La bonne météo pour le gibier
Vagues de chaleur précoces et orages se succèdent en ce printemps et début d’été, interrogeant tous les Français sur la météo de leurs futurs congés. Les chasseurs y voient surtout des craintes ou des raisons d’espérer. Petites revues des conditions climatiques et de leur impact sur le gibier.
LA SÉCHERESSE
Il va falloir s’y habituer, mais manifestement les périodes de sécheresse sont de plus en plus fréquentes sous nos latitudes. Pour la nature en général, les sécheresses hivernales sont les plus préoccupantes car l’hiver est normalement la période où les réserves d’eau se reconstituent. L’an dernier, de nombreuses régions n’ont pas connu la moindre goutte de pluie de février à août. Cette année, à l’inverse, il a souvent fallu attendre mars pour connaître les premières averses trop tardives pour recharger les nappes phréatiques. Pour le gibier à plumes, la sécheresse printanière et estivales passe pour être plutôt positive. 1976, sécheresse historique, est souvent citée pour être une des dernières très grandes années pour la reproduction de la perdrix grise. La chaleur qui l’accompagne souvent est en effet bénéfique aux insectes qui compose l’essentiel de leur alimentation, ainsi qu’à la survie directe des jeunes oiseaux qui ne luttent pas pour se réchauffer.
LA CANICULE
Sécheresse ne veut pas forcément dire chaleur. Certains mois de mai très secs connaissent aussi des gelées matinales qui sont préjudiciables aux œufs et oisillons. Aussi, comme nous l’avons écrit juste avant, la chaleur est en général bénéfique à toutes les espèces qui n’ont pas besoin de dépenser beaucoup d’énergie pour maintenir leur chaleur corporelle. Mais, comme en toute chose, il ne faut pas d’excès. Des chaleurs soutenues qui dureraient trop longtemps affaibliraient les animaux qui auraient, cette fois, du mal à contenir leur température corporelle. Leur besoin d’hydratation pourrait être contrarié par l’asséchement des points d’eau et des rosées matinales. La création d’abreuvoirs, d’ordinaire superflue, trouve tout son sens lors de véritables canicules.
LES ORAGES
On entend souvent qu’un temps orageux est bon pour le gibier, à condition que les orages qui l’accompagnent ne soient pas violents. En effet, les périodes orageuses se caractérisent par un temps chaud et une forte hygrométrie qui favorisent les insectes, et les pluies assurent une abondante végétation, toutes choses bénéfiques à l’ensemble des espèces animales. Cependant, si les précipitations sont trop violentes, et s’accompagnent de bourrasques, voire de grêle, les destructions, ruissellements et coulées de boue qu’elles provoquent peuvent directement détruire les nids et les jeunes animaux.
LA PLUIE
À l’inverse des orages, les pluies plus modérées et durables dans le temps, qui accompagnent des perturbations océaniques, peuvent avoir des effets bénéfiques. Certains observateurs rapportent que les années pluvieuses favorisent les mammifères, faons de chevreuils, levrauts et lapereaux, en améliorant la disponibilité en végétaux riches, et donc en nourriture. Ceci favorise une bonne lactation des mères et garantit un sevrage dans de bonnes conditions pour les jeunes s’émancipant. Mais, si elles sont continues et s’accompagnent de températures basses, ces pluies provoqueront au contraire une surmortalité parmi les jeunes de toutes les espèces. Idéalement, il faudrait que ces pluies soient suivies d’un ensoleillement suffisant et de vent pour que les sols ressuient rapidement.
LE FROID
En hiver, le froid même sévère n’est pas un problème. Les animaux, tous adultes à cette période, sont robustes et, contrairement à certaines idées reçues, la mortalité hivernale du gibier est très faible en France. En revanche, un froid printanier et estival est préjudiciable aux couvées et jeunes animaux, particulièrement s’il est aggravé par des pluies. Il est plus difficile pour les poules de maintenir les œufs à bonne température, les jeunes ont du mal à maintenir leur température corporelle, les insectes sont peu abondants induisant un manque de ressources alimentaires pour les oisillons.
Ainsi, le temps idéal pour espérer un petit gibier abondant à l’ouverture de la chasse est un temps chaud mais non caniculaire, agrémenté régulièrement de pluies modérées, elles-mêmes suivies d’un bel ensoleillement. Somme toute le temps idéal du jardinier et de tout un chacun !