La visée ouverte, pas si désuète

La visée ouverte, pas si désuète

Hormis sur les armes lisses où la bande de visée et le guidon restent de mise pour ajuster son tir, le couple hausse + guidon est bien tombé en désuétude sur les armes rayées, quasiment toutes équipées de lunettes ou de points rouges. La visée ouverte a portant de nombreux atouts.

Les causes de cette évolution sont à rechercher dans le développement qualitatif et quantitatif des lunettes de tir et viseurs point rouge et le vieillissement de la population des chasseurs dont la presbytie complique l’usage efficace d’une visée ouverte, là où une optique simplifie le processus en superposant dans un même plan un point ou un réticule sur le gibier visé.

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DE MISE SUR LA PLUPART DES ARMES

Les organes de visée ouverte restent cependant de mise sur la plupart des armes, pour que ces dernières soient efficientes dès leur achat sans optique, mais aussi pour pallier une déficience toujours possible de cette dernière. Il est donc utile de bien maîtriser le couple hausse + guidon, en gardant à l’esprit que de nombreuses générations de chasseurs avant nous ont réalisé des tableaux de chasse d’anthologie grâce à lui !

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POUR UN TIR SUR CIBLE ARRÊTÉ OU EN MOUVEMENT

Le principe reste toujours le même, alignant sur une unique ligne de visée un cran de hausse, un guidon et la cible. C’est sur la forme que l’on note des différences notables, forme qui relève essentiellement de la finalité du tir. La visée ouverte d’un tir de battue ne répond pas aux mêmes impératifs que celle d’un tir posé d’approche ou d’affût.

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Quelle que soit la technologie utilisée, la visée ouverte se résume à aligner précisément hausse et guidon sur le point visé… Plus facile à dire qu’à faire !

La visée ouverte de battue recherche une acquisition rapide, un alignement instinctif qui permet de suivre un gibier en mouvement, ce que l’on concrétise avec les bandes de battue, les hausses fixes ouvertes, comme ci-dessous et les guidons larges réhaussés par de la fibre optique.

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La grande majorité des armes dédiées à la battue allient une hausse intégrée à une bande qui guide l’œil d’une manière plus instinctive.

Pour un tir posé, on tend vers une visée plus précise au détriment de la vitesse d’acquisition, soit des planchettes de hausse à encoche en U étroite et des guidons boule assez fins.

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La visée ouverte la plus précise reste incontestablement liée à l’utilisation d’un œilleton mais il limite trop le champ pour être efficient et sécurisant à la chasse.

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SES AVANTAGES

La simplicité et la conception purement mécanique plaident en faveur d’une visée ouverte en milieu difficile. Quelles que soient les conditions extérieures, hausse et guidon ne vous lâcheront jamais pour peu qu’ils ne prennent pas de chocs ! Pour les tirs instinctifs (charge) ou à courte distance (achèvement), la visée ouverte reste largement plus efficace, voire plus sécuritaire que l’emploi d’une optique.

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Les hausses de battue les plus efficaces sont souvent les plus simples, vite acquises, même dans la pénombre, grâce à des inserts fluo…

SES LIMITES

L’inconvénient majeur reste lié à la vision humaine du fait de son incapacité à mettre au point à la fois sur la hausse, le guidon et la cible, inconvénient exacerbé avec l’âge. L’autre limite reste la distance, quand la cible, trop éloignée, est couverte par le guidon, interdisant un placement précis de la balle.

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DE POSSIBLES ERREURS

Si l’utilisation d’une visée ouverte semble on ne peut plus simple sur le papier, dans la pratique, les nombreuses erreurs possibles entrainent de fortes déconvenues. L’erreur la plus courante consiste à se concentrer sur la cible négligeant l’alignement du guidon sur le cran de hausse. Le moindre décentrement du guidon par rapport à la hausse entraîne ce que l’on nomme une erreur angulaire dont la conséquence est une grosse erreur en cible. Prenons l’exemple d’un décalage de 2 mm sur une ligne de visée de 50 cm (distance entre hausse et guidon). À 50 m, ce décalage sera multiplié par 100, entrainant un impact à 20 cm du point visé, soit une balle de panse sur un chevreuil !

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Par contre si vous accommodez sur le guidon pour qu’il soit parfaitement centré, vous ne pourrez commettre qu’une erreur parallèle sur la cible, sans facteur multiplicateur. Ainsi, si votre guidon est décalé de 2 cm par rapport au point visé, à 50 m cette erreur de 2 cm se retrouvera, ce qui n’est pas dramatique. Ces erreurs peuvent bien sûr être commises en site (verticalement) comme en dérive (horizontalement).

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La fibre optique est majoritairement présente sur les guidons avec les hausses de battue, un binôme gagnant par son efficacité en toutes circonstances.

LES RÉGLAGES

Régler une visée ouverte dépend de sa configuration. Certaines visées sont fixes et demande l’intervention d’un professionnel pour être re-réglée. D’autres sont facilement réglables du fait de la présence de vis assurant un déplacement tant en hauteur que latéral.

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Un tunnel protège le guidon des chocs et donc des déréglages éventuels, mais aussi des lumières parasites latérales.

La règle générale consiste à déplacer le cran de hausse dans la direction inverse du point d’impact et le guidon dans le même sens. Exemple : si l’impact est à gauche du point visé, vous déplacez la hausse (le plus fréquent) vers la droite et/ou le guidon vers la gauche. La valeur du déplacement reprend à l’inverse l’exemple de l’erreur angulaire via une règle de trois : si votre point d’impact à 50 m est à 20 cm à gauche du point visée, vous effectuerez un déplacement de 2 mm du cran de hausse vers la droite, si votre ligne de visée fait 50 cm (2,4 mm si elle fait 60 cm) et ainsi de suite. Les réglages en hauteur concernent surtout un changement de munitions. Un réglage à + 2 cm à 50 m vous autorise un point visé/point touché quasiment sur toute la plage des distances autorisées par une visée ouverte.

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