Le 7×64 BRENNEKE, 104 ans et toutes ses dents

Le 7×64 BRENNEKE, 104 ans et toutes ses dents

L’arrivée du 30-06, calibre le plus utilisé au monde a rebattu les cartes du marché français des balles de carabines de chasse. Pourtant, certains calibres conservent tous leurs attraits, à l’image du bon vieux 7×64.

En 1917, la fine fleur de la jeunesse européenne s’étripe dans les tranchées depuis 3 ans, l’empire Russe vit ses derniers instants, les USA entrent en guerre. En Allemagne, un génial inventeur, Wilhelm BRENNEKE, termine la mise au point d’une remarquable cartouche de chasse, le 7×64 BRENNEKE.

Le 7×64 BRENNEKE, 104 ans et toutes ses dents : photo 2
Cartouche de 7×64 chargée avec une balle TIG. Pour les plus jeunes, cette balle et ce calibre ont fait les beaux jours des chasseurs français, bien avant le 30-06.

UNE CARTOUCHE DE CHASSE MISE AU POINT EN PLEINE GUERRE

On se demande comment, dans une période si noire, un inventeur a pu se consacrer au développement d’une munition de chasse ! La défaite de l’Allemagne et l’occupation du pays limite sa diffusion jusqu’au milieu des années 20. Puis, il s’installe dans le paysage cynégétique allemand sans éclipser le 7×57 ou le 6,5×57. On le retrouve en Afrique, chargé par DWM avec une demi-blindée ou une HMK, il connaît de beaux succès sur les antilopes, zèbres et léopards, entre autres.

Le 7×64 BRENNEKE, 104 ans et toutes ses dents : photo 3
Cible réalisée avec des NORMA Kalahari, aujourd’hui abandonnées.
Le 7×64 a toujours été très précis, au point qu’il fut envisagé comme calibre de tireur d’élite par les allemands.

EFFICACE POUR LES CHASSES AFRICAINES

Voulu pour l’approche ou l’affût des cerfs, sangliers, chevreuils et chamois, le 7×64 gagne ses lettres de noblesse après la Seconde Guerre mondiale en Allemagne et en Autriche. Il se répand chez nous par l’Alsace, qui apporte sa culture cynégétique et le tir des ongulés à la carabine. En 1967, l’interdiction de la chevrotine oblige les chasseurs à s’adapter, les carabines de chasse type MAUSER 98 et notre législation qui interdit les « calibres de guerre » contribuent à son succès.

Le 7×64 BRENNEKE, 104 ans et toutes ses dents : photo 4
Le calibre idéal pour tirer un cerf à l’approche, ici avec une SAKO Arrowhead II de 9,7 g.

LES CARABINES MAUSER 98 CONTRIBUENT À SON SUCCÈS

Efficace, moins brutal, moins cher que le 9,3×62, il devient le calibre le plus utilisé chez nous. L’arrivée des Bar et 7400 le relègue au second plan, mais VERNEY-CARRON, BROWNING, HK et BENELLI lui donnent un second souffle. S’il revit en Allemagne (avec le 8x57IS), il est rare en Scandinavie et quasi-inconnu en Amérique du nord. En 2013, la légalisation du 30-06 et le marketing, limite mensonger, lui portent un coup d’arrêt en France. Mais, ceux qui l’emploient encore savent qu’il est loin d’être obsolète.

Le 7×64 BRENNEKE, 104 ans et toutes ses dents : photo 5
Avant 2013, le 7×64 BRENNEKE se retrouve dans tous les types d’armes, sauf les basculantes (7x65R).
Ici, une des premières MERKEL Helix livrées en France pour tests d’usure et précision.

LE 7×64 AUJOURD’HUI

Si BRENNEKE a amélioré les performances du 7×57 MAUSER en augmentant le volume de l’étui, on peut se demander pourquoi il a choisi un culot légèrement différent du système MAUSER. Quoiqu’il en soit, il est supérieur au 7×57. Comme tous les 7 mm standards, il se comporte de façon optimum avec des balles de 9 à 10,5 g, mais les balles de 11 à 11,5 g comme les TIG/ID ne sont pas à négliger sur les animaux résistants. Aujourd’hui, il est disponible en 54 chargements chez les fabricants européens. Certains ne sont pas plus onéreux que les 30-06 équivalents, vantés pour leur côté économique.

Le 7×64 BRENNEKE, 104 ans et toutes ses dents : photo 6
Le match 7×64 VS 30-06 n’est pas toujours à l’avantage de ce dernier.

PAS PLUS ONÉREUX QUE LE 30-06

On trouve des balles simples comme les T-Mantel ou SP mais aussi des balles techniques comme les GPA et les FIP. Le chasseur écolo peut tirer de la monométallique ou des chemisées à noyau d’étain.

SUPÉRIEUR POUR L’APPROCHE

Pour l’approche et la montagne, si on compare des balles équivalentes, il est balistiquement supérieur au 30-06, par exemple avec les Speed Tip Pro ou Tip Strike. En battue, le 30-06 reprend parfois l’avantage, mais pas toujours, comme avec les GECO Plus, NORMA Tip Strike ou RWS HMK. C’est avec les balles cuivre que le 7×64 se fait distancer, mais la différence réelle est faible, 102 joules à la bouche pour une RWS HIT (9,1 et 10,7g), 160 joules pour une Eco Strike (9,1 et 9,7g) dans des canons de même longueur. L’avantage du 30-06 est dû à la masse plus importante des monométalliques de calibre 30.

Le 7×64 BRENNEKE, 104 ans et toutes ses dents : photo 7
SOLOGNAC a proposé un temps des 7×64 à balle TSX.

PAS SI LOIN DU 7 MM REM MAG

Comparé au 7 mm Rem Mag, à longueur de canon égale, la différence est faible, de 5 à 10 m en DRO, et de 100 à 200 j à 300 m. Les tables balistiques sont ce qu’elles sont, ne mentent pas, et permettent de comparer les produits. Il convient de les lire correctement, en oubliant le matraquage du marketing. Regardé avec condescendance depuis 2013 par les chantres du 30-06, le 7×64 est plus performant aujourd’hui que lors de sa sortie. Sauf si vous ressentez un besoin maladif de 30-06, ou que votre carabine est morte, ne reniez pas la vieille européenne en pensant améliorer votre efficacité avec l’américaine. Placée au bon endroit, la même balle tirée par l’un ou par l’autre fera le même boulot.

Le 7×64 BRENNEKE, 104 ans et toutes ses dents : photo 8
30-06 en balle WINCHESTER Extreme Point de 9,7 g à gauche, 7×64 en balle RWS Evolution de 10,3 g à droite, sécheront net les sangliers en battue.