblématique de la forêt et des chasseurs de grand gibier pour sa beauté, son aspect majestueux, sa puissance… Il est également passionnant à voir et, surtout, à entendre à une période bien précise de l’année : lors du brame. Mais de quoi s’agit-il exactement ?
Quand arrivent les premiers jours de l’automne (ou plus tôt si l’été a été très chaud ou caniculaire), c’est le début de la saison des amours chez le cerf. Le roi de la forêt ainsi que les biches se rassemblent, souvent dans des zones dégagées, et s’adonnent à un spectacle rare et fascinant.
En effet, les mâles dominants poussent des cris rauques qui résonnent à travers les arbres, afin d’attirer et de conquérir les femelles et de défendre leur territoire. Et pour ceux qui ont déjà un harpail (groupe de biches) ; en conquérir un pour les jeunes qui n’en ont pas encore. Le cerf brame, rugit, pour avertir de sa présence et mettre au défi d’autres mâles assez audacieux pour tenter leur chance auprès des femelles.
Dans ce cas, chacun doit s’imposer. L’intimidation fonctionne parfois, mais pour écarter les plus entreprenants, se battre devient inévitable, entraînant des blessures pouvant être graves. Les bois vont à cette occasion, dans un bruit assez assourdissant, s’entrechoquer, voire s’emmêler, entrainant à une mort certaine les deux combattants incapables de se libérer, et mourant alors d’épuisement…

Et pourtant, chaque victoire est éphémère et il faudra rester sur ses gardes car les mâles vaincus reviendront bientôt tenter leur chance. Il faut savoir également que la biche n’est fertile que peu de temps, environ une journée, ce qui explique l’ardeur et l’échauffement du cerf (dont la durée de fécondité est plus longue, aux alentours d’un mois), habituellement si discret.
Cette dépense d’énergie et de temps colossale explique que les cerfs mangent peu en cette période de rut et perdent jusqu’à 25% de leur poids (soit environ une quarantaine de kilos !) puisqu’ils doivent surveiller, se battre, s’accoupler sans répit. Heureusement, Dame Nature a tout prévu : les glands, faines et châtaignes sont partout à cette époque de l’année en forêt.
Cependant, l’enjeu en vaut la peine : la saison du brame s’achève par l’accouplement tant attendu. Un faon naîtra quelques mois plus tard, entre mai et juin. Les mâles se reposeront tout l’hiver pour se remettre de cette aventure dangereuse, éprouvante mais indispensable. Et magique pour ceux qui ont la chance de pouvoir y assister.