Finalement, le loup progresse encore et toujours

Finalement, le loup progresse encore et toujours

Cet été, un chiffre a mis en émoi les amis et ennemis du loup. L’OFB a annoncé qu’il y avait 906 loups en France, contre 921 l’an dernier. Confrontés aux attaques du prédateur, les éleveurs ont contesté ce chiffre, les associations pro-loup y ont vu une catastrophe, exigeant l’arrêt des tirs autorisés afin de sauver une espèce à nouveau sur le déclin. Problème : le chiffre n’était pas le bon.

Au 5 septembre, soit deux mois après cette annonce prématurée, l’OFB a révisé ces données pour avancer 1104 loups. D’une population en baisse et à la dynamique menacée, nous passons à une espèce conquérante ayant dépassé depuis longtemps le chiffre plafond des 500 loups fixé dans le dernier Plan national loup (2018-2023) et censé assurer la viabilité de la population française. Pendant tout l’été, les médias ont relayé l’information initiale incrustant dans les têtes cette petite musique d’un loup en péril. Au moins auraient-ils pu relativiser la « gravité » de la situation en supposant que, vu la difficulté à compter les loups-ce n’est pas un inventaire d’épicerie-, cette baisse de 1,6% était dans la marge d’erreur et que la population pouvait désormais être considérée comme stable.

Le loup progresse encore et toujours : photo 2
Le chiffre officiel des loups en sortie d’hiver a été réévalué de 906 loups à 1104.

Mais non, selon eux l’atteinte à la biodiversité était constituée, il fallait immédiatement cesser les tirs de défense, autorisés pour protéger les troupeaux. Justement, les éleveurs n’étaient pas satisfaits non plus, trouvant étrange la permanence des attaques et l’expansion spatiale du canidé, désormais observé un peu partout en France, au regard du décompte officiel. Cette fois, le chiffre annoncé révèlerait une hausse de près de 20% en un an. De quoi légitimement inquiéter les éleveurs et réjouir les pro-loup. Les chiffres sont toujours à examiner avec recul, mais ceux-ci semblent justifier une inflexion du discours officiel. Le nouveau plan loup (2024-2029), semble incliner d’une priorité donnée à la sécurisation du retour du canidé vers la sauvegarde de l’élevage, et des intérêts économiques mais aussi écologique du pastoralisme.

Le loup progresse encore et toujours : photo 3
Si les chiens de protection des troupeaux sont utiles, ils constituent aussi un risque pour les promeneurs.

Au niveau européen, la possibilité de l’évolution du statut du loup à celui d’une vache sacrée fait son chemin. Les écologistes médiatiques ont cru bon de pointer une vengeance personnelle d’Ursula Von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, dont le poney avait été bouloté par un loup. Il n’est en effet pas impossible que ce drame familial ait pu agir comme une prise de conscience et reconnecter au réel la présidente européenne. Mais, permettre de tirer plus aisément les loups qui posent problème n’éradiquerait pas l’espèce. Depuis Charlemagne et la louveterie, Il a fallu, à nos ancêtres, plus de 1000 ans d’une lutte à mort pour se débarrasser du loup.

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Gravure du XVIIIème siècle représentant des paysans s’attaquant à la bête du Gévaudan.

De plus, ce n’est pas parce que vous écrasez le moustique qui vous pique que vous cautionneriez l’éradication de l’espèce au DDT. Aussi bien en France qu’en Europe, le loup est sauvé. Une régulation efficace ne serait donc plus totalement utopique. Confrontés au réel, les décideurs européens et français seront contraints d’évoluer.

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Présence officielle du loup en France selon l’OFB.