La RWS Driven Hunt à l’épreuve du terrain

L’an dernier, RWS a sorti la Driven Hunt, balle sans plomb vouée aux battues, la nouveauté munition de l’année sans aucun doute. Après une saison, notre expert Dominique CZERMANN nous livre ses impressions sur cette balle qu’il a pu essayer en 300 Win Mag.
L’interdiction du plomb qui s’annonce pousse les fabricants à développer des balles en cuivre ou en alliages cuivreux. La battue impose des contraintes différentes spécifiques. Depuis 25 ans, SOLOGNE et THIFAN offrent deux balles sans plomb conçues pour cette chasse. Aucun fabricant n’a essayé de leur emboiter le pas, hormis RWS dont la Driven Hunt est la troisième balle dédiée à la chasse collective.

CAHIER DES CHARGES D’UNE BALLE DE BATTUE
Lorsque le tir est placé, n’importe quelle balle qui atteint les « vitaux » tue. Plus ou moins vite, avec plus ou moins de dégâts à la venaison, mais elle tue. Toutefois, en battue, les tirs sont souvent « imparfaits » et, dans ce cas, une balle adaptée peut aider. RWS désirait depuis longtemps une balle qui fasse ce que font les GPA et FIP : sécher le gibier, ou du moins limiter au maximum les distances de fuite, tout en offrant un écoulement sanguin important pour faciliter une recherche.

LES BIONIC POUR GIBIERS LOURDS ET GIBIERS LÉGERS
À partir de 2003, pendant plus de 10 ans, RWS va travailler sur deux projectiles cuivre : les Bionic Yellow et Black. Les ingénieurs développent une balle pour les gibiers de petite taille, faiblement résistants et une autre pour des gibiers lourds et solides. Leurs principes diffèrent : pétalisation rapide pour la Yellow pour gibiers légers, expansion contrôlée et forte pénétration pour la Black (les noms viennent de la couleur des coiffes polymères). L’idée n’est pas mauvaise en soit, mais pour diverses raisons les résultats ne sont pas à la hauteur. Peu commercialisées, les Bionic disparaissent discrètement.

HIT PARADE
RWS compense leur arrêt par la HIT, une Barnes revue à l’allemande. RWS décide de concevoir une balle qui offrirait des performances optimales en chasse collective, combinant pénétration, expansion, une forte transmission d’énergie tout en limitant au maximum les dégâts à la venaison.

Après consultation de chasseurs, RWS rejette l’idée d’un projectile à fragmentation. L’expansion doit commencer rapidement, être violente mais le projectile doit travailler en profondeur. La sortie de la balle doit être garantie.

Comme sur la Star, les gorges de délestage larges et profondes réduisent la surface en contact avec l’âme, ce qui permet de contrôler la montée des pressions plus élevées qu’avec une balle chemisée. Le rebord tranchant n’est pas conservé.
IMPORTANTE SURFACE FRONTALE
La balle possède une ogive courte, presque hémisphérique, qui offre une importante surface à l’impact, ce qui facilite l’expansion. La cavité temporaire créée par la libération d’énergie peut accroitre la létalité de la balle. Mais il faut garder en tête que la mort rapide survient à la suite d’une violente hémorragie ou la rupture de la transmission de données entre le cerveau et les organes, donc le placement de la balle reste décisif.

Avec sa masse raisonnable, sa coiffe arrondie en polymère orange, percée d’un petit orifice sensé faciliter l’expansion combinée à une longue cavité d’expansion (40% de la longueur de la balle), la Driven Hunt garantit un énorme transfert d’énergie à l’impact, une pénétration en profondeur et un canal lésionnel permanent conséquent pour la mort rapide du gibier.

LA PRÉCISION SECONDAIRE
La Driven Hunt possède un arrière « boat tail »* dont on pourrait se passer. RWS évoque ce choix pour la précision et la conservation de la vitesse. Parfois le marketing l’emporte sur la technique. Ce profil n’a rien à voir avec la précision aux distances usuelles, le coefficient balistique plus élevé n’a aucune utilité pour ce type de balle. Je pense que ce « boat tail » facilite le chargement en usine avec les machines automatiques.

LE COMPROMIS DES CALIBRES
La Driven Hunt est disponible en 308 Win, 30-06 et 300 Win Mag, Les 3 munitions emploient la même balle ce qui implique un compromis pour garantir l’efficacité, tant en 308 Win, qu’en 300 Win Mag. La Driven Hunt possède une vitesse inférieure à celle d’autres balles de 10,7 g de la même marque. Un choix dicté à la suite de tests en usine et sur le terrain. Elle respecte les règlements cynégétiques d’Europe centrale et du nord en termes d’énergie résiduelle à 100 m. Entre le 308 Win et le 300 Win Mag la distance d’utilisation optimale s’accroit de 100 m, le 30-06 occupant la ligne médiane. Destinée aux tirs de battue contenus dans la zone des 150 m, avec des exceptions à 200 m (battues de montagne ou monteria) la Driven Hunt offre des DRO +4 cm de 150 m pour le 308 Win et le 30-06 et environ 170 m en 300 Win Mag, basées sur les vitesses en canon de 60cm pour les munitions standard et de 65 cm pour le magnum.

SUR LE TERRAIN, MISSION ACCOMPLIE
AMMOTEC m’a fourni quelques Driven Hunt en 300 Win Mag que j’ai testés dans une RUGER 77, une MERKEL SR1 et une BROWNING Maral. La précision est excellente.

Je n’ai pu mesurer les vitesses mon chrono étant hors service. Les animaux touchés entre 25 et 35 m sont morts avec des distances de fuites nulles ou inférieures à 10 m. Les balles n’ont pas été retrouvées. La découpe montre que les Driven Hunt respectent au maximum la venaison.

EFFICACE ET PLUS SÛRE ?
L’interdiction du plomb et la prépondérance des battues devraient conduire d’autres fabricants européens à s’intéresser aux balles spécifiques pour les battues. RWS propose enfin la troisième balle du marché pour chasses collectives. Le groupe AMMOTEC devrait se pencher sur les chargements Short Rifle ou Silencer avec ces balles, vu la prépondérance des canons de 47 à 53 cm des carabines de battue. C’est ce que j’aurais proposé en premier, si j’avais été en charge du développement ou du marketing. Une dernière remarque, perdant rapidement de l’énergie et chutant plus vite, ces Driven Hunt ne seraient-elles pas un peu plus sécuritaires que nombres de projectiles employés aujourd’hui ?
* queue de bateau
Crédit photos : Dominique Czermann et RWS HUNTING