La bonne souille

Simple lieu attractif, ou outil de gestion, la souille s’appuie sur des besoins naturels de nos ongulés sauvages (sanglier, cerf… ). Elle fait partie des incontournables de tout territoire de chasse bien géré.
Les chasseurs impliqués savent précisément où se trouvent les souilles de leur territoire. Au même titre que les remises, ou les zones de gagnages, elles sont un lieu de passage courant dans les déplacements des sangliers, et grands cervidés. Les chevreuils, eux, ne les fréquentent pas.

LIEU À TOUT FAIRE, MAIS PAS POUR TOUS
Bain pour se rafraîchir en pleine chaleur, spa pour ces cerfs essoufflés par le brame, ou onguent déparasitant pour les suidés, la souille est précieuse pour nos grands gibiers. Mais pas seulement. Elle reste un point d’eau profitable à toute la faune, gibier ou non. C’est aussi pour cela qu’il convient de ne pas abuser des produits attractants dans l’eau.

COMMENT CRÉER UNE SOUILLE
Parfois naturelle, il est cependant assez facile de la créer, à condition d’avoir la texture de sol adéquate. L’argile est nécessaire, ou à défaut un sol limono-argileux, afin de conserver l’eau. Un sol sableux ou rocailleux est trop drainant pour cela. Cette argile n’est pas forcément en surface. Mais du moment qu’on peut aller la chercher, même à une cinquantaine de centimètres de profondeur, elle permettra la création de cette piscine naturelle, du fait de son imperméabilité. Par ailleurs, les animaux recherchent surtout la boue constituée d’eau et des particules fines d’argile ; dans le cas contraire, ils iraient simplement se tremper dans un point d’eau (étang, mare, rivière…). Cet emplâtre de boue a de réelles vertus, asphyxie les parasites, en plus de rafraichir et soigner la peau.



Quitte à la créer, autant la raisonner. Placée en bas de pente, elle recevra l’eau d’écoulement. En sous-bois plutôt qu’à découvert, l’évaporation sera moindre, et les animaux plus sereins pour la visiter avant la nuit. Son emplacement à proximité des zones de remise favorisera la fixation des animaux, en augmentant l’attractivité du lieu. Attention cependant à la législation locale, liée au territoire (forêt domaniale, bail de chasse…) ou au département (Schéma Départemental de Gestion Cynégétique), qui peuvent donner des restrictions quant à leur implantation, ou l’utilisation d’attractants.
PLANTATION DE NOVEMBRE À MARS


AVEC OU SANS ATTRACTANT ?
La création est assez simple. À l’huile de coude et à la pioche, de manière à révéler l’argile, et y rajouter ou attendre l’eau nécessaire. Un attractif type Plux ou Crud d’ammoniac finira de convaincre les suidés de s’y plonger et de l’agrandir. Une autre solution consiste à creuser à la barre à mine des trous verticaux proches et profonds, et d’y jeter à l’intérieur quelques poignées de maïs.

Le sol sera défoncé par les sangliers eux-mêmes. Si, par période sèche, il sera peut-être nécessaire de rapporter de l’eau, il sera tout aussi opportun d’en évacuer en plein hiver s’il y en a trop. L’objectif, c’est la boue.

LA SOUILLE : POINT INFORMATIONS
La souille permet de récupérer pas mal d’informations sur la fréquentation du territoire, en nombre et en qualité. Sous réserve de ne pas la visiter trop souvent, facteur d’effarouchement par les odeurs humaines laissées. La texture argileuse est idéale pour observer les traces et volcelests* des animaux venus se souiller, estimer leur nombre et leur gabarit. Par ailleurs, les houzures** donnent d’autres indications précieuses sur la taille des sangliers, leur sexe (grâce aux estafilades données sur l’écorce par les défenses), une fois le bain terminé.
Enfin, il suffit d’observer finement les graminées dans les coulées au sortir de la souille pour déterminer la direction de remise ; les petits dépôts de boue et autres traces grisonnantes sur les feuilles attestent du passage. Cela mérite bien un peu de terrassement.



* Volcelests : traces du pied de l’animal.
** Houzures : traces de boue laissées par le sanglier sur les troncs d’arbres auxquels ils se frottent.