Maïs, le pouvoir des grains

Maïs, le pouvoir des grains

Un champ de maïs, ou quelques bandes de culture à gibier électrifiées laissées sur pied, permettent de nourrir le petit gibier toute l’année. Mode d’emploi.

Les gardes-chasse le constatent, il est de plus en plus difficile de conserver sur pied des bandes de culture, pourtant indispensable au nourrissage du petit gibier. D’une part le nombre de chasseurs n’a eu de cesse de baisser engendrant une diminution de la pression de chasse, et d’autre part le développement important des populations de sangliers devient préoccupant car elles ne cessent de ravager les aménagements.

Maïs, le pouvoir des grains : photo 2
Charles-Henry, garde-chasse à Salbris (41), veille scrupuleusement à créer des bandes de cultures électrifiées chaque saison.

Le maïs est tout particulièrement apprécié des suidés, notamment lors des semis en avril/mai, puis au stade laiteux du développement du grain, généralement en début de saison de chasse. Colza, seigle et autres céréales subissent également des dégâts. Sans électrification, les cultures sont rapidement ravagées et le petit gibier ne trouve plus de quoi s’alimenter l’hiver.

Maïs, le pouvoir des grains : photo 3
Maïs, le pouvoir des grains : photo 4
Maïs, le pouvoir des grains : photo 5
Au fur et à mesure de l’avancée de l’hiver, les pommes de maïs se retrouvent naturellement au sol. Sans électrification, les sangliers et cervidés ne laissent aucun grain pour nourrir le petit gibier.

Facile à installer, la clôture électrique est un excellent moyen de protection des cultures. Elle s’adapte aux rotations de l’assolement et permet de protéger les semis de maïs, les bandes de céréales et toutes les cultures à gibier. Sa souplesse d’installation permet de créer des clôtures adaptées aux différents prédateurs, et qui plus est, elle peut aisément être déplacée selon les saisons. Les fils tendus offrent une barrière mécanique et optique. Si un sanglier touche la clôture, il reçoit un choc électrique sans danger, mais suffisamment désagréable pour que le déprédateur fasse demi-tour, et se souvienne de l’obstacle.

EXEMPLE D’UN SYSTÈME ÉLECTRIFIÉ

Switchgrass, l’herbe à sanglier : photo 3
Jeunes plants de switchgrass.

Un système de clôture électrifiée est composé de :

  • Un électrificateur qui délivre régulièrement des impulsions dans les fils électriques, comme par exemple le Clovert S40 (250 €) de la marque LACMÉ, branché sur secteur, ou le Clovert B13 (285 €) équipé d’une batterie à laquelle on peut ajouter un panneau d’énergie solaire de 7 watts (125 €) qui recharge la batterie. La marque AKO propose également de très bons produits.
Maïs, le pouvoir des grains : photo 6
Le Clovert B13 solaire de LACMÉ.

  • Des piquets mobiles (2 €) de 80/100 cm de hauteur, à planter tous les 10 m. Également quelques piquets permanents en bois, aux angles et munis d’isolateurs, afin d’isoler le courant de la terre (40 € les 100 isolateurs à visser aux poteaux).
  • Une prise de terre de 1 m en acier galvanisé, plantée dans un endroit humide (13 €).
  • Trois à quatre fils qui transportent le courant, en boucle fermée ou non, à 20 cm, 40 cm, 60 cm et 75 cm du sol. Le plus haut étant de préférence un ruban blanc, qui est à la fois bien visible et produit un peu de bruit en cas de vent. Une bobine de 500 m de câble acier LACMÉ 7 brins vaut 28 €, et un ruban blanc électrifié EasyStop de 200 m est à 15 €.

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Choix d’un électrificateur chez LACMÉ selon la taille du champ à protéger et de la source d’énergie (secteur ou accu/pile).

ENRICHIR SES CULTURES

Lorsque l’on parle de l’alimentation du petit gibier, on évoque souvent l’agrainage, mais rien n’empêche le gestionnaire d’installer quelques agrainoirs de type seau muni d’une trémie, au milieu des bandes de maïs. Ces installations seront très appréciés des faisans et perdrix, surtout en début de saison, avant que les épis de maïs ou les têtes des tournesols ne tombent au sol. Au demeurant, ces agrainoirs ne seront pas retournés et saccagés par les sangliers, puisque l’électrification les protégera.

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L’agrainoir, ici rempli de blé, est un des incontournables du chasseur de petit gibier aménageur.

Par la suite, le chasseur gestionnaire peut enrichir les céréales de bandes d’arbustes à baies qui dispensent fleurs, verdure et fruits. Cela dessine un paysage, dans lequel la vie peut se développer. Parmi les essences, citons les prunelliers, sorbiers des oiseaux, aubépines, argousiers, genévriers, ronces, muriers sauvages, sureaux etc. L’idéal est de devenir un jardinier paysagiste biotique*.

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Un champ de maïs électrifié et laissé sur pied attire les pigeons ramiers d’octobre à juin !

* Biotique : se dit des facteurs liés à l’activité du vivant, et agissant sur la distribution des espèces animales et végétales d’un biotope.

COUVERT, MAIS PAS QUE

Si le switchgrass est considéré comme couvert à gibier, et non comme culture alimentaire, la réalité est plus nuancée. La quantité de biomasse produite chaque année est importante. Non récoltée, la paille finit par se casser, tomber au sol, et créer au fur et à mesure du temps une couche de matière organique au pied des touffes vertes en végétation. On obtient le même résultat, plus rapidement, par un broyage de la paille avant repousse, en avril. Ces résidus de paille, de feuilles sèches, s’accumulent puis se dégradent jusqu’à créer une litière riche en invertébrés (vers, insectes…), denrée recherchée par les perdreaux, faisandeaux, mais aussi les sangliers.